ANDRIEUX Albert, Gédéon [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean Maitron, Rolf Dupuy, Guillaume Davranche

Né le 1er janvier 1884 à Amiens (Somme), « tué à l’ennemi » le 9 octobre 1915 à Auberive-sur-Suippes (Marne) ; camelot, publiciste ; anarchiste.

Fils d’un employé de commerce, Albert Andrieux fut un militant actif de la Somme, département où le mouvement anarchiste était particulièrement robuste. Il fut notamment le gérant de l’hebdomadaire Germinal de mai 1908 à octobre 1910, puis de nouveau à partir de février 1912, en remplacement de Louise Joly*. Ne se contentant pas d’un rôle administratif, il signa de nombreux articles, dont plusieurs lui valurent des poursuites judiciaires. Outre Germinal, Albert Andrieux collabora à plusieurs titres de la presse libertaire et syndicaliste révolutionnaire dont Le Combat social de Limoges (1907-1909), Le Combat de Lille-Roubaix-Tourcoing (1905-1914), L’Avant-Garde de Benoît Broutchoux (1913-1914) et Le Grand Soir d’Arras (1911-1914) qui était en quelque sorte une édition régionale de Germinal.

Le 1er mai 1909, Albert Andrieux participa au meeting et au défilé à Escarbotin, où existait un groupe anarchiste dynamique.

Aux élections législatives de 1910, il prit part à la campagne antiparlementaire (voir Jules Grandjouan) et fut candidat abstentionniste dans la 2e circonscription d’Amiens. Il recueillit 32 voix.

Le 26 juin 1910, il fut délégué du groupe anarchiste d’Amiens au congrès fondateur de la Fédération révolutionnaire de la Somme (voir Théodore Graux).

Le 18 octobre 1910, durant la grande grève des cheminots, il fut arrêté pour un article appelant au sabotage, mais bénéficia d’un non-lieu.

Il prit part aux manifestations contre la vie chère en octobre 1911, et à un meeting antimilitariste à Ailly-sur-Somme, en avril 1912, au cours duquel il exalta le drapeau rouge et affirma que tous les moyens étaient bons pour éviter la guerre.

Du 15 au 17 août 1913, il fut délégué au congrès anarchiste national, à Paris. Après son retour, les locaux de Germinal furent perquisitionnés le 20 août, et la police saisit des exemplaires de l’édition du 29 mai, qui titrait « Bravo, les soldats ! » au sujet des mutineries dans les casernes. Andrieux fut inculpé pour excitation de militaires à la désobéissance.

Le 19 juillet 1914, en tant que gérant de Germinal, Andrieux fut inculpé pour apologie de l’assassinat de l’archiduc héritier d’Autriche, en même temps que Georges Gillet*, gérant du Grand Soir, qui avait publié le même article.

En septembre, il fut déféré devant le conseil de guerre de la 1re Région militaire à Limoges, après dessaisissement de l’autorité civile. Incorporé ensuite au 8e bataillon de chasseurs à pieds, il fut expédié au front. Il devait y trouver la mort.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article153782, notice ANDRIEUX Albert, Gédéon [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, Rolf Dupuy, Guillaume Davranche, version mise en ligne le 3 avril 2014, dernière modification le 21 mai 2014.

Par Jean Maitron, Rolf Dupuy, Guillaume Davranche

SOURCES : Collection de Germinal, période 1905-1912 (Bibl. Nat. JO 85 053 et 85 053 bis). — Annuaire départemental de la Somme — Arch. Dép. Pas-de-Calais, M 4909 — Le Gaulois, 21 août 1913 et du 20 juillet 1914 — Le Matin du 21 août 1913 — René Bianco « Cent ans de presse... », op. cit. — SGA/ministère de la Défense.

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