LADSKY Fanny dite Françoise, alias DESCHAMPS Françoise

Par Daniel Grason

Née le 31 août 1914 à Paris (Xe arr.), morte le 30 mars 1943 à Maidanek (Pologne) ; comptable ; communiste ; résistante FTP ; déportée ; victime de l’antisémitisme.

Fille de Neck Levy, vingt-cinq ans, couturière, Fanny Ladsky naquit au domicile de la sage-femme 6 rue de la Grange-aux-Belles. Elle fut reconnue le 8 septembre 1914 par Boris Ladsky, cordonnier qui vivait 15 rue de Meaux (XIXe arr.) et légitimé le 18 septembre 1925 par Levina Mecker.
Fanny Ladsky obtint à l’issue de sa scolarité le BEP. Elle vivait 26 rue de Meaux à Paris (XIXe arr.), elle fut une importante responsable des Jeunesses communistes à Paris dès 1934. Vers la fin de l’année 1935, elle participa à la constitution de la première direction parisienne de l’Union des jeunes filles de France, avec Josette Cothias, Paulette Decluzet et Ninon Wolf. Elle en fut secrétaire. Déléguée au premier congrès de l’UJFF, tenu à Paris le 26 décembre 1936, elle entra à la direction nationale. Eugène Kerbaul se souvient de sa présence à l’École nationale des JC en 1938, à Montreuil. Un témoin la décrivait comme « très jolie, très féminine, intelligente et discrète d’attitude ».
Membre du Parti communiste depuis 1936, elle fut trésorière d’une cellule de septembre 1939 à juin 1940. Josette Cothias pensait qu’après la dissolution des organisations communistes en septembre 1939, Danielle Casanova lui confia la direction clandestine des JC d’un secteur de banlieue.
Lors de l’arrestation de Jeanne Dessart alias de Mounette Dutilleul le 15 mai 1941, les policiers saisissaient dans son cabas plusieurs autobiographies dont celle de Fanny Ladsky qui portait le n° 17. Trois inspecteurs de la BS1 l’interpellaient le 24 mai 1941 à 7 heures 30 du matin à son domicile. Dans son sac à main une petite feuille de papier signée « Pierre » : « Reçu 750 francs pour le 10 ».
Interrogée, elle déclara qu’elle avait été membre des Jeunes filles de France de 1936 à 1937, mais « Actuellement je ne me livre à aucune agitation, et n’ai aucune relation avec le Parti communiste » affirma t-elle.
Quant au reçu « C’est un ami qui me l’a remis contre la somme de sept cent cinquante francs que je lui devais. » Or, d’après le document saisi elle était trésorière d’une section communiste clandestine depuis une dizaine de jours et responsable de l’organisation du quartier Saint-Louis, et elle était proposée pour un triangle de section. Le responsable communiste du secteur avait donné son appréciation : « À mon avis pas plus faut que le quartier » et signé « Émile » Celui de Paris 10 « D’accord L ».
Interrogée, elle nia avoir adhéré au Parti communiste et avoir suivi des cours de l’École communiste qui s’était tenue à Montreuil. Les policiers lui demandèrent d’expliquer comment « des renseignements aussi précis  » étaient parvenus « à la Direction du Parti communiste. » Elle répondit laconiquement « Je ne sais pas ». Scepticisme des policiers, elle ajouta « Je ne suis au courant de rien ». Quant au reçu, il était de Pierre Chantin qui demeurait rue du Cardinal-Lemoine, il lui avait prêté cette somme pour son déménagement.
Josette Cothias pensait qu’après la dissolution des organisations communistes en septembre 1939, Danielle Casanova lui confia la direction clandestine des JC d’un secteur de banlieue. Elle fut arrêtée une première fois en 1941, elle comparut le 21 septembre 1941 devant le Tribunal d’État qui la condamna à un an de prison, cent francs d’amende et cinq ans d’interdiction de droits civils et politique pour « propagande communiste ». Emprisonnée pendant un an à la prison de Rennes (Ille-et-Vilaine), elle fut libérée le 26 mai 1942.
