PIRIOU Marcel, François

Par Alain Prigent

Né le 6 janvier 1923 à Soissons (Aisne), mort le 5 octobre 2009 à Lorient (Morbihan) ; ouvrier à l’arsenal de Lorient ; FTP ; secrétaire général de l’union départementale CGT du Morbihan (1955-1958 puis 1962-1975), secrétaire régional CGT (1970-1983) ; secrétaire de la fédération du PCF du Morbihan (1950-1954) puis membre du bureau (1954-1985) ; conseiller municipal de Lorient (1951-1977).

Marcel Piriou
Marcel Piriou

Marcel Piriou était le fils de François Piriou, tailleur de pierre breton qui travaillait à la reconstruction des régions dévastées par la Grande Guerre, et de Marie Anne Coroller, ménagère.
La famille revenue en Bretagne en 1925 s’installa à Scaër (Finistère) d’où elle était originaire puis à Lorient où le père travaillait. Marcel Piriou fréquenta l’école primaire publique de la rue Fénelon à Lorient. À 14 ans après avoir passé son certificat d’études, il entra comme apprenti à l’arsenal de Lorient le 1er septembre 1937. Affecté à l’artillerie navale, il apprit le métier d’ajusteur. Après la grève du 30 novembre 1938, contacté par des militants des jeunesses socialistes, il adhéra à la CGT suivant ainsi l’engagement de son père qui était le porte-drapeau du syndicat CGT des tailleurs de pierre de Lorient. Marcel Piriou assista impuissant à l’installation des troupes d’occupation à l’arsenal de Lorient fin juin, début juillet 1940. Il participa le 24 octobre 1942 à une manifestation spontanée lors du départ de 200 ouvriers professionnels de l’arsenal pour l’Allemagne. Les bombardements alliés sur la ville au début de l’année 1943 détruisirent l’immeuble où vivait la famille de Marcel Piriou qui se replia à nouveau à Scaër. Refusant de rejoindre Bordeaux pour travailler dans une base de la marine allemande, il fut embauché par un petit entrepreneur à qui les papeteries Bolloré avaient confié un chantier. En mars 1944 il fut contacté par un groupe de Résistance FTP auquel il adhéra. Début avril, il fut arrêté lors de la rafle de Scaër puis relâché avec ses camarades après trois semaines d’incarcération. Il participa à l’attaque contre la prison Saint-Charles à Quimper puis aux combats de Kernabat (Finistère) le 14 juillet 1944. Il fit connaissance de François Kersulec, militant du PC clandestin, au sein du maquis de Trégourez (Finistère) puis participa à la Libération de Quimperlé puis de la presqu’île de Crozon (Finistère) à la fin de l’été 1944. Intégré au troisième bataillon FTP-FFI du Finistère qui participa aux combats sur le Front de Lorient, il fut démobilisé en décembre 1945, réintégrant alors l’artillerie navale à la base sous-marine de Kéroman.
En 1946 il fut élu par le comité directeur de l’association des anciens FTP, responsable à la propagande. Militant de la CGT il fut d’abord collecteur, assurant le classement des cartes et des timbres mensuels puis délégué d’atelier. Il fut délégué au congrès national en 1947. En novembre 1947, pendant la grève, il fut chargé de la sécurité du secrétaire du syndicat CGT de l’arsenal de Lorient, René Bonnaire. Le 6 février 1950 il participa à une action qui fut sévèrement réprimée par les forces de l’ordre au sein de l’arsenal. Fin mars 1955 il succéda à René Bonnaire au poste de secrétaire général de l’union départementale des syndicats CGT du Morbihan. En février 1957, il organisa la campagne d’opinion afin de soutenir Armand Guillemot et Léon Albor, militants de la CGT condamnés à deux mois de prison pour avoir signé un article dans l’organe de la CGT, Le Travailleur du Morbihan, contre la guerre en Algérie. Prolongeant son congé sans solde jusqu’en juin 1958, il décida alors de réintégrer l’arsenal. Il fut remplacé à la tête de l’UD par Pierre Le Bouhart (1959-1960). Élu secrétaire adjoint du syndicat CGT de l’arsenal, Marcel Piriou oeuvra au redressement de l’organisation syndicale, les effectifs passant de 400 à 1100 adhérents en août 1962 au moment où il quitta une nouvelle fois l’arsenal. Elu secrétaire général de l’union départementale CGT en août 1962, il