ALPHÉRAN Cyprien, Marius

Par Jacques Girault

Né le 19 septembre 1895 à Rians (Var), mort le 13 juin 1959 à Rians ; instituteur ; militant syndicaliste du Var.

Fils d’un garde de canal, Républicain, Cyprien Alphéran reçut les premiers sacrements catholiques. Après avoir suivi les cours de l’école primaire supérieure de Lorgues, il entra à l’École normale d’instituteurs de Draguignan en 1911 et fut nommé à Barjols en octobre 1914. Mobilisé peu après dans l’infanterie, téléphoniste et agent de liaison, au front pendant toute la Première Guerre mondiale, il fut blessé et fait prisonnier au printemps 1918. Marié en août 1921, il exerça comme instituteur à Rians (1919-1921), à Esparron (1921-1926), à Pignans (1926-1933, directeur), à Toulon (Mourillon puis Saint-Roch), à Ollioules (1935-1940, directeur), puis à nouveau à Toulon comme directeur (Claret, 1940-1943, Saint-Roch, 1943-1946, Dutasta, 1946-1952, école de vingt-deux classes). Il exerça à la Libération l’intérim de l’inspecteur primaire (1945-1946).
Selon la Préfecture, Cyprien Alphéran était, au début des années 1920, secrétaire de la section communiste de Rians. Membre du Parti communiste et de la Fédération CGTU de l’enseignement jusqu’en 1926, il votait par la suite régulièrement pour les candidats communistes. Il devint, selon Florentin Alziary, une « cheville ouvrière » de L’Ecole émancipée. Coopérateur, il participait à l’assemblée générale de l’Union des coopérateurs du Var en avril 1923.
La 6 mars 1924, Alphéran, alors en poste à Esparron, donnait son accord à Alziary pour la création d’un groupe de jeunes rattaché à l’Association française pour l’amélioration de la science, expliquant que « les jeunes ne sont pas suffisamment préparés à leur métier d’éducateur et à leur devoir de syndicaliste ». Le groupe se transforma, le 15 mai 1924, en section pédagogique varoise qui regroupait syndiqués et non syndiqués.
Deux ans plus tard, se posa la question d’adhérer l’Union générale des instituteurs du Var, section du Syndicat national. Il ne faisait pas partie du SN qui ne lui paraissait pas « assez qualifié pour défendre les intérêts des jeunes ». En revanche, il pensait que la Fédération unitaire de l’Enseignement « a le droit à la reconnaissance des jeunes ». Après que les membres de la section pédagogique varoise eurent décidé par référendum d’adhérer au Syndicat national, il écrivit à Alziary, le 30 mars 1926, pour lui confier la « pénible alternative » où il se trouvait. Il précisait sa pensée, le 21 avril 1926 : « Je suis [...] un partisan sincère de l’Union entre les deux fédérations : par-dessus et même contre les chefs si ceux-ci y mettent trop de mauvaise grâce ». Il adhéra néanmoins peu de temps après au Syndicat national.
Quand Alziary lança un appel pour l’unité en janvier 1927, Alphéran donna son accord. Il signa, en mars, l’appel envoyé au Syndicat National pour une seule fédération, une seule CGT et une seule Internationale. Il écrivait notamment :
« En dressant à côté de l’Internationale existante une deuxième Internationale, le SN fait, en effet, de la mauvaise besogne ; j’allais écrire une mauvaise action. Je suis pour l’Unité intégrale par-dessus et même contre les chefs s’il le faut ».
Instituteur à Pignans, il répondit négativement à la proposition d’Alziary de faire partie du conseil d’administration de la section syndicale, le 7 mars 1928, affirmant qu’il avait « trop d’occupations ».
En poste à Ollioules, habitant Toulon, Alphéran, le 24 octobre 1938, devint membre de la commission des fêtes et secrétaire de la commission pédagogique du syndicat. Il participait, en outre, à de nombreuses activités sportives (football) et laïques. Mobilisé au début de la guerre, il s’opposa au régime de Vichy et aida la Résistance.
À la Libération, Cyprien Alphéran retrouva son siège au conseil et au bureau du syndicat, participant aux travaux de la commission administrative et, à partir de septembre 1946, de la commission pédagogique. Responsable du groupement d’achat en 1948, il vota la mise en demeure aux dirigeants du syndicat de quitter le bureau de la FEN-CGT (13 mai 1948). Il fut réélu au conseil syndical en novembre 1949 sur la liste « pour un syndicalisme indépendant et constructif ». Tout en continuant à siéger à la commission pédagogique, il fut le secrétaire de la commission administrative jusqu’en janvier 1952.
À la fin de 1951, Alphéran remplaça l’inspecteur primaire Aimé Daumas, décédé, pendant deux années. Cyprien Alphéran fut enterré civilement.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article9953, notice ALPHÉRAN Cyprien, Marius par Jacques Girault, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 14 décembre 2017.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Dép. Var, 4 M 59.4.1. — Arch. Coop. du Midi. — Presse corporative. — Renseignements fournis par Madame Silbermann, fille de l’intéressé.

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