CROZET Pierre (dit Aramis, dit Rossi) [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean Maitron, notice complétée par Dominique Petit

Né à Saint-Étienne (Loire), le 12 octobre 1864, mineur puis contrebandier et cambrioleur.

Ami de Ravachol, Pierre Crozet avait formé avec lui une association dite des « quatre mousquetaires » : Porthos-Ravachol, Aramis-Crozet ; Athos et Dartagnan étant deux ouvriers qui rompirent ensuite avec l’anarchisme. Le lieu de réunion était chez Crozet, où ils s’entraînaient aux exercices de sport.

Après l’assassinat de l’ermite de Chambles par Ravachol, Crozet l’aida à transporter l’argent volé chez Rullière, le mari de la maîtresse de Ravachol. Il prétendit ne pas savoir ce qu’il transportait, croyant que c’était de l’alcool de contrebande. En effet à cette époque il faisait avec Ravachol de la contrebande d’alcool en provenance d’Algérie, où tous deux se rendaient pour s’approvisionner. Selon Crozet, c’était à cette occasion qu’il l’avait connu.

La cour d’assises de la Loire le condamna le 12 décembre 1891 à un an de prison pour complicité de vol qualifié dans l’affaire de l’ermite.

En 1895, deux bicyclettes avaient été volées, quelques jours après l’une des machines était trouvée à Andrézieux en la possession du jeune Mitaine. Ce dernier ayant été vu en compagnie de Crozet, on supposa que ce dernier était complice. La brusque disparition de Crozet confirma les soupçons.

A l’audience du tribunal correctionnel de Saint-Etienne le 5 novembre 1895, Mitaine chercha à disculper son co-accusé, cela ne réussit pas, car Crozet qui avait déjà des antécédents fut condamné à 1 an de prison par défaut, Mitaine à 3 mois.
Le 19 décembre 1898, la cour d’assises de la Loire le condamna à 20 ans de travaux forcés par contumace pour vols qualifiés et complicité. Crozet aurait commis le vol d’un service à café en porcelaine dans une roulotte, service qui fut donné ensuite à la sœur d’un complice. D’après le journal le Matin, il aurait cambriolé le coffre-fort d’un négociant, rue de la Préfecture à Saint-Etienne. Lors de son procès en décembre 1896, la cour d’assises lui accorda des circonstances atténuantes pour cette obscure affaire et il fut condamné 2 ans de prison.
Enfin, le 17 février 1899, il fut condamné pour un autre vol, par le tribunal de Saint-Etienne, à 3 ans de prison, par défaut.

Crozet s’associa à Gaspard Bachelard pour commettre plusieurs cambriolages. Il fut accusé d’avoir, dans la nuit du 31 mars au 1er avril 1902, commis un vol de bijoux pour un montant de 12 000 francs, aux Galeries Parisiennes à Toulouse. Etant en fuite, la cour d’assises de Haute-Garonne le condamna par contumace à 20 ans de travaux forcés en 1902.

Crozet vécut sous une fausse identité, se faisant appeler Rossi, il revenait dans sa famille à Saint-Jean-Bonnefonds ou à Saint-Etienne chez sa maîtresse, déguisé en curé, en moine ou en soldat. Il avait juré de tuer quiconque tenterait de l’arrêter, et était toujours armé de revolvers ou de poignards.

Début mai 1906, à Saint-Chamond, les ouvriers carriers de MM. Meunier frères, découvrirent un attirail de cambrioleurs dans un atelier de forge. Ils tendirent une souricière et purent s’emparer des trois cambrioleurs qui venaient reprendre leur matériel. Ils les conduisirent à la gendarmerie où les gendarmes allaient les fouiller, lorsque Crozet sortit un pistolet et blessa deux gendarmes. Les ouvriers, attirés par les détonations, terrassèrent les cambrioleurs et les ligotèrent.

Le 15 décembre 1906, Crozet comparut devant la cour d’assises de la Loire. L’accusation lui reprocha 8 vols dont 5 commis avec ses complices Jean-Baptiste Barlay et Marc Laval. Crozet fut condamné à 12 ans de travaux forcés et 20 ans d’interdiction de séjour, Barlay à 8 ans de travaux forcés et 10 ans d’interdiction de séjour et Laval à 2 ans de prison.

Après sa condamnation, il quitta la maison d’arrêt de Montbrison, accompagné de deux gendarmes qui le conduisirent à Toulouse, pour être jugé par la cour d’assises de la Haute-Garonne : celle-ci l’avait condamné, par contumace, pour le vol aux Galeries Parisiennes, à 20 ans de travaux forcés. Crozet nia être l’auteur de ce vol, selon lui c’était Bachelard qui lui avait amené les bijoux dans une sacoche, un soir, lui expliquant qu’il avait acheté un lot de bijouterie pour le revendre au détail.

Il fut condamné à 2 ans de prison qui se confondirent avec les 12 ans de travaux forcés de la cour d’assises de la Loire. Il fut envoyé au bagne de Guyane, dont il s’évada le 9 mai 1908.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article156687, notice CROZET Pierre (dit Aramis, dit Rossi) [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, notice complétée par Dominique Petit, version mise en ligne le 26 février 2014, dernière modification le 26 mars 2020.

Par Jean Maitron, notice complétée par Dominique Petit

SOURCES : Arch. Dép. Cher, 25 M 139, État vert n° 1. — Jean Maitron, Histoire du Mouvement anarchiste... op. p. 202. — Le Stéphanois, Mémoire Actualité en Rhône-AlpesLe Petit Parisien, Le Matin, La Lanterne, L’Humanité, Le Rappel, Gallica — L’Express du midi, Rosalis, bibliothèque numérique de Toulouse — ANOM, COL H5395.

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