SINGEVIN Robert, Ernest, Auguste, Léon

Robert Singevin resta toujours très attaché à son pays natal et demeura ardennais dans l’âme. Sa mère, née Claire Renaud, était employée des Postes ; son père Ernest Singevin, né en 1901, journaliste au quotidien L’Union à Sedan puis à Charleville-Mézières (Ardennes), eut très tôt le goût du reportage. Ainsi écrivit-il dans un cahier son témoignage de la dure occupation allemande durant la Première Guerre mondiale à Charleville, alors qu’il était adolescent, témoignage confié (ainsi que d’autres concernant l’Occupation en 1940-1945) aux Archives départementales par son fils unique, Robert, et qui fut publié à l’occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale.

Ses parents l’envoyèrent au catéchisme, il fit sa communion, mais se détacha complètement de la religion à l’adolescence et fut par la suite un défenseur de l’enseignement laïque. Après ses études au lycée de Charleville où il obtint le baccalauréat, Robert Singevin entama des études supérieures en histoire-géographie à la Faculté des Lettres de Lille (Nord). Il se maria le 15 septembre 1951 à Charleville avec Jeannine Bauda, et poursuivit ses études, tout en commençant à enseigner comme maître auxiliaire dans différents établissements, dont le collège d’Hénin-Beaumont. Licencié puis titulaire d’un diplôme d’études supérieures en Géographie, il devint ensuite adjoint d’enseignement au collège technique de Tourcoing (Nord).

Il militait au Syndicat national de l’enseignement technique comme responsable des jeunes dans le secrétariat régional de Lille en 1956, Liénard étant secrétaire régional. Élu sur la liste « autonome » à la commission administrative nationale de 1956 à 1958, il était responsable de la commission des jeunes auprès du secrétaire général, Bernard Roulet. Il effectua ensuite son service militaire en Algérie.

À son retour, bénéficiant d’une délégation ministérielle de professeur au lycée technique Baggio de Lille, il fut élu suppléant à la CA nationale du SNET de 1961 à 1964, puis, devenu professeur certifié, siégea comme membre titulaire, de 1964 à 1966, et était en même temps secrétaire régional. Il habitait alors à Faches-Thumesnil (Nord). Après la fusion du Syndicat national de l’enseignement secondaire et du SNET, il fut élu titulaire de la CA nationale du nouveau SNES et co-secrétaire de la section académique (S3) de Lille pour l’ancien SNET, avec Cyprien Bocquet pour l’ancien SNES. Il présida une des séances de la nouvelle CA nationale du 30 juin 1966 qui organisa le travail de la première direction du nouveau SNES.

Mais il ne se représenta pas aux premières élections du SNES au collège unique en mai 1967, car il fit fonction de principal du collège d’enseignement secondaire de Bapaume (Pas-de-Calais) à la rentrée scolaire 1966, et fut titularisé sur ce poste à la rentrée suivante. En 1971, il fut promu proviseur du lycée Bocquet-Flochel à Arras, rebaptisé Guy Mollet, établissement qu’il dirigea jusqu’à sa retraite prise en 1991.

À partir de 1969, Robert Singevin milita au Syndicat national du personnel de direction des établissements secondaires (FEN). Secrétaire régional adjoint puis secrétaire général de la régionale, il siégea à la CA nationale du SNPDES dans les années 1970-1980. C’est là qu’il rencontra Christiane Masson (voir Christiane Singevin*), principal, qu’il épousa en 1975 après avoir divorcé en début d’année, et avec laquelle il eut un fils. Il resta actif au sein de la section régionale du SNPDES et, la retraite venue, au nouveau Syndicat national du personnel de direction de l’Éducation nationale et à la Fédération générale des retraités de la fonction publique.

Militant socialiste, Robert Singevin fut conseiller municipal de la ville d’Arras de 1977 à 1995, adjoint au maire Léon Fatous, successeur de Guy Mollet. Il fut chargé de la culture et de l’environnement en 1977, puis, de 1983 à 1989, ajouta à ces responsabilités le tourisme et la santé ; après 1989 il s’occupa du patrimoine, du tourisme et de la santé. Initiateur de la création de l’AGAEM (Association de gestion et d’animation des équipements de Meaulens), il impulsa le renouveau du musée et du conservatoire. Il géra le dossier du parking souterrain de la Grand-Place, épaula le maire à la vice-présidence du conseil d’administration de l’hôpital, participa activement à la mise en place de l’Université pour tous de l’Artois. Il présida aussi un temps l’association Arras-Asie et était membre du Lions Club.

Il était officier de l’ordre national du Mérite et commandeur dans l’ordre des Palmes académiques.

« Bob », comme on le dénommait couramment, était connu pour son franc-parler et sa voix de stentor. Lors de la cérémonie de son départ à la retraite en juin 1991, Bernard Vosgien, secrétaire régional du SNPDES, rendit hommage à « un syndicaliste dont les coups de gueule sont restés légendaires », ce dont se souvenaient aussi tous les membres du conseil municipal d’Arras. Élu conseiller municipal d’opposition de 1995 à 2002, il était considéré par le nouveau maire centriste, Jean-Marie Vanlerenberghe, comme un « opposant virulent mais toujours respectueux des idées des autres ».