BIELOKOUROFF Basile

Fils de Serge et de Kristine, née Gouloubieff, il épousa selon ses déclarations Marie Vinnikov, née à Tver. Le couple eut un fils, William né en décembre 1917. Basile Bielokouroff quitta femme et enfant pour la France, il s’engagea le 1er décembre 1920 dans le 1er Régiment étranger. Légionnaire, il prit part à la guerre du Rif au Maroc, combattit à El Mers dans le Moyen-Atlas, sous de commandement d’Henri de Bournazel. Il fut cité à l’ordre de la colonne le 8 janvier 1924, Titulaire de la Croix de Guerre des TOE (Théâtres d’opérations extérieures) avec étoile de bronze, par décision ministérielle du 8 février 1924. Nommé sous-lieutenant à titre étranger, l’armée le raya des contrôles le 12 novembre 1924. Il rentra en France, se maria avec Henriette Arenda à Montreuil (Seine, Seine-Saint-Denis) le 7 octobre 1926. Celle-ci travailla dès 1934 comme confectionneuse à l’atelier des Magasins du Printemps à Clichy (Seine, Hauts-de-Seine). Un arrêté d’expulsion était signifié à Basile Bielokouroff le 1er avril 1930, il n’y eut pas de suite.

Basile Bielokouroff était membre du syndicat des opérateurs de cinéma et photographes, situé 51 rue de Bondy, à Paris XIe arr. dont les responsables étaient Leblond et Cimetier. Il avait aussi en tant qu’artisan exercé la profession de nettoyeur de glaces. Il arriva en Espagne le 17 janvier 1937, il venait de France et habitait 33 rue Nollet, à Paris XVIIe arr. (Seine). Il fut affecté à la XVe Brigade internationale, puis Ralph Fox à la XIVe Brigade pendant un mois et demi, puis retour au bataillon Dimitroff XVe Brigade. Enfin à la 129e, composé de tchécoslovaques, yougoslaves, polonais, bulgares et espagnols. Il fut adjoint au commandant du bataillon au front de Jarama et secrétaire du commandant de la Garde nationale à Albacete.

Soldat, Basile Bielokouroff participa à plusieurs combats en première ligne : Jarama (12 février, 24 mars 1937), Guadarrama (23 avril, 8 mai 1937), Brunete (5 au 13 juillet 1937), Estramadure (12 février, 10 mars 1938, Aragon (13 mars au 7 octobre 1938). Il totalisait, selon sa biographie qu’il rédigea le 5 décembre 1938, dix-huit mois passés au front. Il fut blessé deux fois par une balle de mitrailleuse, le 24 février 1937 à la main gauche lors des combats de Jarama et le 13 juillet 1937 au genou gauche à Brunete. Il fut hospitalisé dans quatre hôpitaux différents pendant deux mois.

Il était en accord avec la politique du Front populaire en Espagne, estimant qu’elle correspondait : « aux aspirations du peuple espagnol ». Il eut un affrontement physique avec un commissaire politique le 28 mars 1937 et fut consigné vingt-cinq jours pour « coups et blessures ». Il estimait que cette sanction n’était pas juste, le commissaire ne remplissant pas bien sa mission. Le commissariat de la Brigade le remercia, à la fin septembre 1938 pour avoir désarmé un officier fasciste et remit son arme à l’État-Major.

Sur la fiche individuelle de Basile Bielokouroff, il était indiqué : « ruso blanco ». Il figurait sur la liste des trois cents quarante russes venus combattre en Espagne, avec comme prénom Vasil. Il indiquait qu’il était membre de l’Union des amis de la patrie soviétique, dont le siège était 12 rue de Buci, à Paris VIe arr. Il citait Kovalev comme responsable de l’association. De retour d’Espagne en 1939, il fut interné au camp de Gurs (Basses-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques).

En s’engageant, certains volontaires russes liés aux milieux monarchistes en exil pensaient obtenir le précieux sésame pour favoriser leur retour dans la mère patrie. Basile Bielokouroff espérait obtenir la permission de rendre visite à son fils et à son ex-femme, il n’en fut rien. Le président de l’association était Paul Belooussoff*, son secrétaire trésorier Alexandre Tveritinoff*, véritable homme fort de l’association. Georges Chibanoff*, brigadiste sera chargé d’organiser les anciens d’Espagne. Avant la déclaration de guerre, un arrêt d’expulsion frappera les deux premiers en avril et juin 1939. L’association sera dissoute le 4 avril 1940, en application des dispositions du décret du 26 septembre 1939, sur les organisations communistes.

Lors de la déclaration de guerre en septembre 1939, Basile Bielokouroff reprit du service à la Légion avec le grade de Lieutenant, fait prisonnier par les Allemands dans le département du Nord, il s’évada, rentra à Paris en juillet 1940. Opéré d’un pneumo thorax à l’hôpital Bichat en août, puis à Brevannes (Seine-et-Oise, Val-de-Marne), il séjourna du 27 juin 1941 au 25 août 1943 au sanatorium de Belligneux à Hauteville (Ain).

Il rejoignit son domicile 43 rue Davy à Paris, XVIIe arr., la préfecture de police lui remit un récépissé de demande de carte d’identité valable jusqu’au 28 mai 1944 au titre de manœuvre. Il fut employé dès le 3 septembre 1943 à la Feldpost à la gare de Vaugirard, en qualité de manœuvre trieur de lettres. Basile Bielokouroff fut appréhendé sur le lieu de son travail le 15 mars 1944 par la police Allemande. Incarcéré à la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne), la raison de cette arrestation resta inconnue de la police française qui écrivit dans un rapport son nom phonétiquement Bielocouroff.