BOSSAVY Léon

Par Justinien Raymond, Antoine Perrier

Né le 8 mars 1881 à Saint-Yrieix (Haute-Vienne), mort le 26 septembre 1959 à Tulle (Corrèze) ; militant socialiste, communiste, puis président de la Fédération des artisans et petits commerçants de la Corrèze.

Le père de Léon Bossavy était resté trente ans conseiller municipal d’une municipalité républicaine radicale. À l’âge de seize ans, Léon commença son apprentissage de mécanicien à Paris. Il appartint à la Jeunesse socialiste du XIIe arr. de Paris, présidée par Paschal Grousset. Il fut grièvement blessé dans une manifestation dreyfusiste et transporté à l’hôpital des Quinze-Vingts.
À l’âge de vingt ans, il revint à Saint-Yrieix auprès de son père et prit la profession de menuisier. Incorporé au 80e régiment d’infanterie à Tulle, il fut réformé n° 2.
En 1905, il créa à Saint-Yrieix une section SFIO dont il fut le secrétaire pendant deux ans. Correspondant du Socialiste du Centre, organe du PS de France, puis du parti SFIO, il donna des articles, des informations au journal, fit des conférences éducatives. En 1908, il fut candidat socialiste aux élections municipales, en tête de liste, mais sans succès.
Bossavy vint à Tulle lors de la guerre de 1914-1918 et fut mobilisé à la Manufacture d’armes. Il fut secrétaire adjoint du syndicat du personnel civil, puis secrétaire de la Bourse du Travail. Il reprit l’action socialiste et devint secrétaire de la section socialiste de Tulle, ville où il allait se fixer définitivement.
À son départ de la Manufacture de Tulle, il était devenu miroitier à son compte ; il sut grouper une nombreuse clientèle à Tulle et aux environs, qui dépassait largement le cadre de ses amis politiques. Candidat aux élections législatives du 16 novembre 1919 sur la liste socialiste, il recueillit 14 786 voix. En 1920, il s’affirma en faveur de la IIIe Internationale. « J’adhère ! » proclamait-il avec enthousiasme dans un article resté célèbre. Candidat aux élections législatives de mai 1924 sur la liste communiste, il arriva second avec 13 966 voix, mais la liste n’eut aucun élu.
Autodidacte intelligent, Bossavy, servi par une mémoire prodigieuse, possédait de solides connaissances qu’il utilisait dans des articles de presse et surtout en réunion publique dans des exposés clairs et précis. Son éloquence simple, persuasive, la vigueur de son argumentation, la finesse de ses répliques lui valurent de nombreux succès de tribune. Une grande sympathie se dégageait de sa personne. Son crâne chauve, ses yeux très vifs, son fin sourire, parfois nuancé d’ironie, sa petite barbiche prolongeant son menton le faisaient ressembler à Lénine. Les militants avaient plaisir à retrouver cette ressemblance dans une statuette du leader communiste que lui avait rapportée un ami, membre d’une délégation en Union soviétique.
Bossavy désirait vivement être député communiste. Il voyait dans les fonctions de député la possibilité d’utiliser certaines aptitudes, de satisfaire sa passion pour l’étude. Trésorier du PC en 1926, il voulait devenir député pour élaborer des projets de loi et les faire aboutir. Les élections de 1928 faites au scrutin d’arrondissement auraient pu permettre à Bossavy de réaliser ses aspirations. Il possédait de grandes sympathies à Tulle, des sympathies aussi dans les communes rurales voisines de Tulle acquises depuis longtemps au socialisme, puis au communisme. D’autre part, le député socialiste sortant, Charles Spinasse, était violemment attaqué par la propagande communiste sur le plan national, en raison de l’antibolchevisme intransigeant qu’il manifestait. Bossavy fut candidat dans la 2e circonscription de Tulle. Il fut acclamé dans les réunions publiques, mais Charles Spinasse, soutenu par la bourgeoisie radicale malgré la présence d’un candidat officiel de ce parti, retrouva ses électeurs et son siège. Découragé, Bossavy abandonna l’action militante.
En accord avec les directives du Parti communiste, Bossavy avait voulu à une certaine époque grouper des artisans et des petits commerçants pour leur faire connaître la politique communiste. Ayant renoncé à la politique, c’est dans ce domaine qu’il retrouva une activité. Élargissant son action première, il se fit le défenseur des revendications de tous les artisans et petits commerçants et réussit à acquérir auprès d’eux une grande autorité, consacrée par d’importants postes responsables. Président de la Fédération des artisans et petits commerçants du département de la Corrèze, il fut, sous le régime de Vichy, président national pour la zone non occupée, et même, un certain temps, à la Libération, pour l’ensemble du pays.
Une dernière fois, ses concitoyens devaient lui manifester leur déférente sympathie et dans une circonstance particulièrement douloureuse, la mort de son fils Léon-Robert Bossavy, victime de la tragédie du 10 juin 1944 à Tulle qui se solda par quatre-vingt-quinze pendaisons. Bossavy fut nommé président du « Comité des Martyrs » lors de sa fondation.
La mort de son fils, puis celle de sa femme attristèrent ses dernières années.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17337, notice BOSSAVY Léon par Justinien Raymond, Antoine Perrier, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 24 novembre 2017.

Par Justinien Raymond, Antoine Perrier

SOURCES : Arch. Nat. F7/13104, Tulle, 13 février 1926. — « Le souvenir de Léon Bossavy », par A. Perrier, La Corrèze républicaine, hebdomadaire publié à Brive, 20 octobre 1962.

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