DECRAENE Alexandre, Jean dit Bernard

Par Daniel Grason

Né le 18 mars 1890 à Paris (XIVe arr.), mort le 2 septembre 1944 à Zwieberge (Allemagne) ; ouvrier typographe, clicheur ; déporté résistant.

Fils d’Émile Decraene, typographe, et de Julie Garnier, relieuse, Alexandre Decraene obtint à l’issue de l’école primaire le CEP. Il épousa Aimée Rambourg le 29 juin 1918 au Mans (Sarthe), un fils naquit en 1920. En 1922 la famille demeurait dans un logement de deux pièces avec cuisine 18 rue Philibert-Lucot à Paris (XIIIe arr.).
Il exerça la profession d’ouvrier typographe, fit le rapport sur les Assurances sociales au IIIe congrès de la Fédération CGTU du Livre-Papier, réuni à Marseille du 12 au 15 septembre 1928. Il fut élu à la commission exécutive fédérale. Decraene siégea à la CE de la CGTU de 1931 à 1936.
En 1937 il travailla en tant que clicheur au Journal Officiel, quai Voltaire à Paris (VIIe arr.), il devint membre de la commission technique des clicheurs de la Fédération du Livre. Alexandre Decraene connu comme militant communiste était estimé sur son lieu de travail et dans son voisinage.
Pendant l’Occupation allemande, Alexandre Decraene fit partie du triangle de résistants qui structurait l’organisation communiste, diffusait la propagande… André Tilmant en était le responsable politique, Alexandre Decraene, responsable aux masses et Louis Le Corre chargé de l’organisation. Des militants étaient chargés de l’activité dans les XIIIe, XIVe et XVe arrondissements.
Repéré, des inspecteurs de la BS1 des Renseignements généraux prirent André Tilmant en filature. Le 21 avril vers 16 heures 30, Alexandre Decraene était vu en conversation avec André Tilmant à l’angle des boulevards de Port-Royal et Saint-Michel, le même jour vers 18 heures avec Raymond Jacob boulevard de Grenelle. Le 28 avril vers 17 heures 45 de nouveau avec Jacob à l’angle de boulevard de Grenelle et de la rue Violet. Le 30 avril vers 16 heures 30 avec André Tilmant porte d’Orléans. Les policiers poursuivirent les filatures avant de procéder aux arrestations.
Le 8 août 1942 les policiers déclenchaient un coup de filet, Alexandre Decraene était appréhendé dans un pavillon qu’il possédait 62 avenue Jules-Jouy à Aulnay-sous-Bois (Seine-et-Oise, Seine-Saint-Denis). La police ne saisit rien à Aulnay, dans le logement du XIIIe arrondissement, deux brochures éditées par le parti communiste étaient découvertes… mais elles étaient antérieures au décret d’interdiction du parti communiste.
Lors des interrogatoires il nia toute appartenance au Parti communiste « pas plus qu’aux autres organisations relevant de la IIIe Internationale. J’ai été membre du Comité Fédéral de la Fédération du Livre. Actuellement je suis membre de la Commission technique de ma profession » déclara-t-il. En ce qui concernait les personnes notées dans les rapports de filatures de mai, il assura : « Il doit y avoir erreur, car je n’ai jamais fait de politique et depuis la guerre, je n’ai jamais appartenu à l’organisation clandestine communiste ». Le 14 septembre 1942, lors de la confrontation avec les inspecteurs, il affirma « J’ai rencontré une seule fois Tilmant au Parc Montsouris, vers la fin avril dernier et c’était tout à fait par hasard ».
Le régime pénitentiaire fut une dure épreuve pour Alexandre Decraene, qui maigrit beaucoup, il passa des examens médicaux, le docteur Paul l’examina. Celui-ci écrivit dans ses conclusions Alexandre « Decraene est atteint, depuis plusieurs années de toute une série de troubles gastro-intestinaux et hépatiques, en relation tout semble permettre de le penser, avec une intoxication chronique par le plomb, résultant de sa profession de stéréo-typeur ». Il recommanda que sa « détention préventive soit réduite au strict minimum ».
Alexandre Decraene fut déporté le 12 mai 1944 au départ de Compiègne à destination de Buchenwald (Allemagne), les deux mille soixante-treize déportés arrivèrent le 14 mai. Affecté au camp de travail de Zwieberge au creusement de tunnels, matricule 51036 il y mourut d’épuisement le 7 septembre 1944. Le ministère des Anciens combattants attribua à Alexandre Decraene la mention « Mort pour la France », il a été homologué membre de la Résistance Intérieure Française (RIF) et Déporté Interné Résistant (DIR). Par arrêté du 28 janvier 1944 le Secrétariat d’État aux Anciens combattants fit apposer sur son acte de décès la mention « Mort en déportation ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article108627, notice DECRAENE Alexandre, Jean dit Bernard par Daniel Grason, version mise en ligne le 30 avril 2016, dernière modification le 12 août 2016.

Par Daniel Grason

SOURCES : AN Z/4/65. – Arch. PPo. Carton 13 rapports hebdomadaires des Renseignements généraux. – Compte rendu du IIIe congrès de la Fédération unitaire Livre-Papier. — Renseignements fournis par Jean Charles. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – Bureau Résistance : GR 16 P 164025. – JO du 10 mars 1988. – État civil en ligne cote V4E 7007, vue 6. - Paul Chauvet. La Résistance chez les fils de Gutenberg dans la Deuxième Guerre mondiale. Paris : à compte d’auteur, 1979, p. 59.

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