LABEYRIE Henri [LABEYRIE Jean-Baptiste, Henri]

Par Jean-Marie Guillon, Claude Pennetier

Né le 22 juin 1875 à Bordeaux (Gironde) ; mort le 8 novembre 1956 à Pantin (Seine) ; préposé à la Manufacture de tabacs et d’allumettes de Pantin ; militant socialiste puis néo-socialiste ; maire de Pantin (1938-1944).

Fils d’un marin de Bordeaux, Henri Labeyrie, orphelin de père très tôt, fut élevé par sa mère et, après la mort de celle-ci, par une soeur aînée qui travaillait à la Manufacture de tabacs de Bordeaux. C’est grâce à l’intervention du directeur de la Manufacture qu’il put faire ses études au séminaire. Mais, il garda de cette période une hostilité à la religion et aux prêtres qui l’auraient traité en enfant pauvre. Entré à la Manufacture, il suivit le directeur lorsque celui-ci fut muté en région parisienne.


On ignore si cette installation se situe avant ou après son service militaire terminé en 1900. Toujours est-il qu’il était préposé à la Manufacture de tabacs de Pantin lorsqu’il se maria dans cette ville, le 28 septembre 1901, avec une cigarettière native de Pantin ; il devint bientôt chef de service. Entre 1902 et 1906 trois enfants naquirent, deux dans la commune et un à Bordeaux.

Militant à la CGT, il semble avoir été influencé un temps par l’anarcho-syndicalisme. Il était l’ami de Léon Jouhaux qui travailla pendant plusieurs années dans son service et qui aimait venir discuter avec lui pendant les pauses. Mais, admirateur de Jean Jaurès, il vint au socialisme vers 1905. Labeyrie entra au conseil municipal de Pantin en mai 1912.

Mobilisé pendant la Première Guerre mondiale, il combattit sur la Somme, à Verdun en 1916, puis en Champagne, tout en affirmant son accord avec l’Union sacrée. Ses papiers personnels permettent de le présenter à la fin de la guerre comme un partisan d’une « transformation évolutionniste « , un socialiste « idéaliste et révolutionnaire, positiviste et réaliste » (30 novembre 1918). Sa morale restait très traditionnelle : le 27 février 1916, écrivant à sa fille, de Verdun, pour lui faire ses demières recommandations, il prônait l’amour filial et considérait que dans le ménage le mari doit être supérieur à la femme en force, en volonté et en intelligence.

Après le congrès de Tours (décembre 1920), Henri Labeyrie se rallia à la majorité et adhéra au Parti communiste. Mais dès le 28 octobre 1922, il rompit avec cinquante-neuf militants locaux — dont Charles Auray* — pour rejoindre un peu plus tard l’Union socialiste communiste puis le Parti socialiste SFIO. Il avait été réélu conseiller municipal socialiste de Pantin, le 30 novembre 1919, sur la liste dirigée par Charles Auray. Réélu comme socialiste SFIO. Ie 3 mai 1925, il devint maire adjoint après le scrutin du 5 mai 1929.

Il se confond peut-être avec « Labeyrie », élu membre suppléant de la commission administrative du Populaire en 1932, sur la motion de la Seine. H. Labeyrie suivit Charles Auray lors de la scission néo-socialiste de 1933 et rejoignit le Parti socialiste de France, Premier adjoint à la suite des élections du 5 mai 1935, il accéda à la première magistrature municipale après le décès du maire le 31 janvier 1938.

Malgré son appartenance maçonnique au Grand Orient, Labeyrie fut maintenu dans ses fonctions de maire jusqu’en 1944. Ses successeurs accolèrent à son nom sur la plaque de marbre des maires de la ville une inscription manuscrite qu’il jugea injurieuse et qui fut enlevée en 1949. Henri Labeyrie vivait retiré à Ormesson. Ayant cessé toute activité politique il suivait avec attention et commentait par écrit la vie politique de la IVe République. Il laissa un manuscrit de trois tomes intitulés Histoire de la IVe République et quelques souvenirs personnels. La lecture de ces documents permet de découvrir un autodidacte « jaurésien », anticommuniste, peu tendre pour la Résistance, critique vis-à-vis de de Gaulle comme de Guy Mollet mais admirateur de Mendès-France.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article114864, notice LABEYRIE Henri [LABEYRIE Jean-Baptiste, Henri] par Jean-Marie Guillon, Claude Pennetier, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 6 janvier 2013.

Par Jean-Marie Guillon, Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Dép. Seine, DM3 ; versement 10451/76/1 ; versement 10441/04/2 ; listes électorales et nominatives. — État civil de Bordeaux et Pantin. — Lettre de Françoise Degert, archiviste de Pantin, 5 décembre 1980. — Témoignage de sa fille, Madame Lecourrieux. — Manuscrits d’Henri Labeyrie. — Renseignements recueillis par Michèle Rault et Nathalie Viet-Depaule.

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