MIOCH Philomen, Marcellin, Siméon

Par Jean Sagnes

Né le 18 février 1903 à Florensac (Hérault), mort le 17 novembre 1990 à Marcorignan (Aude) ; ouvrier agricole. Membre du comité central du PC (1932-1936) ; secrétaire de la région communiste du Languedoc (1934-1938) ; résistant ; secrétaire de l’Amicale des vétérans de l’Hérault du PCF de 1960 à 1967 ; président de l’Union départementale des vieux de France et de l’ANACR.

Philomen Mioch en 1981
Philomen Mioch en 1981
Photographies prises par Joël Lumien ; photographe à l’Humanité.

Frère de François Mioch, Philomen Mioch connut la même enfance difficile. A l’âge de treize ans, il fut d’abord embauché chez un pépiniériste puis devint ouvrier agricole et adhéra en 1919 à leur syndicat. Son adolescence fut marquée par les luttes ouvrières qui se déroulèrent dans la région notamment dans la commune voisine de Valros. De mai 1923 à septembre 1924, il accomplit son service militaire en France puis, à partir de septembre 1923, en Syrie. En correspondance avec son frère demeuré à Florensac, c’est par lettre qu’il adhéra au PC en juin 1924. A son retour, il redevint ouvrier agricole et fut chargé d’organiser le groupe local des Jeunesses communistes. En août 1925, il participa à l’école léniniste régionale du Martinet (Gard) dirigée par André Ferrat. Cet événement eut dans sa vie une importance considérable et développa chez lui le désir de se cultiver.

Dès 1926, Philomen Mioch fut membre du bureau de la Région communiste du Languedoc où il représentait les Jeunesses communistes. Il était alors, en effet, secrétaire régional de la 21e Entente des JC. Au lendemain du congrès de Lille du PC (juin 1926), il fut pressenti pour devenir secrétaire de la Région communiste du Languedoc. Il refusa, ne se sentant pas encore capable d’assurer une telle responsabilité mais, au titre de secrétaire régional de la JC, il multiplia les réunions dans les départements du Gard, de l’Hérault, de l’Aude et des Pyrénées-Orientales. En 1929, à la suite d’une bagarre avec un gendarme lors d’une réunion, il fut condamné à un mois de prison. Arrêté à la mi-décembre, il ne fit que seize jours de prison, mais au mitard, et fut amnistié le 31 décembre. Au début de 1932, Philomen Mioch fut proposé pour l’école centrale léniniste de Saint-Denis qui se tint en mai 1932. Quelques semaines auparavant, le VIIe congrès du PC (Paris, 11-19 mars 1932) l’avait désigné comme membre suppléant du comité central. Il devait y rester jusqu’au congrès de Villeurbanne, en janvier 1936. En juin 1932, il devint membre de la section agraire du CC mais les divergences de vue entre les principaux membres de cet organisme le poussèrent à demander à revenir à Florensac. En août 1932, de retour dans sa commune natale, il travailla dans le bâtiment puis à nouveau dans l’agriculture. En décembre 1932, il reçut une proposition du CC d’aller suivre les cours de l’école léniniste internationale de Moscou. Malgré sa famille, il décida d’accepter.

Il séjourna à Moscou de janvier 1933 à mars 1934. Durant cette période, il assista à une réunion des partis communistes occidentaux ainsi qu’à la 13e session plénière de la IIIe Internationale, visita de nombreuses usines et passa plusieurs semaines dans un kolkhoze. Mais après quelques mois d’école, il entra en conflit avec les professeurs, fut traduit devant le tribunal de l’école et finalement exempté de cours théoriques. A son retour d’URSS, en mars 1934, Philomen Mioch fut envoyé par le CC du PC à Saint-Denis combattre la ligne politique de Doriot. Cette tâche, très éprouvante pour lui, dura quatre mois. Au début août 1934, surmené, il revint dans l’Hérault se mettre à la disposition de la Région communiste. En décembre 1934, il devint secrétaire de la Région Aude-Hérault mais la trésorerie de l’organisation ne lui permettait pas d’être permanent appointé. Chômeur, Mioch touchait une indemnité et la Région lui allouait le salaire d’une journée d’ouvrier agricole une fois par semaine. Il dirigea la Région communiste pour les deux départements pendant quatre années. Lors des élections législatives de 1936, il fut candidat dans la circonscription de Limoux (Aude) où le PC était très faible : il n’obtint que 476 voix sur 13 577 suffrages exprimés. Son principal objectif fut alors de constituer des cellules communistes. Durant cette période, le PC se renforça considérablement dans les deux départements. A partir de 1937, l’essentiel de son activité de secrétaire régional fut consacrée à l’aide à l’Espagne républicaine. En octobre 1937, Philomen Mioch fut également candidat au conseil général dans le canton de Mèze.

