FELDMAN Jacob, Nisen

Par Daniel Grason

Né le 12 avril 1899 à Radom (Pologne), fusillé comme otage le 15 décembre 1941 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ouvrier tailleur.

Né dans une famille juive polonaise, Jacob Feldman arriva en France, le 3 octobre 1930 muni d’un passeport polonais visé par le consulat de France à Bruxelles. Il était titulaire d’une carte d’identité française, valable jusqu’au 31 août 1941. Il habita 21 rue Vincent, à Paris (XIXe arr.), puis, le 25 mars 1937, il s’installa dans une chambre meublée, 12 rue Pierre-Bayle (XXe arr.). Il travailla à façon chez différents tailleurs israélites. Le 3 juillet 1941, il fut embauché à la société Unigex, rue de la Roquette (XIe arr.).
Le restaurant Goura, 59 rue du Faubourg-du-Temple, à Paris (Xe arr.), était connu comme un lieu de rendez-vous de communistes juifs. De fait, son patron, Israël Goura, était un militant actif de la sous-section juive du Parti communiste, l’un des fondateurs, en décembre 1932, de la société Arbeiter Orden (Union des travailleurs artisans et marchands forains). Le 13 juin 1941, il y eut une descente de police et vingt-six arrestations dont celle de Jacob Feldman. Son domicile fut perquisitionné, sans résultat, puisque l’inspecteur de police écrivit : « aucune preuve qu’il soit communiste ». Il fut emmené à la Section spéciale de recherche, et interné à la caserne des Tourelles (XXe arr.), puis le 19 août 1941 au camp de Drancy réservé aux Juifs.
Il fut créé au sein des Renseignements généraux, en 1937, une Section spéciale de recherche (SSR) chargée de la surveillance politique des étrangers dans le département de la Seine. Il y eut plusieurs « rayons », « espagnol », « russe », « italien », « allemand », « polonais »... Rompant avec le principe de la nationalité, fut créé en octobre 1941 un « rayon Juif », chargé de surveiller les étrangers comme les Français. Les Allemands étant à Paris, il n’était plus question de les surveiller. La direction du « rayon juif » fut confiée à son ex-responsable, le brigadier-chef Louis Sadosky. Nommé inspecteur principal adjoint en janvier 1941, il n’eut qu’un objectif, donner satisfaction à ses chefs de la direction des Renseignements généraux.
Chargé d’arrêter des Juifs, il ne faillit pas. Il établit un fichier des « Juifs suspects », et il n’hésita pas à falsifier les rapports des inspecteurs qu’il eut sous ses ordres. Lui-même se vantait d’avoir fait fusiller entre soixante et quatre-vingts personnes. Il transforma la personnalité de Jacob Feldman : « Suspect du point de vue politique, sympathisant des théories communistes et susceptible de se livrer à la propagande clandestine en faveur de la IIIe Internationale. Dangereux pour l’ordre public. »
Le 14 décembre 1941, le général Von Stülpnagel fit paraître un « Avis » : « Ces dernières semaines, des attentats à la dynamite et au revolver ont à nouveau été commis contre des membres de l’Armée allemande. Ces attentats ont pour auteur des éléments, parfois même jeunes, à la solde des Anglo-Saxons, des Juifs et des Bolcheviks et agissant selon les mots d’ordre infâmes de ceux-ci. Des soldats allemands ont été assassinés dans le dos et blessés. En aucun cas, les assassins n’ont été arrêtés. » Jacob Feldman, désigné comme otage, fut passé par les armes le 15 décembre 1941.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article144825, notice FELDMAN Jacob, Nisen par Daniel Grason, version mise en ligne le 8 février 2013, dernière modification le 31 juillet 2021.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo., BA 2439, KB 95, 77W 83, 1W 0725. – DAVCC, Caen, otage B VIII dossier 2 (Notes Thomas Pouty). – Louis Sadosky, brigadier-chef des RG, Berlin 1942, CNRS Éd., 2009. – Serge Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit. – David Diamant, Combattants, héros & martyrs de la Résistance, Éd. Renouveau, 1984. – Site Internet Mémoire des Hommes.

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