En juillet 1942 elle travaillait comme manutentionnaire dans une maison d’articles de camping 10 rue des Petites-Écuries à Paris (Xe arr.), elle demeurait 118 rue Monge à Paris (Ve arr.). Un membre de l’organisation clandestine du parti communiste du XIXe arrondissement la contacta pour reprendre de l’activité, elle accepta. Elle changea de domicile le 10 décembre 1942, habita chez Marie-Louise Colombain 126 rue Émile-Zola à Noisy-le-Sec (Seine, Seine-Saint-Denis). Fanny Ladsky la connaissait depuis 1938, elles habitaient dans le même quartier du XIXe arrondissement.
Le 16 décembre 1942 des inspecteurs de la BS2 interpellaient Marie-Louise Colombain et Paulette Baylac, des tracts édités par le parti communiste étaient saisis lors de la fouille. Lors de l’interrogatoire les policiers apprenaient que Marie-Louise Colombain hébergeait une autre personne. Une souricière fut tendue, Fanny Ladsky se présenta, les inspecteurs l’interpellèrent.
Emmenée dans les locaux de la préfecture de police, Fanny Ladsky fut battue lors de son interrogatoire. Elle déclara ignorer la présence d’un corps de bombe dans le logement de Noisy-le-Sec. Elle assura qu’elle n’était pas appointée par l’organisation, mais qu’elle touchait des frais de déplacement et des cartes d’alimentation.
Lorsqu’il fut arrêté en mars 1943, l’interrégional René Gaire était porteur de deux messages l’un dénonçant sa présence à lui René Gaire « dans le même coin de l’Oise » et un autre contre « une femme nommée Fany (sic) Lasky, suspectée par les cadres ».
Emprisonnée à Fresnes, puis livrée aux Allemands, Fanny Ladsky fut internée au camp de Drancy réservé aux Juifs. Le 25 mars 1943 elle était dans le transport n° 53 de 1008 déportés à destination du camp d’extermination de Sobibor, 970 déportés furent gazés dès leur arrivée, 15 autres moururent lors d’une « sélection », cinq hommes transférés dans un autre camp survécurent.
Fanny Ladsky a été dirigée sur le camp de Maïdanek, elle y mourut très probablement gazée le 30 mars 1943.
Sa mère témoigna après la Libération devant la commission d’épuration de la police, elle déclara : « Ma fille a été arrêtée par les inspecteurs T…, L…, et Z… du commissariat d’Asnières, le 24 mai 1941 au sujet de l’affaire Gabriel Péri, pour infraction à la loi du 26 septembre 1939. Elle a été frappée au commissariat d’Asnières, par les inspecteurs qui l’ont arrêtée. Ma fille a été condamnée à un an de prison puis a été déportée en Allemagne à la date du 27 [25] mars 1943. Je suis depuis ce temps sans nouvelle d’elle. »
Élevée au grade de sous-lieutenant FFI, Fanny Ladsky fut décorée à titre posthume de la Croix de guerre avec étoile d’argent. Une plaque commémorative fut apposée 26 rue de Meaux, à Paris XIXe arrondissement où elle habita. La mention « Morte pour la France » au titre de combattante FTPF et Déportée internée résistante (DIR) lui a été attribuée.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article115166, notice LADSKY Fanny dite Françoise, alias DESCHAMPS Françoise par Daniel Grason, version mise en ligne le 30 mars 2020, dernière modification le 3 mai 2020.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. AN 4 W 6. – Arch. PPo. BS2, carton 24 GB 116, GB 114 bis carton 22 bis (transmis par Gérard Larue), KB 11, KB 100. – Bureau Résistance GR 16 P 328446. – Jacques Varin, Jeunes comme JC, op. cit., p. 239. – Témoignage de Josette Cothias. – Notes de Jean-Pierre Besse. – Site internet CDJC.– Site internet Mémoire des Hommes. – Site internet ANACR 19ème arrondissement. – État civil numérisé Paris (Xe arr.) 10N 421 acte n° 4289.–

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