succéda à Armand Guillemot, devenu l’un des secrétaires de la fédération du PCF du Morbihan. Occupant cette responsabilité pendant plus d’une décennie, il joua un rôle central dans le conflit des Forges d’Hennebont puis pendant les grèves de mai-juin 1968. Elu secrétaire du comité régional CGT Bretagne en 1970, il fut remplacé en 1983 par Collet. Attentif à l’histoire syndicale, il devint le premier président de l’Institut CGT d’Histoire Sociale de Bretagne. Son livre "Quai des humbles" qui retrace sa vie montre combien son histoire personnelle se confondit avec l’histoire des luttes syndicales du Morbihan.
Adhérant du PC clandestin depuis 1943, il milita à la Libération aux JC (jeunesses communistes). Il était selon un rapport de Roger Rio, secrétaire de la fédération, « un militant très sérieux du comité de section de Lorient, membre du comité directeur des FTPF ». En conséquence, il fut élu au comité fédéral. Le 19 janvier 1950, il devint secrétaire à l’organisation de la fédération poste qu’il occupa jusqu’en juillet 1954. Afin d’assumer toutes ses responsabilités il demanda un congé sans solde d’un an à l’arsenal qui fut accepté en décembre 1951. Il fut le seul élève de l’école centrale d’un mois en provenance du Morbihan en 1952. Dans le même temps, il occupait également le poste de secrétaire du comité du Morbihan du Mouvement de la Paix en 1951. Il participa à la réunion régionale du PCF de Rennes en juin 1952 avec Jacques Duclos avant l’Affaire des pigeons. Son nom, ainsi que celui de tous les participants, fut cité dans la campagne de presse qui suivit. Marcel Piriou fut plongé dans la crise que connut la fédération du Morbihan, lorsque Roger Rio, premier secrétaire, fut écarté en 1952 au profit de Roger Le Hyaric. Il siégea ensuite au bureau de la fédération pendant trois décennies, bureau dirigé à partir des années 60 par Armand Guillemot. Il quitta cette instance en 1985 à sa demande. Il fut élu membre du comité régional du PCF à l’issue de sa première réunion à Lorient le 19 février 1980.
Candidat aux municipales en 1947, il ne fut pas élu bien que figurant en 2e position sur la liste. Le scrutin permettant le panachage et le vote préférentiel, le plaça en 14e position, le groupe PC eut 13 élus. La démission du maire socialiste Julien Le Pan provoqua des élections municipales anticipées qui se déroulent le 2 décembre 1951. Charles Le Samedy, militant communiste, devint maire dans une configuration complexe (PCF, 13 élus ; SFIO, 5 élus ; droite, 13 élus, autre droite, 2 élus). Marcel Piriou qui se trouvait en deuxième position sur la liste participa activement à l’équipe de « jeunes » qui formait le bureau municipal, quatre militants ayant moins de trente ans. En 1953, après la perte de la mairie au profit de Jean Le Coutaller, SFIO, il fut élu au conseil municipal dans l’opposition. Il siégea ensuite au CM jusqu’en 1977 sous les mandatures d’union de la gauche conduite par Yves Allainmat (PS) puis Jean Lagarde (PS).
Il se maria le 16 mai 1953 à Lorient (Morbihan) avec Thérèse Le Bigot. Son épouse, ménagère, milita à l’UFF (Union des femmes françaises). Le couple eut trois enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159131, notice PIRIOU Marcel, François par Alain Prigent, version mise en ligne le 17 juin 2014, dernière modification le 20 février 2017.

Par Alain Prigent

Marcel Piriou
Marcel Piriou
Marcel Piriou en 1951
Marcel Piriou en 1951
Les conseillers municipaux de Lorient en décembre 1951 avec Jacques Duclos.
Les conseillers municipaux de Lorient en décembre 1951 avec Jacques Duclos.
Marcel Piriou (premier à gauche, debout). Au premier rang Louis Guiguen, député, Jacques Duclos et Charles Le Samedy

ŒUVRE : Marcel Piriou, Quai des Humbles, VO Éditions, 2001.

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Bretagne Nouvelle, hebdomadaire des fé dérations du PCF de Bretagne (1968-1981). — Notes de François Prigent. — Questionnaire biographique daté du 12/01/1950 consulté par Paul Boulland.

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