DAUDRUMEZ Désiré, Constant

Par Justinien Raymond

Né le 12 décembre 1869 à Paris ; mort le 5 juin 1939 à Armentières (Nord) ; ouvrier tisseur ; militant syndicaliste, socialiste, coopérateur et rationaliste.

Daudrumez fut délégué aux congrès nationaux du POF à Lille (1896), Epernay (1899), Roubaix (1901) et Issoudun (1902). En 1899, au premier congrès général des organisations socialistes françaises à Paris, salle Japy, il portait les mandats de plusieurs organisations adhérentes du POF : le syndicat des peintres d’Armentières, les groupes socialistes de Comines, de La Bassée, « l’Avant-garde » de La Chapelle-d’Armentières et le groupe n° 6 de Roubaix. Il participa, en 1900, au second congrès général à Paris, salle Wagram.

En mai 1900, au lendemain du succès de la liste de coalition socialiste et radicale-socialiste, Daudrumez fut élu maire d’Armentières, alors cité de 29 000 habitants. Il dut faire face aux grandes grèves du textile de 1903 qui attirèrent 20 000 hommes de troupe dans la région. « J’ai le souvenir de charges de cuirassiers dans la rue de Lille, sous nos fenêtres, et de ma mère pansant le pouce d’un gréviste blessé d’un coup de sabre », écrit M. Maurice Daudrumez, qui poursuit : « La banque Verley-Decroix, au coin des rues Sadi-Carnot et Bayard, est saccagée. On essaie à plusieurs reprises d’incendier l’église Notre-Dame, on met le feu à la maison d’un collecteur de loyers de maisons ouvrières surnommé Jésus-Christ, qui manque de peu d’être brûlé dans sa maison. Un soir, rue Notre-Dame et des Promenades (une seule rue portant deux noms), à un bout, des manifestants échauffés qui chantent, crient, lancent des pierres, à l’autre la troupe qui s’énerve et fait les sommations avant d’utiliser ses armes. Mon père, qui était en permanence à la mairie, est alerté, il accourt, s’avance entre les deux groupes dans l’obscurité (le gaz a été coupé), calme la troupe, parlemente avec les grévistes, les décide à rentrer chez eux : la crise est passée et la grève se terminera sans qu’il y ait mort d’homme, alors qu’à la même époque, dans d’autres villes, des incidents de violence moindre aboutissent à des pertes de vies humaines » (Souvenirs de M. Daudrumez).

Les grèves ont effrayé les modérés : aux élections de 1905, un glissement à droite se produit et l’industriel Chas succéda à Daudrumez comme maire. Ce dernier demeura cependant conseiller municipal jusqu’en 1910. Il fut alors battu, seul de la liste socialiste, sans doute à la suite de manœuvres à l’intérieur du Parti socialiste. Déjà, en 1902, aux élections législatives, il avait échoué contre le conservateur Dansette et un autre socialiste, Émile Sohier, maire d’Houplines. En décembre 1903, il avait quitté le POF.

En 1904, Daudrumez participa à la création d’une nouvelle société coopérative « La Paix » qui connut un beau développement, puis « La Fraternelle », coopérative de vins et liqueurs. En 1912, il quitta Armentières pour diriger une coopérative de vins et de liqueurs à Corbehem, près de Douai. En 1919 il revint à Armentières, la coopérative n’ayant pas survécu à la guerre, et il y ouvrit un petit magasin de conserves, de vins et de liqueurs.

Après le congrès de Tours (décembre 1920) Daudrumez opta pour le Parti communiste. Moins de trois ans après, il le quitta, milita quelques années au Parti socialiste-communiste et se présenta sans succès aux élections municipales de 1926. Ce fut son dernier acte politique. Sa santé s’altéra peu après. À sa mort, en 1939, il fut entouré du cérémonial de la Libre Pensée.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article108261, notice DAUDRUMEZ Désiré, Constant par Justinien Raymond, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 24 novembre 2010.

Par Justinien Raymond

SOURCES : Compte rendu des congrès socialistes. — Souvenirs communiqués par écrit, par M. Maurice Daudrumez, proviseur honoraire, fils de Désiré Daudrumez.

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