MARSCHALL Marcel, Antoine

Par Jean-Paul Brunet

Né le 8 septembre 1901 à Saint-Denis (Seine), mort le 12 octobre 1988 à Paris ; membre du Parti communiste puis du Parti populaire français ; adjoint au maire de Saint-Denis, conseiller général, maire de Saint-Denis.

Bien que le nom de ses parents fût orthographié Marschall, une erreur de transcription sur l’état civil à sa naissance le transforma en Marchal ; de là, sur les documents politiques officiels, l’expression usuelle de "Marchal dit Marschall".

Fils d’un ouvrier métallurgiste, Marcel Marschall, ouvrier métallurgiste lui-même, travailla très jeune dans plusieurs usines de Saint-Denis ; ouvrier à l’usine de moteurs Aster, il fit la connaissance de [ Jacques Doriot. Il milita aux Jeunesses socialistes, puis aux Jeunesses communistes. A partir de 1923, il occupa un poste de permanent à la Fédération de la Seine du Parti communiste, rue Lafayette. En mai 1924, il joua, de concert, avec Henri Barbé, un rôle clé dans la désignation de Doriot comme candidat sur la liste du Bloc ouvrier et paysan dans le quatrième secteur de la Seine (banlieue) : après avoir obtenu l’approbation de la section des JC de Saint-Denis, puis l’acquiescement des responsables nationaux des JC (André Ferrat, François Chasseigne, François Billoux), Marschall contribua à obtenir l’accord de la Fédération de la Seine et de la direction du PC et de la IIIe Internationale. Doriot, qui se trouvait alors emprisonné, n’était pas informé, semble-t-il, de ces démarches.En mai 1925, Marcel Marschall dirigea avec Henri Barbé, secrétaire général des JC, la campagne municipale victorieuse du Parti communiste à Saint-Denis, mais n’ayant pas l’âge de l’éligibilité, ne put figurer sur la liste. Il devint alors employé municipal à Saint-Denis et, un temps, rédacteur à l’Humanité. En 1928, il succéda à Georges Beaugrand aux fonctions de secrétaire du 14e rayon de la Seine du PC. Après la révocation de Louis Laporte (due à la participation des services municipaux à la grève communiste contre la guerre du Maroc, le 12 octobre 1925) et l’élection comme maire de Camille Villaumé , jusqu’alors premier adjoint, les tensions s’avivèrent entre les deux hommes. La Fédération de la Seine chargea alors Marschall de s’interposer entre eux et de prendre, à la mairie de Saint-Denis, les décisions qui s’imposaient.En avril 1928, il anima la difficile campagne pour les élections législatives ; l’application de la tactique classe contre classe fit alors refluer le parti à moins de deux cents adhérents dans la grande cité ouvrière, et bien peu parmi eux acceptaient de coller des affiches ou d’assurer le service d’ordre dans les réunions. Mais Doriot retrouva finalement son siège.Élu conseiller municipal sur la liste communiste en mai 1929, Marschall fut, le 12 mai, désigné comme troisième adjoint au maire Villaumé. Toujours secrétaire du rayon de Saint-Denis (devenu le 9e de la Seine), il était lié à Barbé et à l’équipe des JC qui dirigeait en fait le parti ("groupe Barbé-Celor"). Au congrès de la Région parisienne, tenu à Clichy, le 17 mars 1929, il stigmatisa l’"opportunisme" de Doriot. A cette époque, il figura au nombre des victimes de la répression des menées antimilitaristes : un article intitulé "Fête nationale", paru dans l’Émancipation du 13 juillet 1929, le fit condamner à deux ans de prison et 3 000 francs d’amende. Il ne dut qu’à la confusion de son cas avec celui de Villaumé, poursuivi en tant que gérant de l’hebdomadaire pour cet article, et plusieurs autres, de voir sa peine ramenée à six mois de prison avec sursis et 500 francs d’amende (Villaumé ne supportant pas la perspective de la prison, avait troqué sa démission du parti contre l’indulgence de la justice).A la suite des élections générales provoquées par les démissions du parti de Villaumé et de Laporte, Marschall fut nommé deuxième adjoint au maire Gaston Venet, le 30 mars 1930. Mais un arrêté préfectoral en date du 19 janvier 1931 le révoqua, de concert avec Venet et le premier adjoint Édouard Delhomme ; parmi les motifs de cette mesure, figuraient l’"utilisation du personnel communal à des fins étrangères à son service normal" et des "irrégularités graves en matière financière". Jugeant extrêmement sérieuse la situation du PC, Marschall qui depuis un certain temps s’était réconcilié avec [ Jacques Doriot, plaida avec efficacité auprès de la direction du parti qu’elle consentît à laisser ce dernier accéder au poste de maire de Saint-Denis, ce à quoi elle s’était jusqu’alors fermement opposée.Après la fin de la période où s’appliquait l’arrêté de révocation, il fut élu premier adjoint. Dès lors il suivit toujours la ligne politique de Doriot, aux côtés duquel il s’engagea dans la dissidence. Sur le plan personnel, il était très lié au maire de Saint-Denis, avec lequel il partageait les "bons moments" et les autres.Réélu conseiller municipal et premier adjoint lors des élections municipales du 5 mai 1935, Marcel Marschall fut peu après élu conseiller général du canton de Saint-Denis sud avec 41,3 % des inscrits contre 17,5 % à son concurrent communiste orthodoxe Gaston Dourdin. En juin 1935, au conseil général de la Seine, la coalition de Front populaire (à laquelle le groupe dissident d’Unité ouvrière tentait de s’agréger), le désigna à un poste de secrétaire. Délégué du "rayon majoritaire" (avec Pierre Dutilleul) à la commission d’unification ouvrière, il en fut exclu, le 5 novembre 1935, sur les instances du Parti communiste.Au premier congrès du Parti populaire français (10 et 11 novembre 1936), Marschall fut désigné comme trésorier du parti ; il le resta jusqu’au début de 1938, après quoi il ne garda que le titre de membre du Bureau politique.Après l’échec de Doriot consécutif à sa révocation comme maire de Saint-Denis (25 mai 1937), à sa démission de conseiller municipal et à sa défaite aux élections complémentaires du 20 juin, Marcel Marschall fut élu maire de Saint-Denis ; il devait conserver ces fonctions jusqu’en 1944. De même celles de vice-président du conseil général de la Seine, auxquelles il fut élu au début de juillet 1939. Au printemps de 1939, Doriot le chargea de porter un message à Mussolini : "Nous vous supplions, au nom d’une civilisation et d’une culture communes, et de principes pour lesquels nous combattons idéologiquement et socialement, de ne pas entrer dans la guerre (...)."Au cours de la Seconde Guerre mondiale, en tant que maire de Saint-Denis, Marcel Marschall eut à faire face aux conséquences du meurtre d’un soldat allemand, agressé et jeté dans le canal de Saint-Denis par deux civils, le 27 février 1941 ; les autorités d’occupation étant décidées à se saisir d’une cinquantaine d’otages par mesure de représailles, Marschall s’offrit à faire partie de ces derniers, dont le nombre fut finalement réduit à dix. Dans une affiche placardée à Saint-Denis le 28 février, il réprouvait cet assassinat et rappelait les positions de Pétain après Montoire. La population dionysienne, ajoutait-il, "saura être vigilante pour démasquer les auteurs de tels actes et en empêcher le renouvellement qui, malheureusement, s’il se produisait, entraînerait des mesures plus sévères à l’égard de tous les habitants."

