BENOIST Charles, Claude

Par René Lemarquis, Claude Pennetier

Né le 28 janvier 1901 à Crosne (Seine-et-Oise, Essonne), mort le 15 février 1988 à Crosne ; cheminot ; militant syndicaliste et communiste ; premier adjoint avant-guerre puis maire de Villeneuve-Saint-Georges (Seine-et-Oise, Val-de-Marne) en 1946-1947, député de Seine-et-Oise (1936-1942, 1945-1958).

Charles Benoist dans les années 1930
Charles Benoist dans les années 1930
Assemblée nationale, Notices et portraits, 1936

Issu d’une famille ouvrière, orphelin à deux ans, entré en apprentissage à treize, il avait dû aider sa mère dès 1914, son beau-père mobilisé étant décédé en 1917. Après son service militaire qu’il fit dans l’aviation en 1921, il travailla à partir de 1923 comme chaudronnier aux ateliers de la SNCF à Villeneuve-Saint-Georges, s’inscrivit au Parti communiste en 1925 et au syndicat où il devint délégué du personnel et délégué à la sécurité, membre de la commission exécutive fédérale et secrétaire.

Les premières années de son activité militante se déroulèrent en Seine-et-Marne ; il y avait d’abord conservé son domicile à Melun, alors même qu’il travaillait à Villeneuve. Son antimilitarisme ardent l’avait mis très en vue dans les milieux communistes du département, aussi fut-il nommé en 1927 au comité régional de la Région parisienne du PC. En mai 1929, c’est à Melun qu’il fut pour la première fois candidat aux élections municipales, porté sur la liste du Bloc ouvrier et paysan (BOP). Il fut dans ces années 1925-1929, à partir de différents postes à responsabilité, un des artisans du développement et de la consolidation du PC dans la région de Paris-Sud. Élu conseiller prud’homme en 1929, il fut réélu en 1935 et désigné comme vice-président du conseil prud’hommal. De 1933 à 1935, il fut secrétaire de l’Union Paris, Lyon, Méditerranée (PLM, Paris-Lyon-Marseille) et membre de la commission exécutive de la Fédération unitaire des cheminots. Installé en Seine-et-Oise (il habitait impasse Guérin à Valenton en 1936), il y fit rapidement carrière politique, à la grande surprise de la police qui l’avait à ses débuts considéré comme dépourvu de toute influence dans la région de Villeneuve-Saint-Georges. C’est là qu’il fut élu conseiller municipal en 1935, puis désigné comme premier adjoint au maire Henri Janin (1935-1939). À ce poste il reçut la présidence de la commission scolaire, du club sportif et s’attacha spécialement aux œuvres enfantines et de la jeunesse.

En avril 1936, il fut présenté par le PC aux élections législatives dans la 3e circonscription de Corbeil (Seine-et-Oise, Essonne), le candidat socialiste SFIO étant René Coeylas. Il recueillit 10 101 voix sur 26 456 votants et 29 718 inscrits (René Coeylas, 6 424 voix). Au 2e tour, Charles Benoist fut élu par 15 445 voix. Député, il fit partie des commissions de l’administration générale, de l’hygiène et de la santé. Il fut l’auteur de propositions de lois sur les allocations familiales pour tout enfant à charge, sur les crèches et les garderies d’enfants. Plusieurs débats suscitèrent ses interventions ; ainsi ceux qui eurent pour objet l’aménagement de la région parisienne (1936), le service du contrôle du chômage, les taxes sur l’essence (1937), l’équipement sportif (1938), les problèmes sociaux en général (titularisations, abattements). À Villeneuve-Saint-Georges, le 31 août 1938, il organisa une réunion pour protester contre la politique sociale du gouvernement Daladier, au nom de l’Union locale des syndicats de cheminots de cette ville.

Ayant refusé de condamner le Pacte germano-soviétique, il fut arrêté le 7 octobre 1939 puis déchu le 20 février 1940 de ses mandats électoraux. Le 20 mars 1940, il fut parmi les accusés du procès intenté à quarante-quatre parlementaires communistes et condamné à cinq ans de prison, cinq ans de privation des droits civiques et 4 000 francs d’amende. Déporté en Algérie en avril 1941 à Maison-Carrée, il fut libéré le 5 février 1943 et devint responsable du Parti communiste pour les militaires (instructeur régional d’Alger). Maurice Thorez portait, en février 1943, un jugement favorable sur Charles Benoist : « Dévoué et sûr. Bonne attitude au procès [des députés communistes] ».

À la Libération, il fut rétabli maire adjoint de Villeneuve-Saint-Georges et devint membre du bureau fédéral du PCF de Seine-et-Oise. Il était aussi vice-président de la Fédération nationale des sinistrés. Lorsque le maire, Henri Janin mourut le 15 juin 1946, Charles Benoist fut jugé défavorablement par Robert Ballanger et André Marty pour son attitude politique « peu claire » dans une note du 16 juin 1947. On lui reprochait, d’une part, d’avoir fait éditer une brochure mettant sur le même plan Henri Janin et le Docteur Quenouille (élu d’avant 1939, résistant dans le réseau du socialiste Boutbien et mort en déportation à Neuengamme) dans le but de diminuer le premier pour que son fils ne soit pas maire aux élections municipales futures (19 novembre 1947) ; d’autre part, d’avoir refusé d’attendre ces élections pour annoncer sa séparation d’avec sa femme, portant ainsi « un préjudice sérieux au Parti » (il divorça le 12 avril 1949, sa deuxième compagne était « croyante et sympathisante au parti »). Benoist fut maire du 28 juin 1946 au 24 octobre 1947. Il fut député aux deux Assemblées constituantes et réélu en mai 1946, juin 1951, janvier 1956. Il siégea aussi comme juge titulaire à la Haute Cour de Justice. À cette période de son activité législative, il intervint surtout dans les questions concernant les moyens de communication, la SNCF, les dommages de guerre, les territoires d’Outre-mer.

Non réélu en 1958, il fixa son domicile à Vincennes (Seine, Val-de-Marne) puis dans le Vaucluse.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16254, notice BENOIST Charles, Claude par René Lemarquis, Claude Pennetier, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par René Lemarquis, Claude Pennetier

Charles Benoist dans les années 1930
Charles Benoist dans les années 1930
Assemblée nationale, Notices et portraits, 1936
Charles Benoist dans les années 1940
Charles Benoist dans les années 1940
Assemblée nationale, Notices et portraits, 1946
Charles Benoist dans les années 1950
Charles Benoist dans les années 1950
Assemblée nationale, Notices et portraits, 1956

SOURCES : Arch. Dép. Seine-et-Oise, 4 M 30 et 31, 2 M 35, 36, 37, 38. — Arch. Ass. Nat., résultats électoraux. — Arch. Komintern, RGASPI 495 270 48. — Dictionnaire des parlementaires français, 1889-1940 ; 1944-1958. — État civil de Crosne, l’acte de naissance n’a pas été trouvé. — Notes de Robert Balland.

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