En avril 1938, la direction du PC lui demanda de partir pour l’Espagne auprès d’André Marty*. Il séjourna à Figueras puis à Barcelone. Cependant, à la fin mai 1938, après être entré en conflit avec Marty, de retour à Béziers, il reprit la direction de la Région. Peu après, il fut convoqué devant la commission de contrôle politique du PC où il dut répondre aux accusations de Marty. Il lui fut reproché d’avoir refusé les responsabilités qu’on lui avait attribuées. La CCP le ramena à la base. En juillet 1938, au chômage à Béziers, il essaya divers métiers (métallurgiste, ouvrier de distillerie, ouvrier du bâtiment), fut de nouveau chômeur puis terrassier à Montady.

Le 2 septembre 1939, il fut mobilisé et envoyé en avant de la ligne Maginot. Lors de l’attaque allemande, il fit partie d’unités qui purent échapper à la captivité. En juillet 1940, il revint à Florensac où il trouva à s’embaucher comme ouvrier agricole. Il reprit alors contact avec le PC clandestin et fut arrêté avec son frère le 3 avril 1942. Condamné à huit ans de travaux forcés, il réussit à s’évader le 25 avril 1943 et rejoignit le maquis de l’Allier. Repris, il s’évada une nouvelle fois avec de nombreux autres détenus de la prison du Puy le 1er octobre 1943. Jusqu’à la Libération, il combattit dans les rangs du maquis d’Auvergne, en tant que Capitaine adjoint du 103e Bataillon FTP, camp Guy Moquet. Il termina la guerre comme commandant des FTPF du Puy-de-Dôme.

De retour à Montpellier, il fut membre du bureau de l’Union départementale CGT de 1944 à 1948 et secrétaire de la section fédérale des ouvriers agricoles de 1946 à 1948. A cette date, il devint employé de la Sécurité sociale et le demeura jusqu’à sa retraite en 1963. Il fut encore candidat du PC aux élections cantonales à Florensac en septembre 1945 mais l’essentiel de ses activités fut, durant cette période, d’ordre syndical. A ce titre, il fut administrateur de la Caisse d’allocations familiales de Montpellier-Lodève jusqu’en 1960 et vice-président départemental de la Caisse d’assurances sociales et d’allocations familiales agricoles de 1944 à 1968. Membre de la commission de contrôle financier de la Fédération communiste de l’Hérault de 1956 à 1967 et secrétaire de l’Amicale des vétérans de l’Hérault du PCF de 1960 à 1967, Philomen Mioch présida à partir de cette date l’Union départementale des Vieux de France, en même temps que l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance (ANACR) pour le département.

Sa femme Carmen Mioch, née Antonio, venait d’une famille catalane installée à Marseille. Elle participa à la Résistance. Ils eurent trois enfants Josette, Françoise et Rose.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article122433, notice MIOCH Philomen, Marcellin, Siméon par Jean Sagnes, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 4 juillet 2022.

Par Jean Sagnes

Philomen Mioch en 1981
Philomen Mioch en 1981
Photographies prises par Joël Lumien ; photographe à l’Humanité.

ŒUVRE : Les tribulations d’un ouvrier agricole, Nîmes, 1984, 254 p.

SOURCES : RGASPI, 495 270 4197. — SHD Caen dossier AC 21 P 598871 (non consulté) .— SHD Vincennes, 19 P 63/6 103e Bataillon FTPF. Etat-major .— Arch. Dép. Aude, 2 M 79, 5 M 101. — Le Travailleur du Languedoc, 1931-1939. — Les Communistes de l’Hérault dans la Résistance, Montpellier, s.d. — "François et Philomen Mioch , de Florensac, deux ouvriers agricoles « au devant de la vie »", Études Héraultaises, n° 44 2, 2014. — Interview de Ph. Mioch. — Notes de R. Debant et de Claude Pennetier.

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