PIDOUX Jeanne [Dictionnaire des anarchistes]

Par Marianne Enckell

Née le 24 août 1896 à Mollens (canton de Vaud, Suisse), comptable, anarchiste.

En 1916, Jeanne Pidoux habitait chez ses parents à Coppet (son père y était instituteur) et travaillait comme comptable à Genève chez Tapis Chavan. Elle fut repérée par la police en novembre 1916, qui lui attribua divers "amis", Valtolini, Vaskoff, Meazza, Matteuzzi : "toujours vêtue de noir, sans aucune élégance, elle porte un béret genre chasseur alpin, rejeté en arrière" et une fleur rouge au corsage.

En janvier 1917, la police déclara qu’elle devait recevoir de Zurich un paquet de cartouches de dynamite, qu’elle aurait dû transporter à Genève. Elle se serait en effet rendue à Zurich, selon sa jeune sœur, acheter "des cartouches spéciales pour son revolver".

Active dans le mouvement ouvrier à Genève, elle organisa notamment le Premier Mai en 1917. Mais, ce jour-là, le veilleur de nuit de Tapis Chavan fut assassiné par Théodore Vaskoff, qui logeait dans la maison (né le 26.2.1895 à Salonique, serrurier de profession). Jeanne Pidoux, qui avait été liée à lui, fut arrêtée et détenue plusieurs jours. Quelques jours plus tard, son employeur découvrit que 4800 francs avaient disparu de la caisse ; un employé aurait vu aussi que Vaskoff avait passé discrètement les clefs du coffre "à celle qui était alors son amie" et qui ne devait donner les clefs à personne.

Vaskoff fut condamné à la prison à perpétuité ; en 1922, Bertoni chercha à intervenir pour que sa peine soit réduite. Mais il fut extradé en Yougoslavie en décembre 1933.

En mai 1918, enceinte, Jeanne Pidoux fut arrêtée en pleine nuit pour l’affaire dite des bombes de Zurich (voir Louis Bertoni), et accusée d’avoir diffusé un tract du Réveil avec les paroles de La Marseillaise. Elle fut libérée après 17 jours, sans procès. Sa fille Irène Silvia est née le 8 juillet 1918 ; le 14 septembre, elle se maria avec le père de la fillette, Giovanni (Jean) Matteuzzi ou Matteozzi. Ce dernier étant expulsé de Suisse en novembre 1919, le couple quitta son logement de la rue Violette à Genève.

Jeanne Pidoux s’est établie par la suite en Italie, où vivait sa fille Barbara Coggiola, et a participé aux activités de la Fédération communiste libertaire milanaise dans les années de l’immédiat après-guerre, avec Carlo Doglio, Virgilio Galassi entre autres, et à la gestion du journal Il Libertario. Elle avait été surveillée jusqu’en 1942. Elle a publié des souvenirs sur Bertoni en 1947, dans Il Libertario.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article155493, notice PIDOUX Jeanne [Dictionnaire des anarchistes] par Marianne Enckell, version mise en ligne le 11 avril 2014, dernière modification le 9 septembre 2020.

Par Marianne Enckell

SOURCES : Le Réveil anarchiste, 1917-1918 — Service de la police administrative et judiciaire, Genève, AEG 2008 va 50.2.263. — "Un lato poco noto di Bertoni", Il Libertario, Milano 26.2.1947. — Gazette de Lausanne, 2 mai 1917. — Notes de Gianpiero Bottinelli.

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