DURRE Henri [DURRE Théodore, Henri]

Henri Durre perdit son père à l’âge de deux ans. À dix-huit ans, il devint employé de commerce dans sa ville natale Maubeuge, puis s’établit comme représentant de commerce à Valenciennes. Il participa à la création du Parti ouvrier français à Valenciennes et à celle de nombreuses sections syndicales, en sa qualité de délégué du Comité fédéral du Parti ouvrier, et collabora à l’Avenir de Valenciennes. Il fut délégué aux congrès nationaux du POF de 1899, 1900, 1901 et 1903, restant fidèle au POF, malgré sa volonté d’entente avec les autres sections socialistes ; en 1900, il protesta contre la motion de blâme à l’égard de Millerand.

Conseiller municipal de Valenciennes en 1900, conseiller d’arr. en 1901, Henri Durre se présenta comme candidat socialiste aux élections législatives de 1902 dans la 2e circonscription de Valenciennes contre le député sortant radical-socialiste Lepez, mais, arrivé en troisième position au premier tour, derrière le conservateur Thellier de Poncheville et Lepez, il se désista en faveur de celui-ci, assurant ainsi la réélection du député sortant. Lors des élections législatives de 1906, la situation s’inversa : au premier tour, le 6 mai 1906, Thellier de Poncheville arriva en tête avec 7 357 voix sur 19 744 votants, mais suivi de peu par Durre avec 6 766 voix, Lepez n’arrivant qu’en troisième position avec 5 385 voix. Lepez s’effaçant, Henri Durre fut élu largement au second tour le 20 mai 1906 avec 10 871 voix contre 8 190 à Thellier de Poncheville, sur 19 145 votants. En 1910, Henri Durre perdit son siège de député : au second tour, il n’obtint que 9 762 voix contre 10 584 à Davaine, sur 20 786 votants. Il représenta peu après le canton de Valenciennes-nord au conseil général, dont il devint le secrétaire de 1913 à sa mort. Dès le premier tour du scrutin législatif, le 26 avril 1914, Henri Durre retrouva son siège de député : il obtint en effet 12 323 voix sur 21 395 votants contre 7 117 voix à Davaine et 2 430 à Delcourt.

À la Chambre, Henri Durre s’inscrivit au groupe SFIO. Au Parlement comme dans sa circonscription, il se montra toujours un actif militant socialiste ; il a réprouvé l’anarchisme et l’antipatriotisme. Au cours de son premier mandat législatif, Henri Durre a appartenu à la commission des mines (1906) et, lors de son second mandat, aux commissions du commerce et de l’industrie (1914), des réparations des dommages causés par faits de guerre (1915) et des révisions des lois constitutionnelles (1916). Dans les deux cas, il intervint fréquemment à la Chambre, notamment au sujet des questions concernant les régions envahies au cours de la 11e législature.

En la fin d’octobre 1918, Henri Durre et son collègue Melin décidèrent d’aller rejoindre la région de Valenciennes en cours de libération, mais Henri Durre, qui avait épousé à dix-huit ans une Allemande et était partisan d’un rapprochement franco-allemand, fut tué près d’Anzin le 28 octobre 1918 par les balles de troupes allemandes en retraite (Melin, quant à lui, était seulement blessé au visage).