LIOTHIER Benoît

Par Yves Lequin et G. Raffaëlli.

Né à Saint-Priest-en-Jarez (Loire) le 25 juillet 1883 ; ouvrier métallurgiste ; militant des Jeunesses syndicalistes ; inscrit au carnet B ; membre du Parti communiste jusqu’en 1928 ; militant syndicaliste révolutionnaire et antimilitariste de la Loire.

Liothier, pendant son service militaire, avait été condamné à trois ans de prison par le conseil de guerre d’Alger pour violences à supérieur, et envoyé aux compagnies de discipline. En 1910, il était considéré comme un des plus dangereux antimilitaristes de Saint-Étienne et proposé pour l’inscription au carnet B. Militant des Jeunesses syndicalistes, il était en effet un des plus fervents animateurs de la campagne contre les bagnes militaires et tenait la caisse du Sou du soldat.

En 1911, Benoît Liothier proposa à la Bourse du Travail de Saint-Étienne qu’aucun politicien ne puisse prendre la parole dans les meetings qui se tenaient dans ses locaux.

En 1912, il fut le principal orateur d’une série de conférences à Chazelles-sur-Lyon, Grand-Croix, Saint-Chamond et Vienne (Isère) organisées tant par les milieux libertaires que par le Parti SFIO et où il prêcha l’unité nécessaire des révolutionnaires de toutes tendances contre la guerre. Pour y avoir également préconisé le sabotage des lignes télégraphiques en cas de mobilisation, il fut arrêté à la fin de l’année et condamné, le 6 janvier 1913, par le tribunal correctionnel de Saint-Étienne à deux ans de prison ferme ; mais, en juillet, la cour d’appel de Lyon le relaxa. Il put alors participer à la campagne contre la loi des trois ans, aux côtés de Jean-Baptiste Rascle. Auteur dramatique à ses heures, il écrivait des pièces engagées : en mars 1912, l’une d’elles, qui dénonçait Biribi sous le titre Aux Travaux, avait été jouée devant près d’un millier de personnes à Roanne par le groupe artistique stéphanois avant d’être interdite par le sous-préfet ; au début de 1914, Liothier fit représenter à Saint-Étienne un drame antialcoolique : La Source fatale.

En même temps, il participait activement à la vie du syndicat de la métallurgie, dont il fut le secrétaire à partir de 1910 au moins et qu’il représenta au congrès national de la corporation en 1912 ; l’année précédente pourtant, il avait cédé le secrétariat à Torcieux revenu de Paris. L’ardeur de ses convictions libertaires avait en effet rendu Liothier minoritaire et, à quelques mois de la déclaration de guerre, il envisageait la création d’une nouvelle Union des métaux d’où auraient été exclus Torcieux et Urbain Malot accusés de modérantisme. En août 1914, il fut de ceux qui se cachèrent un temps dans les bois du Pilat pour échapper à une arrestation éventuelle. Mobilisé début août 1914, il fut libéré en novembre et entra chez Lescure à Saint-Étienne. Il ne fit pas parler de lui pendant la guerre, même au plus fort de l’agitation pacifiste de mai 1918. Le commissaire déclarait à son sujet : " Il a mis de l’eau dans son vin. "

Après la Première Guerre mondiale, il adhéra au Parti communiste, et intervint dans des réunions publiques. Jusqu’en 1927, il fut responsable de l’hebdomadaire communiste le Cri du Peuple. En décembre de la même année, il perdit ses responsabilités au Cri du Peuple. Le 9 février 1928, il demanda des comptes politiques et financiers au comité de rayon, et reçut un blâme le 12 février. Il démissionna aussitôt, puis fut exclu du Parti.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article118651, notice LIOTHIER Benoît par Yves Lequin et G. Raffaëlli., version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 24 novembre 2010.

Par Yves Lequin et G. Raffaëlli.

SOURCES : Arch. Nat. F7/13053, 13065, 13570, 13110, 13313. —Arch. Dép. Loire 3 M 70, 19 M 25, 19 M 29, 19 M 33, 93 M 8, 93 M 13, 93 M 17 et 93 M 52.

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