Marschall défendit avec vigueur, par la plume et par la parole les positions politiques du PPF, ainsi que l’attestent de nombreux rapports des renseignements généraux. Il réclama un renforcement de la répression antisémite (par exemple dans son discours devant l’assemblée générale de la section PPF de Saint-Denis, le 5 septembre 1942, avant la projection du film "Le jeune hitlérien Quex"). Il dénonça la politique opportuniste et attentiste de Vichy et fit l’éloge de la lucidité et de la détermination de Hitler (septembre et octobre 1941). Face à ce qu’il dénonçait comme l’"impuissance de la police", il posa le PPF comme le véritable ennemi du communisme, estimant que l’exemple de Saint-Denis prouvait "aux Allemands que les doriotistes sont les véritables ennemis du communisme" (8 décembre 1941).

A la fin de 1942 et au début de 1943, Marschall soutint vigoureusement Doriot, de concert avec Dutilleul, Sicard et Thurotte, et récusa l’idée d’un assouplissement de la ligne du parti, en faveur duquel plaidaient au Bureau politique Fossati, Beugras et même le secrétaire général du PPF, Victor Barthélemy. Lors de son deuxième départ pour le front de l’Est, en mars 1943, Doriot confia la direction du parti à un directoire de neuf membres, dont Marschall. En septembre 1944, lors de l’exil en Allemagne, il fut, avec Simon Sabiani, le mandataire de Doriot. Le 25 février 1945, à Mengen, il fit au nom du directoire et du Bureau politique un discours exaltant la vie de Doriot. Après quoi il compta, avec Sabiani et Christian Lesueur, parmi les membres du très provisoire triumvirat de direction du PPF.

Condamné à la peine de mort le 8 janvier 1948 par la Cour de justice de la Seine, Marcel Marschall vit sa peine commuée en celle de travaux forcés à perpétuité. Amnistié par la loi de 1951, il ne prit plus d’engagement politique, se bornant à rassembler les anciens fidèles du PPF lors de la messe annuelle célébrée à la mémoire de [ Jacques Doriot.

Marschall s’était marié en 1922 à Saint-Denis et en 1959 à Paris (XIVe arr.).

Il mourut le 12 octobre 1988 à Paris, eut des funérailles religieuses en l’église de Saint-Pierre-de-Montrouge, Paris XIVe arr., et fut inhumé au cimetière de Saint-Denis.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article120416, notice MARSCHALL Marcel, Antoine par Jean-Paul Brunet, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 23 février 2011.

Par Jean-Paul Brunet

SOURCES : Jean-Paul Brunet, Une banlieue ouvrière : Saint-Denis (1890-1939), Thèse d’État, Université de Lille-III, 1982, 1647 p. — Id., Jacques Doriot. Du communisme au fascisme, Éd. Balland, 1986, 562 p.

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