LACOUR Léonard

Par Jean Maitron et Claude Pennetier

Né le 27 mars 1886 à Roziers-Saint-Georges (Haute-Vienne), mort le 11 janvier 1950 à Paris XIVe arr. artisan cordonnier à Montrouge ; militant communiste ; président de la Confédération du Petit commerce et de l’artisanat.

Fils d’un chef cantonnier, Léonard Lacour fréquenta l’école communale d’Eymoutiers (Haute-Vienne) de six à onze ans et obtint le certificat d’études primaires. Il se maria avec Marie-Louise Camuzat, fille d’une petit paysan de Nesploy (Loiret) qui avait également un fils devenu professeur d’anglais à Limoges, membre de la SFIO et franc-maçon dans les années 30. Il commença à travailler en 1897, « la misère des parents, dit-il dans son autobiographie de novembre 1932, les obligeant à [le] louer comme domestique de ferme ». Il fut ensuite maçon jusqu’à la guerre.

Avant 1914 et pendant la guerre, Lacour fut un militant anarcho-syndicaliste. Il appartint à divers groupes anarchistes de 1904 à 1912, notamment au groupe Temps nouveaux. Il lut un grand nombre de brochures anarchistes (Kropotkine, J. Grave, E. Reclus ). Membre pendant trois ans des Jeunesses syndicalistes, il milita au Syndicat de la maçonnerie (pierre) de 1905 à 1914 et fut membre de sa CE et délégué la propagande de 1910 à 1914. Il fut aussi trésorier pour la construction de la Maison des syndicats en 1914. Il participa aux grèves du bâtiment en 1905, 1906, et 1911. Plusieurs fois arrêté, il fut condamné à des peines de prison : trois mois en 1906 (45 jours effectués), un an en 1907 (9 mois effectués), un mois en 1910 à titre militaire, huit jours en 1911 et quinze en 1916 lors de la révolte militaire du Grand Palais. Il déserta en 1917 et devint cordonnier.

En 1920, il adhéra au Parti communiste à la cellule 557 à Montrouge. Il était inscrit sous le nom de Félix Passet. Sur les conseils de Rochereuil* qui connaissait sa situation militaire, il n’eut aucune activité militante jusque 1925 date de la loi d’amnistie. Amnistié, il devint secrétaire de cellule et de sous-rayon jusque 1931. En 1926, il fut chargé par le secrétariat du parti, en particulier par Victor Cat (voir Cambier Catulle) du travail parmi les commerçants et artisans en liaison avec la Commission des classes moyennes. Il connut encore arrestations et emprisonnements : huit jours en 1929 lors de « l’affaire du complot » et dix jours en 1932 lors de la campagne contre l’incarcération à Saint-Nazaire de Gautier (voir Gautier Henri-Antoine). Il était membre du SRI (Secours rouge international) et d’organisations de locataires.

En octobre 1929, il était président du Comité de défense des petits commerçants et artisans (dit aussi Confédération du Petit commerce et de l’artisanat) et, en 1933, secrétaire de la Fédération des petits commerçants et artisans. Son premier article dans les Cahiers du Bolchevisme parut en juillet 1933 sous le titre « La crise et les petits commerçants ». Il expliquait que « leurs intérêts étaient liés à ceux des ouvriers, des fonctionnaires qui les font vivre ».

Le Parti communiste le présenta à deux élections législatives dans la 7e circonscription de Sceaux (Antony, Bagneux, Bourg-la-Reine, Châtenay-Malabry, Fontenay-aux-Roses, Montrouge, Plessis-Robinson, Sceaux). Le 22 avril 1928, il recueillit 3723 voix sur 19910 inscrits (18,7 %) et 17276 votants, puis au second tour 2914 voix (14,6 %). Le 1er mai 1932, Lacour n’obtint plus que 3325 voix sur 23779 inscrits (14 %) et 20253 votants. La moitié de ses électeurs l’appuyèrent au second tour : 1661 voix (7 %). C’est le socialiste Jean Longuet qui fut élu. En 1936, le Parti communiste choisit comme porte drapeau Albert Petit, maire de Bagneux*.

Léonard Lacour dirigea à Montrouge la liste communiste aux élections municipales de mai 1929 (1 060 voix sur 7 507 inscrits et 6 103 votants). La liste socialiste d’Émile Cresp* fut élue dès le premier tour avec 3 187 voix contre 1 445 voix à la liste de « Concentration républicaine ». Lacour fut également battu par Cresp à l’élection du conseil général le 26 du même mois (668 voix, 8,9 % des inscrits),

La situation politique locale se modifia avec le passage de Cresp au néo-socialisme. Lors des élections municipales du 5 mai 1935, cinq listes s’affrontèrent : une liste socialiste SFIO (8,5 % des inscrits), une liste communiste conduite par Lacour (13,6 %), une liste républicaine et socialiste dirigée par Cresp (36 %), une liste socialiste indépendante (10,3 %) une liste de droite (7,9 %). Au second tour, la liste antifasciste (communistes, socialistes et radicaux) obtint 23,4 % et celle des néo-socialistes 48.6 % des inscrits.

La Commission des cadres, qui attribuait à Lacour la « note » B et la mention « à voir de près », lui reprochait son manque de vigilance (il avait répondu, alors qu’on le prévenait de la présence d’un « provocateur » dans la CE de son organisation « que cela ne faisait rien », ses résistances à appliquer les décisions de la CCP. (« survivances anarchistes ? »), et rappelait son passé anarchiste, ses fréquentations familiales avec son beau frère SFIO et franc-maçon, et, enfin, sa désertion de 1917 !

Il s’était marié le 2 mars 1925 à Montrouge (Seine)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article115094, notice LACOUR Léonard par Jean Maitron et Claude Pennetier, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 18 février 2011.

Par Jean Maitron et Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Nat. F7/13120, rapport du 13 août 1930 — L’Humanité, 26 et 28 mai 1929, 24 avril 1935, — L’Aube nouvelle, 11 mai 1935. — Les Cahiers du bolchevisme, juillet 1933. — G. Lachapelle, Les élections législatives, op, cit, — Elisabeth Coulouvrat, La vie politique à Montrouge, 1900-1939, Mémoire de Maîtrise, Paris I, 1978. — État civil de Roziers-Saint-Georges. - Archives du Komintern, Moscou, RGASPI : autobiographie du 14 novembre 1932, note de la Commission des Cadres (sans date).

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