LI Changgui 李长贵

Par Alain Roux

Un des trois dirigeants de la grande grève de la BAT de Pudong (Shanghai) de l’hiver 1927-1928.

Un des trois dirigeants de la grande grève de la BAT de Pudong de l’hiver 1927-1928. ( voir *Chen Peide et * Gu Ruofeng)
D’après le North China Daily News du 22 décembre 1931 c’est un ancien du Syndicat Général de Shanghai fondé par le PCC après 1925. Le gongtong en aurait fait le président du syndicat en pleine terreur blanche. C’était sans doute un gonggunzi , un de ces syndicalistes-voyous très nombreux à Pudong et membres des réseaux mafieux de la Bande Verte de Du Yuesheng.
Le départ de Shanghai pour Wuhan dans les des derniers jours de novembre 1927 des soldats de la clique du Guangxi qui soutenait le gongtong l’ayant affaibli, Li Changgui espérait retrouver son influence en s’en prenant à Gu Ruofeng qu’il accusa à la fin novembre de malversation dans la gestion des fonds de grève dont il était responsable. Mal lui en prit : Gu Ruofeng était, lui aussi, un disciple de Du Yuesheng, mais il avait aussi noué des relations avec les « jeunes turcs » du GMD proches de Chiang Kaï-sheck qui avaient pris la direction du dangbu. Bien que détenu dans les locaux du syndicat, Gu Ruofeng put rapidement passer à la contre-offensive : le 30 novembre il dénonça Li Changgui comme communiste et une descente de soldats de la garnison dans son appartement où se tenait une réunion y découvrit ( ?) de la litterature communiste. Li Changgui fut arrêté, jugé à Nankin en février 1928 et condamné à 3 ans et 50 jours de prison pour « propagande communiste ». En ces temps de terreur blanche, la modération de la sentence fait penser qu’il avait été victime d’une provocation. D’ailleurs, sitôt libéré, il reprit des activités au syndicat de la BAT. Il fut le seul délégué du syndicat de la BAT à participer le 19 décembre 1931 au congrès de fondation de la fédération du nord du Syndicat Général de Shanghai convoqué par Zhu Xuefan* et Lu Jingshi*. Deux jours plus tard, le 21 décembre, il céda à ses vieux réflexes de voyou des quais de Pudong en faisant mettre à sac par une centaine d’ouvriers les locaux du syndicat qu’il accusait de trahir l’accord de février 1928. Ce qui lui valut une nouvelle arrestation. On le retrouve dans des grèves partielles en juillet et en août 1932, puis il disparaît. Il est peu vraisemblable que ce soit lui le président du syndicat des garçons de bains publics enregistré au Syndicat Général de Nanshi protégé par les Japonais et Wang Jingwei en août 1940, même si son nom est écrit avec les mêmes caractères. Certes, son ennemi Gu Ruofeng était entre temps devenu un homme de Lu Jingshi et un partisan de Chiang Kaï-sheck, mais un tel retournement en faveur de Wang Jingwei paraît très peu probable de la part de quelqu’un qui avait été « nordiste » en décembre 1931.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article207031, notice LI Changgui 李长贵 par Alain Roux, version mise en ligne le 1er octobre 2018, dernière modification le 5 novembre 2022.

Par Alain Roux

SOURCES : Roux, 1991, p. 180-184.

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