ROSAT Marcel, Jules

Par Daniel Grason

Né le 12 février 1895 à Châtenois arrondissement de Neufchâteau (Vosges), mort le 29 novembre 1956 à Paris (XIVe arr.) ; chauffeur ; militant communiste ; volontaire en Espagne républicaine.

Fils de Jules, François, manœuvre et de Marie, Emma, née Dautrey, sans profession Marcel Rosat suivit l’école primaire, appelé en 1914 au 4e Régiment d’Afrique, il participa à la guerre de 1914-1918, il fut nommé caporal. Il épousa le 12 juillet 1924 Berthe, Charlotte Leclerc en mairie du Pecq (Seine-et-Oise, Yvelines). Le couple habita au 103, rue Jean-Jaurès, à Levallois-Perret (Seine, Hauts-de-Seine). Chauffeur mécanicien, il travaillait dans une entreprise de cent quatre-vingt salariés, se syndiqua à la CGTU, puis à la CGT en 1936. Il demanda à Lucien Courson son adhésion au parti communiste en juillet 1934, fut affecté à la cellule 716, fut membre des Amis de l’Union soviétique (AUS) et au Comité de défense de l’Humanité (CDH). Il participa à une école du parti en 1936, lisait l’Humanité et l’hebdomadaire local édité par les sections communistes La Voix populaire. Dans sa biographie de mai 1938, il se recommandait de Lucien Marrane, secrétaire de la section communiste de Levallois-Perret et de Maurice Honel, député communiste de la circonscription.

Il arriva en Espagne en novembre 1937, envoyé par le comité d’aide à l’Espagne républicaine. Il fut incorporé dans la XIVe Brigade internationale, 10e bataillon, 1ère compagnie. Il prit part à la bataille d’Aragon, fut blessé par un éclat d’obus. Il ne prit plus part aux combats, participa aux travaux de fortifications. Comme activiste, il contribua à la rédaction du journal mural. Le responsable des cadres l’appréciait comme un « Bon camarade au bon moral » ayant « un bon état d’esprit antifasciste ».

La Voix populaire du 16 septembre 1938, annonçait par une photographie en première page, une lettre de Marcel Rosat. Sur ce cliché, il posait fièrement et souriant le poing droit levé, sa fillette étant posée sur son bras gauche. Il déclarait : « Ce qu’il y a de remarquable en Espagne républicaine, c’est le moral de la population civile qui ne perd rien de son calme et sa grande confiance en la victoire finale. Je me suis trouvé, un de ces derniers jours dans une ville qui venait d’être bombardée par les avions fascistes ; les habitants, sur le seuil de leur porte, regardaient s’éloigner les appareils de mort, lorsqu’une femme à mes côtés, portant son enfant dans ses bras, leva vers le ciel son bras droit en criant toute sa haine, je me souviendrai pour longtemps des paroles de cette femme que j’ai pu traduire : « Bandits !... Je serais heureuse de mourir si j’étais sûre que la pourriture de mon corps pouvait vous empester tous !... » Cette lettre fut publiée, alors que Marcel Rosat était sur le chemin du retour.

Le 9 décembre 1938, la une de l’hebdomadaire, était publiée une « MISE EN GARDE contre un traître à l’Espagne ». Dans une courte déclaration, la section communiste de Levallois-Perret annonçait qu’elle « chasse publiquement des rangs du Parti le nommé Rosat Marcel et sa femme Berthe. La preuve a été établie que ces tristes personnages n’étaient que de vulgaires agents de Doriot et que leur besogne répugnante consistait à trahir notre Parti en même temps que la cause de l’Espagne républicaine. Les travailleurs sérieux et honnêtes, ainsi que les républicains sincères recevront comme il convient ces agents du fascisme dans les organisations où ils pourraient se présenter ».

Que s’était-il donc passé entre le mois de septembre et décembre ? Marcel Rosat critiqua-il certaines orientations en Espagne ? Fut-il recruté par le Parti populaire français (PPF) de Doriot ? Le PPF tenta d’organiser d’ex-Brigadistes et Espagne républicaine, une assemblée eut lieu le 16 juillet 1938 à Paris où intervinrent Paul Marion, Maurice Yvan Sicard dirigeants du PPF, mais aussi des anciens Brigadistes dont André Durbecq, ex-permanent de la section du PCF de Courbevoie, La-Garenne-Colombes et Robert Dangy de Gennevilliers. Une initiative qui ne regroupa qu’une trentaine de participants le matin et cent vingt l’après-midi. Les orateurs discréditèrent les Brigades internationales, André Marty et sa femme étaient accusés d’assassinats à Albacete. Doriot fondera une Association des miliciens de retour d’Espagne (AMRE), sans grand succès.

L’exclusion publique de Marcel Rosat ne fut pas sans répercussion à Levallois-Perret. En décembre, une déclaration d’anciens volontaires, titrée « Nous ne sommes pas à vendre ! » parue dans La Voix populaire : « Les La Rocque et Doriot doivent comprendre que si quelques aventuriers se sont laissés prendre par un plat de lentilles, il n’en sera pas de même de la majorité des volontaires ».

Marcel Rosat divorça le 3 mars 1945, il mourut le 29 novembre 1956 à Paris XIVe arrondissement.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article137749, notice ROSAT Marcel, Jules par Daniel Grason, version mise en ligne le 28 juillet 2011, dernière modification le 26 mars 2016.

Par Daniel Grason

SOURCES : RGASPI 545.1.31, BDIC mfm 880/1 bis ; RGASPI 545.6.1043, BDIC mfm 880/2 bis ; RGASPI 545.6.1382, BDIC mfm 880/31 ; RGASPI 545.2.39, BDIC mfm 885/46 ; RGASPI 545.2.290, BDIC mfm 880/48. Arch. PPo, BA 1666. – Arch. Mun. Gennevilliers, La Voix populaire, 16 septembre 1938, 9 décembre 1938, 31 décembre 1938. – Skoutelsky Rémi, L’espoir guidait leurs pas, Grasset, 1998. – État civil AD Vosges 4E97/13-81696.

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