OYON Marie, Anastasie [née TUNNEY Marie]

Par Gilles Morin

Née le 31 décembre 1898 à Montoire-de-Bretagne (Loire-Inférieure), morte le 11 octobre (ou juin) 1969 au Mans (Sarthe) ; agent d’assurance, comptable ; résistante socialiste de la Sarthe ; conseillère générale du Mans 3e (1945-1949) ; membre de la première Assemblée nationale constituante (octobre 1945-juin 1946) ; conseillère de la République (1946-1948).

Marie Oyon perdit très jeune ses parents et à seize ans débuta comme sténo-dactylographe, puis partit chercher du travail dans la Sarthe où elle rencontra, Alexandre Oyon, assureur au Mans qu’elle épousa et avec lequel elle eut deux enfants. Elle devint ensuite agent d’assurance et comptable.

Alexandre Oyon, issu d’une famille militante, socialiste et responsable de la Ligue des droits de l’Homme locale, fut élu conseiller municipal et adjoint au maire du Mans. Marie, partagea la vie militante de son époux et personnellement fonda dans son quartier populaire, Abattoir-Batignolles, un foyer scolaire laïque. Elle aurait appartenu à la Franc-Maçonnerie. Durant l’Occupation, fidèle à son engagement, le couple entra en Résistance et Alexandre démissionna de son mandat. Tous deux furent arrêtés par la Gestapo en décembre 1943 et déportés en Allemagne. Alors que son époux devait mourir dans l’univers concentrationnaire, Marie revint vivante, mais atteinte physiquement, de Ravensbrück (Allemagne).

Peu après son retour en France, Marie Oyon fut élue conseiller général du 3e canton du Mans en septembre 1945. Le mois suivant, placée en troisième position sur la liste conduite par le ministre Christian Pineau, elle fut, à la surprise générale, élue député de la Sarthe à la 1ère Assemblée nationale constituante (1945-1946). En juin 1946, toujours placée en 3e position sur la liste SFIO derrière Christian Pineauet Henri Ledru, ancien président du Comité départemental de Libération et administrateur du Maine-Libre, elle perdit son siège de député, victime du recul général des suffrages socialistes. Elle ne se représenta pas sur la liste socialiste aux premières élections législatives de la IVe République en novembre 1946, mais fut élue en décembre membre du premier Conseil de la République, désigné par l’Assemblée nationale. Elle y siégea jusqu’en 1948. Au Palais du Luxembourg, elle rejoignit le groupe SFIO et fut nommée à la commission des pensions et à celle de la famille, de la population et de la santé publique. Elle fut une parlementaire active durant ses courts mandats (voir le Dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958), s’intéressant plus particulièrement aux questions d’assurances, à l’enseignement et à la situation des anciens prisonniers et déportés. Elle rédigea notamment deux rapports : l’un sur les primes de déportation à payer aux ascendants des déportés décédés, et l’autre sur la définition du statut et des droits des déportés et internés politiques. Elle appartint à la commission exécutive du groupe SFIO de la Haute Assemblée. Dans ses mandats parlementaires, elle intervint à diverses reprises pour la défense des intérêts des femmes et, notamment des anciennes déportées et des veuves de prisonniers politiques. Marie Oyon, a par ailleurs occupé des places dans la vie partisane. Elle a été notamment membre de la commission féminine nationale de la SFIO en 1946 et 1948, membre du bureau de la commission en 1948. Elle fut aussi candidate, non élue, au comité directeur du parti au congrès de 1947.

Marie Oyon fut battue au renouvellement de 1948 : placée en deuxième position sur la liste SFIO elle n’obtint que 203 voix, le troisième de la liste, Poignant en obtenant lui 280. Marquée physiquement par sa déportation et par la disparition de son mari, elle ne se représenta pas au Conseil de la République en novembre 1948, ni au conseil général en mars 1949. et se retira de la vie publique.

Elle était titulaire de la médaille de la Résistance.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article124532, notice OYON Marie, Anastasie [née TUNNEY Marie] par Gilles Morin, version mise en ligne le 26 septembre 2016, dernière modification le 8 septembre 2013.

Par Gilles Morin

SOURCES : Arch. Nat. F/1cII/244. F/1cII/270. F/1cII/280. F/1cIV/154. — Rapports des congrès de la SFIO, 1944-1967. — Bulletin Intérieur de la SFIO, n° 22, 27, 30, 37. — Archives de l’OURS, dossiers Sarthe. — Profession de foi aux élections législatives de Juin 1946. — André Combes, La Franc-Maçonnerie sous l’Occupation, Paris, éditions du Rocher, 2001, p. 361. — J.-P. Mallejac, La Gauche et son électorat dans la Sarthe sous la IIIe République, Mémoire de Maîtrise, Caen. — Dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958, La documentation française, Paris. —Renseignements recueillis par R. Collet, ancien maire du Mans.

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