PONS Jean, Étienne, Marc

Par Albert Ayache, Francis Roux

Né le 19 avril 1901 à Paris (VIe arr.), mort en octobre 1942 ; professeur agrégé d’histoire ; militant communiste dans le Vaucluse et au Maroc.

Fils d’un employé à la Caisse des dépôts et consignations, Jean Pons fit ses études secondaires au lycée de Montpellier. Il adhéra en avril 1918 au Parti socialiste et devint secrétaire des Jeunesses socialistes de Montpellier, puis de la 21e Entente de la Jeunesse, ralliant l’Internationale communiste en 1920.

Ayant obtenu une licence d’histoire-géographie à la faculté des lettres de Montpellier, il fut répétiteur au collège de Lectoure (Gers). Il fonda dans cette localité une section communiste et un groupe de Jeunesses communistes, ce qui lui valut d’être déplacé. Tout en travaillant, il prépara l’agrégation et fut reçu agrégé d’histoire au concours de 1925. Nommé au lycée d’Oran pour l’année scolaire 1925-1926, il fut muté en octobre 1926 au lycée d’Avignon.

Installé à Avignon, Jean Pons déploya aussitôt une intense activité politique. Le 30 octobre 1926, il participa à un meeting à la Bourse du Travail pour protester contre la condamnation de Sacco et Vanzetti et figura au nombre des orateurs, avec Bellot du Parti communiste et Ravel de l’Union anarchiste de Montpellier. Syndiqué à la Fédération syndicale de l’Enseignement laïque CGTU, il chercha, avec Mussigmann, commis d’économat et membre influent du Parti communiste vauclusien, à implanter une section au lycée.

Devenu membre du Parti SFIO, il ne tarda pas à avoir des démêlés avec la Fédération du Vaucluse dont Vaillandet, professeur d’histoire à l’École normale d’Avignon, était le secrétaire général. Le 12 février 1927, la section d’Avignon annonça l’exclusion de Pons « coupable d’avoir à plusieurs reprises manqué à la discipline et d’avoir dans un journal adverse diffamé grossièrement un des militants de la section ».

Pons adhéra derechef au Parti communiste et sans tarder, y joua un rôle de premier plan. Ses cours au lycée, qui attiraient des groupes d’élèves qui allaient l’applaudir dans les réunions publiques et chantaient parfois l’Internationale, ne pouvaient pas ne pas provoquer les réactions de la bourgeoisie avignonnaise et au delà, les pressions préfectorales. Une première note du préfet, du 17 mars 1927, qualifiait Pons de « communiste dangereux » et réclamait à l’académie des sanctions administratives. Une campagne de presse se développait et le journal le Figaro, poussant de violentes attaques contre lui, exigeait une enquête ministérielle. Après la visite de l’inspecteur général, le 24 juin 1927, il fut révoqué. Pons ne reprit pas ses fonctions le 1er octobre : sur la proposition de Mussigmann, secrétaire du comité régional de la Fédération de l’Enseignement CGTU, un meeting de protestation fut organisé à la Bourse du Travail d’Avignon, le dimanche 9 octobre. Le conseil académique, réuni au début du mois de décembre, confirma néanmoins sa suspension « pour neuf mois, sans solde », ce qui provoqua la protestation du comité des professeurs de l’académie dénonçant la collusion entre le ministre de l’Instruction publique et son collègue radical de l’Intérieur, Albert Sarraut.

En 1928, Pons fut choisi comme candidat dans la circonscription d’Avignon aux élections législatives. Le 1er avril, à la fête de Fontaine-de-Vaucluse présidée par Denante, il prit la parole avec les autres candidats communistes du département appuyés par Gourdeaux, délégué du comité central. Tous attaquèrent la SFIO qui avait refusé le front unique de classe. Le 6 avril, à Cavaillon, définissant le programme du parti, Pons alla plus loin, affirmant : « La véritable bataille est hors du Parlement ». Recueillant au premier tour 3 372 suffrages sur 20 256 votants, le socialiste Louis Gros, maire d’Avignon, en obtenant 6 906, Pons se maintint au second tour, comme les autres candidats communistes. Il obtint 1 992 voix sur 20 744 votants, Gros étant élu. Cette année-là aussi, le rayon de Vaucluse le désigna comme candidat aux élections cantonales à Bollène. Pons reporta ensuite son activité politique dans la Seine et fut candidat en 1929 aux élections municipales dans le XXe arr. (Père-Lachaise).

Réintégré, il fut nommé au lycée de Rabat en 1932. Il adhéra alors à la SFIO, la Fédération étant légale au Maroc, tandis que le Parti communiste était interdit. Il devint, en 1935, secrétaire général adjoint de la Fédération SFIO du Maroc, dont, autre paradoxe, le secrétaire général était trotskyste.

Mais, dès que le PC eut une existence légale, Jean Pons fit partie, avec sa femme née Frayssinet* (voir ce nom — Madeleine Fraissinet, selon l’état civil), de la première cellule du Parti communiste qui se constitua à Rabat. Il fut aussi secrétaire du Comité de coordination du Front populaire au Maroc. Il fut suspendu de ses fonctions et renvoyé en France pour avoir participé à la contre-manifestation dirigée contre le rassemblement Croix de feu à Port-Lyautey, le 24 mars 1936. Il fit un séjour d’étude dans il fit le récit en 1937. Il fut nommé au lycée Thiers à Marseille mais resta membre du comité régional du Parti communiste au Maroc et collabora à son journal, Clarté. En août 1939, il fut mobilisé au Maroc. Arrêté en juillet 1940, il fut condamné à trois ans de prison.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article126911, notice PONS Jean, Étienne, Marc par Albert Ayache, Francis Roux, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 14 janvier 2021.

Par Albert Ayache, Francis Roux

Ouvrage de Jean Pons, 1938
Ouvrage de Jean Pons, 1938
Dédicace de son ouvrage <em>Journées soviétiques</em> à Bernadette Cattanéo, 1938.
Dédicace de son ouvrage Journées soviétiques à Bernadette Cattanéo, 1938.

ŒUVRE : L’éducation publique en URSS., Maison de la culture de Rabat, 1937 [brochure écrite après un voyage d’études en URSS annoncée dans les Cahiers du bolchevisme en 1937]. — Journées soviétiques, 1938.

SOURCES : Arch. Nat. F7/13119. — Arch. Nat. Rabat, commissariat de Casablanca. — Arch. Dép. Vaucluse, 1 M 725, 824, 826, 840 ; 3 M 281 ; 10 M 31. — Arch. PPo. 301. — A. Ayache, « Droite et gauche dans le Protectorat français au Maroc, 1934-1936 », La Pensée, avril 1976. — Le Réveil vauclusien, 1927-1928. — Le Petit Méridional, 20 août 1928. — Le Temps, 7 et 14 mai 1929. — Autrand, op. cit. — Témoignages notamment d’Albert Peyron à Bollène. — Notes de Rachel Mazuy.

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