VIRMOT Auguste

Par Claude Pennetier

Né le 3 juillet 1875 à Vieure (Allier). Ouvrier aux Établissements militaires de Bourges (Cher) ; trésorier de l’UD-CGT puis CGTU, militant socialiste puis communiste.

Fils de cultivateur, Virmot vint s’installer à Bourges (Cher) en 1898 comme ouvrier électricien aux Établissements militaires. Il milita dès 1901 comme socialiste et syndicaliste ; il participa en 1905-1906, avec Pierre Hervier* et Henri Laudier*, à la campagne pour l’achat d’une Maison du peuple à Bourges. Le 1er mai 1907, il prit la parole au meeting. Il exerça les fonctions de trésorier de l’Union des syndicats du Cher — dont P. Hervier était le secrétaire — à l’issue du congrès constitutif, 25 décembre 1912.

De 1914 à décembre 1919, il fut secrétaire adjoint du syndicat des Établissements militaires. Après l’exclusion d’Émile Lucain*, il devint secrétaire provisoire. Il resta trésorier de l’Union départementale CGT puis CGTU de 1912 à 1935. En 1917, il appartenait à la commission de rédaction de la Défense, organe syndicaliste et socialiste du Cher, avec Laudier, Hervier, Lucain, Noailletas et Gosnat. Il fut membre de la commission administrative socialiste en 1917, 1918 et 1920.

Durant la guerre, Virmot s’affirma pour la défense nationale et fut élu, en 1919, au conseil municipal de Bourges. Tout en défendant la politique d’Union sacrée, il refusa Pendant la Première Guerre mondiale, il défendit la politique d’Union sacrée, mais refusa de s’attacher à une tendance du Parti socialiste : « Minoritaires, majoritaires, l’histoire un jour nous jugera et nos fils seront surpris de la pauvreté des arguments qui nous divisent » écrivait-il dans la Défense en février 1918. Pendant le débat précédant la scission de Tours, avec Durand et Griffet, il appuya le courant « reconstructeur ». Virmot refusait l’exemple russe : « Se rendre solidaire de la forme « soviétique » du gouvernement russe ? Non ! »... « Se rendre solidaire de la révolution de ce pays ? Oui ! » (l’Émancipateur, 22 août 1920).

Après la publication du télégramme de Cachin et Frossard, Virmot prit position dans l’Émancipateur du 22 août 1920 : « Pourquoi ne pas adhérer à la IIIe Internationale ? » titrait-il. Il constatait qu’il fallait « suivre ce courant irrésistible pour mieux le guider ». Les vingt et une conditions le ramenèrent à ses convictions premières : « J’étais un de ceux qui adhéraient d’enthousiasme au principe de la IIIe Internationale, mais je pensais aussi qu’il nous serait permis d’y aller avec notre autonomie nationale et notre mouvement tel qu’il est, sans nous imposer les exclusions forcées et autres formules intangibles. C’est dire que les conditions apportées par Cachin-Frossard m’ont quelque peu surpris et m’ont ébranlé aussi dans mon désir de rejoindre de suite l’Internationale. » Virmot pensait qu’il serait possible de discuter les vingt et une conditions avec Moscou pour aboutir à un compromis afin « d’adhérer à la IIIe Internationale avec notre programme révisé c’est entendu, mais conservant une pleine autonomie. » (l’Émancipateur, 17 octobre 1920). Virmot défendit sans conviction la motion Longuet au congrès départemental de décembre 1920, pensant qu’elle se retirerait en faveur de la motion du Comité de la IIIe Internationale à Tours ; il regroupa 17,5 % des mandats.

Finalement, Virmot adhéra au Parti communiste après le congrès de Tours. Il fut membre de la commission administrative de la Fédération du Cher et en 1923-1924, secrétaire fédéral adjoint. Dans la CGT, il fut hostile à la scission. Il fit voter à l’unanimité par le comité exécutif du Cher, le 3 janvier 1922, une résolution déclarant neutre l’Union départementale en attendant la liquidation de « cette situation anormale » par un congrès national. Au congrès départemental du 22 janvier 1922, il proposa avec Venise Gosnat* une motion allant dans le même sens, qui fut adoptée par 26 voix, contre 24 à celle de Maratray en faveur de l’adhésion immédiate à la CGTU et 5 voix à la motion Jules Bornet* pour le maintien à la CGT. Le 15 mars 1922, l’Union départementale adhéra à la CGTU, Virmot resta membre de la commission exécutive de l’UD. En 1924, il fut trésorier du 1er rayon du PC.

Il était responsable de la commission syndicale de la Région communiste du Centre en 1925-1926 ; J. Picot l’accusa au congrès départemental du 8 et 9 mai 1926 d’avoir « écrit que les commissions syndicales sont inutiles » et expliquait ainsi le « mauvais fonctionnement de la commission régionale ». Il fut délégué au congrès de Lille du PC (juin 1926).

Virmot fut candidat à diverses élections : au conseil général dans les cantons de Châteaumeillant en 1922, de Charost en 1925 et à Bourges en 1928. Pressenti comme candidat de la circonscription de Bourges pour les élections législatives de 1928, Maurice Boin*, ancien membre du comité directeur du parti, lui ravit la place. Virmot participa à la campagne contre Boin qui se termina par l’exclusion de ce dernier en janvier 1929. Maurice Boin le prit violemment à parti dans sa brochure Pourquoi et comment j’ai été exclu du Parti communiste : « Et ce pauvre Virmot, vieux social-démocrate que j’entraînais, avec des réserves en 1922, derrière la motion Frossard-Souvarine. »... « Oui, cet inconsistant communiste de Virmot pouvait déclarer, toujours en mon absence, « Boin veut nous quitter, car il s’apprête à occuper une grosse situation commerciale très en vue ! » » (p. 48). En août 1930, Virmot fut sévèrement critiqué par le Bureau politique et le bureau régional pour avoir écrit deux articles « opportunistes » dans l’Émancipateur, laissant croire que la social-démocratie pouvait lutter effectivement contre la bourgeoisie. A la réunion des cellules des Établissements militaires, le 23 septembre 1931, il intervint avec L. Buvat en faveur de l’entrée en masse et sans conditions dans la CGT. Virmot appartint aux organismes dirigeants de la région jusqu’en 1936. Il fut élu trésorier adjoint de l’Union départementale CGT lors du congrès d’unification du 8 décembre 1935.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article134903, notice VIRMOT Auguste par Claude Pennetier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 24 septembre 2015.

Par Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Dép. Cher, série 25 M. — A.-M. et Claude Pennetier et A. Gosnat, mémoires de maîtrise, op. cit.La Défense. — L’Émancipateur. — A. Gosnat, MM, op. cit. — M. Boin, Les Cellulards, roman inédit dans lequel Virmot apparaît sous le nom d’Alavoine.

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