BLAT Mordko, Judka

Par Daniel Grason

Né le 17 avril 1909 à Opole en Silésie (Pologne), fusillé comme otage le 15 décembre 1941 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; boulanger.

Né dans une famille juive de Pologne, fils de Joseph et de Izmann, née Hende, Mordko Blat se maria religieusement et civilement le 1er septembre 1936 à Varsovie avec Rywska Pioro, couturière, née en 1908. Le couple quitta la Pologne. Ils vinrent en France en juillet 1937. Mordko Blat fit l’objet de deux refus de séjour, en juillet 1938 et avril 1939, mais obtint le droit de séjourner par voie de sursis mensuels renouvelables. Il ne demanda pas le statut de réfugié politique. Ils demeurèrent 9 rue Robert-Houdin, Paris (XIe arr.), puis 8-10 impasse Dhéron (XXe arr.).
Le gouvernement de Vichy promulgua le premier statut des Juifs le 3 octobre 1940. Mordka Blat ne réussit pas à trouver du travail. Un fils, Michel, naquit le 9 avril 1941. La famille subsistait grâce aux travaux de couture de Rywska.
Il fut arrêté le 29 avril 1941 à son domicile. Lors de la perquisition, un tract ronéoté en yiddish Unzer Vort (Notre parole) fut saisi, et de la correspondance en yiddish qualifiée d’être « à tendance communiste ». Dans un rapport, un inspecteur des Renseignements généraux en fit un membre du Parti communiste. Louis Sadosky en rajouta : « Propagandiste communiste juif, en relation avec d’autres propagandistes notoires. »
Interné à la caserne des Tourelles, il fut transféré le 24 juillet 1941 au camp de Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis) réservé aux Juifs. Désigné comme otage, Mordko Blat fut passé par les armes au Mont-Valérien le 15 décembre 1941 et inhumé à Puteaux.
Après la Libération, Rywska Pioro habita avec son fils 3 rue Grégoire-de-Tours (VIe arr.). Elle demanda des explications au ministère des Anciens Combattants sur ce qui avait motivé l’arrestation de son mari. Un rapport de décembre 1948 imputa celle-ci à la Gestapo. Les Renseignements généraux furent chargés d’une enquête pour connaître les « motifs et les circonstances de l’arrestation de Mordko Blat ». Selon un rapport du 1er juillet 1954, il était considéré « comme suspect au point de vue politique », et son arrestation s’effectua « sur ordre des autorités allemandes. »
Le ministère des Anciens Combattants attribua le 6 décembre 1954 le titre d’« Interné Politique » à titre posthume à Mordko Blat. Celui-ci étant de nationalité polonaise, la mention « Mort pour la France » ne fut pas accordée. Son fils Michel suivit des études de médecine.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article144785, notice BLAT Mordko, Judka par Daniel Grason, version mise en ligne le 7 février 2013, dernière modification le 13 novembre 2020.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo, BA 2439, KB 95, 77W 1659. – DAVCC, Caen, otage B VIII dossier 2 (Notes Delphine Leneveu, Thomas Pouty). – Louis Sadosky, brigadier-chef des RG, Berlin 1942, CNRS Éd., 2009. – Serge Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Site Internet CDJC.

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