BILLIÈRES Étienne

Par Madeleine Rebérioux et Claude Pennetier

Né le 23 mars 1876 à Toulouse où à Saint-Cézert (Haute-Garonne) ; mort à Alger, le 3 février 1935 ; négociant ; maire socialiste SFIO de Toulouse.

Étienne Billières était encore enfant lorsque son père s’installa comme charpentier à Saint-Cyprien, quartier de Toulouse. Élève à l’école Lespinasse, puis à l’École primaire supérieure Berthelot, il apprit la sténographie. Il travailla d’abord à la maison Sirven avec le socialiste Albert Bedouce qui le gagna à ses idées. Plus tard, après son service militaire réalisé en 1897, il fonda avec sa femme une école de sténo-dactylo qu’il dirigea jusqu’en 1925. Il adhéra dès 1892, au Parti ouvrier français (POF) et suivit les guesdistes, sans toutefois se faire particulièrement remarquer jusqu’à la fondation du Parti socialiste de France. La police s’intéressa alors à la campagne active qu’il fit pour le docteur Bach contre le « citoyen Calvinhac » dans la 2e circonscription de Toulouse.

Facilitée par son instruction et par les voyages assez fréquents qu’il faisait à Paris pour ses affaires, sa carrière politique resta cependant quasi exclusivement toulousaine. Candidat aux élections municipales du 1er mai 1904, il échoua tout en ayant obtenu plus de 5 000 voix, mais il fut élu avec toute la liste socialiste le 18 février 1906 et il devint adjoint à l’état civil. Cette même année, il fut délégué au congrès national de la SFIO qui se tint à Limoges. Battu en juillet 1907 aux élections au conseil général, il le fut aussi en 1908 aux élections municipales, comme presque toute la liste socialiste. Mais il rentra au Capitole en 1912 et y retrouva la charge de l’état civil jusqu’en novembre 1919.

L’enseignement commercial et professionnel l’intéressa particulièrement, mais sa curiosité et sa culture étaient plus vastes. En juillet 1914, par exemple, il accepta de faire le cours sur la Commune à l’École socialiste qui devait s’ouvrir en novembre. Très attaché par ailleurs à son quartier natal de Saint-Cyprien, dont une grande artère porte aujourd’hui son nom, Étienne Billières était un homme assez sévère, peu « méridional » au sens traditionnel du mot.

Pendant la Première Guerre mondiale, il partit au front comme officier d’administration. Battu avec toute la liste socialiste aux élections municipales de novembre 1919, il fut élu maire en mai 1925 et réélu en 1929. Billières abandonna ses affaires et ses fonctions de professeur à l’École supérieure de commerce pour se consacrer à la gestion municipale. Il n’avait pas la sympathie des dirigeants communistes locaux qui le traitaient volontiers de « social-banquier » ; ainsi Jean Baby écrivait dans La Voix des Travailleurs, du 22 janvier 1927 : « Voilà les faits indiscutables : M. Billières, maire de Toulouse a été président du comité directeur d’une banque franco-italienne qui a fait faillite à la suite d’opérations malhonnêtes. » Cependant, après sa mort en février 1935, le même journal écrivit : « nous voulons surtout nous souvenir de son allocution, le 28 juillet 1934, devant la statue de Jaurès, son dernier appel, peut-on dire, en faveur de la lutte commune contre le fascisme et la guerre » (9 février 1935).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article100154, notice BILLIÈRES Étienne par Madeleine Rebérioux et Claude Pennetier, version mise en ligne le 3 novembre 2010, dernière modification le 5 septembre 2022.

Par Madeleine Rebérioux et Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Nat., F7/13082. — Bulletin municipal de Toulouse. — L’Églantine, organe socialiste de la région de Saint-Gaudens, 1913-1914. — Le Midi socialiste, 1908-1935, principalement, le n° du 4 février 1935. — La Voix des Travailleurs, 1927, 1935.

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