BUIRON Nestor, Guislain

Par Yves Le Maner et Gaston Prache

Né le 10 décembre 1881 à Cattenières (Nord) ; mort le 21 avril 1952 à Cambrai (Nord) ; ouvrier métallurgiste, employé de chemin de fer, puis employé de commerce ; militant syndicaliste, socialiste, puis communiste et coopérateur du Nord ; directeur et administrateur de sociétés coopératives.

Né dans une famille ouvrière et paysanne d’un petit village du Cambrésis, Nestor Buiron travailla d’abord comme ouvrier métallurgiste puis à la Compagnie des chemins de fer du Nord avant de devenir employé des Ponts et Chaussées puis livreur au service d’une importante Maison de cafés de Cambrai. Syndiqué en 1906, il adhéra à la même époque au Parti socialiste SFIO. Mobilisé dans l’infanterie en 1914, il fut blessé en Artois en 1915, ce qui lui a valu la croix de guerre. Dès sa démobilisation en 1919, il fut élu secrétaire du syndicat des ouvriers de l’Automobile et des Transports de Cambrai et entra à ce titre à la commission administrative de l’Union départementale des syndicats du Nord. Délégué au congrès extraordinaire de la CGT de décembre 1920, il fit partie de la commission des rapports. Lors du congrès de l’UD tenu à Lille le 26 juin 1921, il se rangea parmi les minoritaires ce qui entraîna son exclusion de la CA ; membre de la CGTU dès la scission, il dut attendre 1924 pour entraîner son syndicat dans l’affiliation à la nouvelle Confédération. Élu conseiller prud’homme et conseiller municipal de Cambrai en 1919 avec son camarade Jules Debut (ils étaient les premiers élus socialistes de cette cité), il opta pour le Parti communiste au lendemain du congrès de Tours et en fut l’un des principaux dirigeants à Cambrai aux côtés de Marcel Delcroix*. Battu sous sa nouvelle étiquette aux élections au conseil d’arrondissement dans le canton de Cambrai-Est en 1922, il échoua également lors du renouvellement du conseil municipal en 1925. En désaccord avec la nouvelle ligne de la direction entrée en vigueur en 1924, il quitta le PC et la CGTU en 1926.
Comme la plupart des dirigeants ouvriers du Cambrésis, Nestor Buiron orienta l’essentiel de son action dans le domaine de la coopération, contribuant à faire de cette région une zone pionnière au niveau national.
Sociétaire de la Boulangerie coopérative « La Mutuelle de Saint-Cloud » à Cambrai ainsi que de la coopérative ouvrière « L’Avenir », aux côtés de Debut* et de Courtin* il contribua à la fusion de celle-ci avec la jeune Union coopérative régionale, l’UDC du Cambrésis, fondée sous l’impulsion d’Edmond Bricout*. Bientôt désigné comme directeur-administrateur délégué, Buiron devint aussitôt le bras-droit de Bricout (dès l’automne 1919) et le resta jusqu’à sa mort en 1952, soit pendant plus de trente-deux ans dont vingt-six de fonctions permanentes dans la société devenue depuis 1931 « Les Coopérateurs d’Escaut et Sambre ». Dans cette tâche, il s’occupa principalement de l’organisation et du fonctionnement des services de production : boulangerie, brasserie, services annexes de garage, de menuiserie, de peinture et de l’important service des transports ; il se chargea également des problèmes d’installation des magasins, des baux, des assurances, du contentieux. Hors de la société, mais toujours dans le domaine coopératif, Buiron siégea au conseil d’administration de la « panification moderne », société des moulins coopératifs de la région du Nord, créée à l’initiative tenace de Louis Legrand*, directeur de l’UDC de Flandre et d’Artois, et il en devint président en 1933, à la mort de Paul Foucaut*, puis président-directeur général à partir de 1941. À ce titre, il participa longtemps aux travaux de la commission départementale des céréales (Office national interprofessionnel du blé), à Lille, ainsi qu’à ceux de plusieurs comités préfectoraux consultatifs.
Membre du conseil fédéral des coopérateurs de la région Nord, il fit partie de la commission de réorganisation générale du mouvement coopératif en 1935 et fut élu président du premier Comité coopératif national constitué dans le courant de la même année. Il dirigea cet organisme pendant deux ans, ce qui lui valut de présider les débats des deux congrès nationaux de la FNCC de 1936 et 1937, respectivement réunis à Reims et à Paris. Il devait plus tard accéder à la vice-présidence du comité national (1946), et ce jusqu’à sa mort. Sa grande compétence en matière de gestion firent de Nestor Buiron un conseiller privilégié auprès des sociétés en difficulté : ainsi, en 1934-1935, il fut chargé de redresser la situation de la vieille coopérative parisienne « La Bellevilloise » dont il présida durant quelques mois le comité provisoire de gestion. Il fut également nommé administrateur de plusieurs groupements coopérateurs et notamment, à partir de 1934, des Hôtels Coop. Resté en fonction pendant l’Occupation, Buiron se refusa cependant à la collaboration avec l’occupant et, de même que son ami Bricout, il fut incarcéré pendant trois mois en 1942 (à Valenciennes, puis à Loos) pour avoir écouté les ondes de la BBC.
Assidu durant toute sa vie coopérative aux congrès coopératifs régionaux et nationaux du mouvement français, Nestor Buiron participa aussi, principalement après 1945, à plusieurs congrès de l’Alliance coopérative internationale (ACI). Il avait en outre fait partie en juin 1938 de la délégation des coopérateurs français qui, sous la conduite de G. Prache* rendit visite aux coopérateurs de Moscou et de Léningrad.
Il mourut en 1952, après une longue et cruelle maladie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article1644, notice BUIRON Nestor, Guislain par Yves Le Maner et Gaston Prache, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 30 mars 2022.

Par Yves Le Maner et Gaston Prache

SOURCES : Arch. Dép. Nord, M 595/38B. — Fonds d’archives J. Gaumont-G. Prache. — Le Coopérateur de France, 20 mai et 17 juin 1950, 3 et 17 mai 1952. — Revue de la Coopération scolaire, avril-mai 1952. — Bulletin de l’Association des Amis de la Coopération (n° 1). — A. Duchatelle, Mémoire de Maîtrise, Lille III, 1973, op. cit. — G. Marlière, La Coopération dans le Nord et le Pas-de-Calais, Saint-Amand, 1933. — G. Prache, Cambrésis, terre coopérative, Paris, 1963, avec iconographie aux planches IX et XXII, h.t.

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