PARISOT Louis, Célestin [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean Maitron, notice complétée par Guillaume Davranche et Jean-jacques Doré

Né le 18 mai 1879 à Beaucharmoy (Haute-Marne), mort le 10 février 1966 au Havre (Seine-Maritime) ; vigneron puis terrassier ; secrétaire du syndicat CGT des Terrassiers du Havre de 1936 à 1939 ; anarcho-syndicaliste.

Fils de vignerons, anarchiste, Louis Parisot, devenu terrassier après son service militaire de 1900 à 1903 dans les chasseurs à pied, voyagea au gré des chantiers à Langres (Haute-Marne) en 1904, à Sens (Yonne) en 1906, à Saintes (Charente-Inférieure, Charente-Maritime) en 1907, Bordeaux (Gironde) puis Lisieux (Calados) en 1910 avant de se fixer au Havre en novembre 1911, 111 rue Hélène.

Il était, en 1912, délégué de la section des terrassiers au syndicat général du Bâtiment du Havre. Avec 1 000 adhérents, soit 100 % de la corporation, les terrassiers constituaient la pièce maîtresse du syndicat du Bâtiment où Parisot jouait un rôle important.

En mars 1912, il fut, avec Raoul Lenotre dit "Baudoin"* et Constant Benoist dit "Cantin"*, un des fondateurs du groupe havrais des Amis de La Bataille syndicaliste.

Pendant la Grande Guerre, il fut pacifiste. En janvier 1916, il contribua à la reconstitution du syndicat des Terrassiers, dont il fut trésorier, Constant Benoist étant secrétaire. Redevenu syndicat à part entière, l’organisation adhéra bientôt au au Comité de défense syndicaliste (CDS) et joua un grand rôle dans la minorité révolutionnaire de l’Union locale du Havre. Parisot était alors l’unique délégué pacifiste (minoritaire) à l’Union, et il fut l’un de ses orateurs au meeting du 1er mai 1917.

Trésorier des Terrassiers en 1917 et en 1918, il participa le 16 mai 1918 au déclenchement d’un mouvement de grève au Havre, dans le cadre du plan du CDS d’une grève générale pour la paix. Il fut arrêté le 17 mai par la police et ne put donc participer au congrès des syndicats minoritaires à Saint-Étienne. Délégué au congrès confédéral CGT de juillet 1918 à Paris, il vota contre le rapport moral.

En 1919, il était de nouveau secrétaire des Terrassiers. Signe de la progression des minoritaires sur Le Havre, le congrès de l’Union locale le 1er juin 1919, désigna comme propagandistes trois majoritaires (Louis François, Montagne, Duchateau) et trois minoritaires (Legrain*, Coursolles*, Parisot).

À la fin de 1920, il fut un des artisans de la création du Comité syndicaliste révolutionnaire du Havre en 1920. Le syndicat des Terrassiers fut la première organisation à y adhérer. Les CSR avaient été créés au lendemain du congrès confédéral de Lyon (septembre 1919) par les minoritaires de la CGT prônant l’adhésion à la IIIe Internationale, dans le but de conquérir les directions des Unions, Fédérations et syndicats. Celui du Havre vit le jour le 28 décembre 1920, il comptait alors 60 membres.

En janvier 1922, le syndicat des Terrassiers rejoignit la CGTU et se prononça peu après pour l’adhésion à la IIIe Internationale, Louis Parisot s’y opposa et constitua une fraction minoritaire anarcho-syndicaliste. Il restait cependant l’un des militants les plus actifs et, lors de la grève des terrassiers de la gare du Havre, il fut arrêté le 15 janvier 1924 en compagnie du secrétaire Van Peenne et condamné à deux mois de prison pour entrave à la liberté du travail le 3 mars. Cette même année le syndicat décida de quitter la CGTU pour l’autonomie, mais en 1928 il choisit à nouveau l’adhésion à la CGTU. Parisot, hostile à la main mise communiste sur l’organisation se résolut à faire scission pour constituer un nouveau syndicat autonome des Terrassiers du Havre dont il fut élu secrétaire en 1928 et 1929. L’organisation comptait 138 adhérents et Parisot était assisté de Pierre Le Gall (secrétaire adjoint), Marcel Due (trésorier) et Armand Dupin (trésorier adjoint).

La fusion entre les autonomes et les unitaires fut réalisée le 29 janvier 1936 et, Parisot malgré de piètres qualités d’orateur, restait très populaire, il fut plébiscité pour diriger à nouveau le syndicat. Réélu sans interruption jusqu’en 1941, il renonça alors à toute activité syndicale ; il avait 62 ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article156601, notice PARISOT Louis, Célestin [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, notice complétée par Guillaume Davranche et Jean-jacques Doré, version mise en ligne le 6 août 2020, dernière modification le 1er février 2021.

Par Jean Maitron, notice complétée par Guillaume Davranche et Jean-jacques Doré

SOURCES : Arch. Nat. F7/13619. — Arch. Dép. Seine-Maritime, 10 MP. 1408 Bureaux syndicaux 1918-1919, 4 MP 2800 Les "1e août" 1929-1933, 10 MP 1334 Grèves 1925-1928, 4 MP 55, État civil, Registre matricule militaire. — John Barzman, Dockers, Métallos, Ménagères. Mouvements sociaux et cultures militantes au Havre, 1912-1923, PURH, 1997. — Groupe libertaire Jules Durand, Cent vingt ans d’anarchisme au Havre, Éditions du Libertaire, 2000.

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