ROY Camille, René, Paul

Par Alain Dalançon

Né le 23 septembre 1930 à Châtellerault (Vienne), mort le 12 août 2012 à Vouneuil-sur-Vienne (Vienne) ; professeur d’éducation physique et sportive ; militant syndicaliste du SNEP ; militant communiste dans la Vienne.

Camille Roy
Camille Roy
années 2010

Camile Roy appartenait à une famille modeste : son père était employé de commerce et sa mère couturière, ses grands-parents étaient cultivateurs et forgeron. Il fut élevé avec sa sœur Henriette dans la maison familiale au bord de l’Ozon, près du moulin du même nom à Châtellerault, dans un milieu traditionnel de catholiques pratiquants : il alla donc au catéchisme et fit sa communion.

Après l’école communale Paul Painlevé à Châtellerault où il obtint le certificat d’études primaires, il fréquenta le collège de garçons Descartes de la ville à partir de la 5e jusqu’à la classe de 3e et fut élève-maître de 1946 à 1950 à l’École normale d’instituteurs de Poitiers, où il obtint le baccalauréat (sciences expérimentales). Très sportif, il décida de s’engager dans l’enseignement de l’éducation physique et sportive.

Il avait rencontré à l’ENI, Suzanne Massé, élève de sa promotion, qu’il épousa en novembre 1951 à Saint-Benoît (Vienne) ; mariage uniquement civil dont naquirent trois enfants, tous devenus enseignants : Dominique, principale de collège, Jean-Christophe, instituteur et Claudine, institutrice.

Après une année au Centre régional d’éducation physique et sportive de Boivre à Vouneuil-sous-Biard (Vienne) en 1950-1951, Camille Roy entra à l’École normale supérieure d’éducation physique de garçons (promotion 1951-1954). À l’ENSEP, il fut durablement marqué par l’enseignement de la « sportivisation » de l’éducation physique défendue notamment par Maurice Lagisquet et Robert Mérand, qui venait d’être exclu de son poste de professeur. Dans le Syndicat national de l’éducation physique, auquel il adhéra immédiatement, il défendit toujours cette orientation, distincte de celle de « l’éclectisme », et milita dans le courant devenu « Unité et Action », conduit par Jean Guimier puis Marcel Berge. Cette approche de la transmission des valeurs du sport (dépassement et respect de soi, respect de l’adversaire et des règles du jeu, solidarité et esprit d’équipe, goût de l’effort…) fut à la base de son engagement dans sa vie professionnelle et, bien au-delà, dans la vie sociale et politique comme militant communiste.

Après avoir participé aux relais de la Paix en 1951, où il rencontra pour la première fois Paul Fromonteil, il adhéra au début de l’année 1952 au Parti communiste français dans la cellule créée à l’ENSEP en 1949. En mai 1952, il appartint au groupe d’élèves et de professeurs qui refusèrent la venue à l’École du général américain Ridgway, qui finalement s’abstint, bien que le directeur Jacques Flouret ait vidé l’école des militants communistes.

Sursitaire, il fut mobilisé en novembre 1954 à l’École d’application de l’infanterie de Saint-Maixent (Deux-Sèvres) en même temps que Paul Fromonteil, mais tous deux furent rayés de la liste du peloton d’élèves officiers en raison de leurs engagements communistes anticolonialistes. Camille Roy fut ensuite muté d’unité en unité du matériel de l’armée, du 4e BMRG à Châteauroux (Indre), au IM/6 à Metz pour terminer à la 735e CMU de Thouars (Deux-Sèvres), où il fut « renvoyé dans ses foyers » comme père de deux enfants.

Après sa démobilisation, il fut affecté durant une année (1957-1958) professeur au collège du Blanc (Indre), puis obtint sa mutation en 1958 au collège Descartes de Châtellerault, devenu lycée, où il avait été élève. En 1960 il fut candidat sur la liste d’Union pour les élections à la commission administrative nationale du SNEP, conduite par Jean Guimier. En 1961-1962, il interrompit son activité pour maladie et fit un séjour de six mois au sanatorium de Sainte-Feyre (Creuse).

À la rentrée 1962, il fut nommé sur un poste de réadaptation, qui lui permit de mettre en place, avec les médecins de l’hôpital de Châtellerault, un service de rééducation physique pour les enfants des écoles primaires de la ville atteints de déformation de la colonne vertébrale. Il fit ouvrir à cet effet trois salles (plaine d’Ozon, Châteauneuf, centre-ville). Cette entreprise prolongeait ce qu’il avait entrepris dans les quartiers de la ville en créant fin 1956 une section de l’Union des Vaillants et Vaillantes. Il accepta aussi d’être maître-nageur bénévole durant l’été pour faire fonctionner la première piscine construite en 1959 dans une commune rurale du département, Gouex, village de moins de 600 habitants, dont la municipalité était communiste.

Après son retour du service militaire, Camille Roy s’investit beaucoup dans le militantisme politique. Il avait créé une cellule du PCF lors de son passage au sanatorium de Sainte-Feyre ; il participa à l’école du parti en 1964 et il entra au comité fédéral de la Vienne à la conférence du 18 décembre 1966, alors qu’il était secrétaire de la section de Châteauneuf-Naintré. Il participa activement aux luttes de mai-juin 1968, particulièrement aux côtés des travailleurs du Châtelleraudais.

Son poste de réadaptation fut supprimé durant les vacances d’été 1978 par une circulaire de Jean-Pierre Soisson, promu ministre de la Jeunesse et des Sports, dans le cadre de son « plan » visant à récupérer des postes pour le second degré, en réduisant le « forfait AS » (associations sportives) et supprimant les affectations dans le supérieur et les centres d’éducation physique spécialisée. Il fut donc affecté au collège Descartes puis George Sand où il termina sa carrière en 1990. Mais Camille Roy n’accepta jamais cette suppression ; non seulement il participa activement au mouvement de grèves et de manifestation de l’automne 1978 contre le « plan Soisson », mais il fit appel avec le soutien de son syndicat devant le Conseil d’État, qui mit cinq ans à reconnaître l’illégalité de la mesure. Il fut aussi l’un des rares professeurs à boycotter l’inspection suivant la consigne du SNEP.

Il militait également pour que la tendance U-A, qui était devenue largement majoritaire au plan national depuis 1969 dans le SNEP, le devienne aussi dans la section académique (S3) de Poitiers, qui fut la dernière à conserver une majorité « Unité, Indépendance et Démocratie » jusqu’au milieu des années 1980. Dans le département de la Vienne, où la section de la Fédération de l’Éducation nationale était à majorité U-A depuis le début des années 1950, il siégea plusieurs années à sa commission administrative, et il aida de plus jeunes militants du SNEP, André Kawa et Marc Airvault, à passer de la conquête de la section départementale du SNEP à celle du S3.

Cependant Camille Roy restait surtout un militant du PCF. Il fut secrétaire de la section de Châtellerault à partir de 1968, une des plus importantes du département, et ensuite membre du secrétariat fédéral au côté de Paul Fromonteil. Il fut ensuite responsable de la trésorerie de cette section ; sous son mandat elle acquit un nouveau bâtiment, l’ancienne épicerie de la rue Krebs, en face de l’ancienne « Manu », qui se transforma en 1999 en espace citoyen accueillant la section du PCF, Culture pour Tous et la Jeunesse communiste.

Camille Roy était surtout un militant de terrain qui se préoccupait beaucoup de la diffusion de la presse communiste et anima un Comité de diffusion de l’Humanité jusqu’à la fin de sa vie. Il accepta enfin de représenter son parti comme candidat aux élections municipales à Châtellerault, et cantonales dans le canton de Vouneuil. Il ajoutait à ces responsabilités la participation à diverses associations : France-Palestine, France-Espagne, Amis de la Commune de Paris… Retraité, il militait aussi à la section départementale des retraités de la Fédération syndicale unitaire. Sa dernière campagne fut celle du Front de gauche lors des élections présidentielles et législatives de 2012.

« Cam » comme on le surnommait, était très populaire, avec son épouse, également militante communiste, surnommée « Poucette ». De très nombreux témoignages de sympathie s’exprimèrent à son décès, soulignant son caractère affable, sa générosité, sa résolution dans ses engagements, mais sa modestie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article171267, notice ROY Camille, René, Paul par Alain Dalançon, version mise en ligne le 5 mars 2015, dernière modification le 24 octobre 2022.

Par Alain Dalançon

Camille Roy
Camille Roy
années 2010
années 1980, coll. familiale
années 1950, coll. familiale

SOURCES : Arch. de la fédération de la Vienne et du comité national du PCF. — Arch. de la section départementale de la FEN. — Témoignages divers de militants du SNEP, de la SD/FEN 86 et de la fédération du PCF. — Renseignements fournis par son épouse et ses enfants. — Notes de Jacques Girault.

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