TRAMAILLE Lucienne, Albertine, Irma

Par Jacques Girault

Née le 18 décembre 1930 à Carcassonne (Aude) ; psychologue scolaire ; militante communiste dans l’Aude.

Photographie d’identité.
Photographie d’identité.

Son père, mineur à l’origine, ouvrier agricole, puis cantonnier à Trèbes (Aude), adhérait à la CGT. Sa mère, ouvrière, devint femme de ménage. Lucienne Tramaille reçut les premiers sacrements catholiques puis devint “profondément athée“. Élève boursière au collège moderne de filles de Limoux, elle échoua à l’oral du concours d’entrée à l’école normale et poursuivit sa scolarité au lycée de jeunes filles de Carcassonne. Titulaire du baccalauréat (série Philosophie), elle commença des suppléances d’institutrices en mai 1951 après avoir occupé divers emplois. Titularisée en1953, elle enseigna à Bouilhonnac, à Cubserviès, à Lagrasse, titulaire du CAPCEG (lettres, histoire, géographie) en 1958, elle fut nommée au collège André Chénier à Carcassonne. Stagiaire à l’Institut de psychologie de Bordeaux de 1963 à 1965, elle obtint le diplôme de psychologue scolaire en 1965, puis fut reçue à la licence et à un DESS de psychologie dans les années qui suivirent. Elle travailla dans son collège, puis, après la création des Groupes d’aide psychologique et pédagogique, dans les « quartiers sensibles » du Viguier et de Laconte jusqu’à sa retraite en 1991.

Tour à tour membre du Syndicat national des instituteurs et de la FEN-CGT, puis du seul SNI, elle adhéra au Syndicat des psychologues de l’Éducation nationale.

Adhérente au Parti communiste français depuis 1953, Lucienne Tramaille commença à militer à son arrivée à Carcassonne et devint membre du bureau, puis du secrétariat à partir de 1966, de la section communiste locale. Elle fut intégrée dans la commission fédérale de contrôle financier en 1961 alors qu’elle militait au bureau départemental du Mouvement de la Paix.

Elle entra au comité de la fédération communiste en 1965, suivit le stage pour les instituteurs communistes et une école centrale d’un mois en 1962 organisés par le PCF. Elle dirigea deux écoles fédérales d’une semaine. Le rapport de Jean Rieu qui suivait la conférence fédérale du 16 décembre 1966 évoquait la tenue d’un colloque organisé par le Parti socialiste unifié où avaient été débattues des questions d’actualité, les conséquences du XXe congrès du Parti communiste d’Union soviétique et la question de la politique du Parti communiste chinois. Des militants communistes, dont Lucienne Tramaille, avaient participé aux discussions de ce colloque. Lors de la conférence fédérale, Jean Rieu avait répondu en analysant la politique de la direction du PCF et avait demandé à la conférence fédérale de ne pas réélire Henri Callat au comité fédéral. Lucienne Tramaille protesta en affirmant son accord sur l’essentiel avec les positions de Callat : "si Callat n’est plus au comité fédéral, moi non plus". Après discussions, aucune décision ne fut prise. L’intervention soviétique en Tchécoslovaquie qu’elle désapprouva confirma ses doutes sur la véritable nature de ce qui était présenté comme la ligne du Parti. Le 22 octobre 1969, lors de la réunion du comité fédéral, Callat afficha une nouvelle opposition aux analyses de la direction du PCF en reprenant les positions de Roger Garaudy. La direction fédérale présenta une résolution condamnant les analyses de Callat. Cinq militants, tous enseignants, dont Lucienne Tramaille, ne prirent pas part au vote. Par la suite les divergences s’aggravèrent. Elle fut écartée du comité fédéral lors de la conférence fédérale du 25 janvier 1970. Les raisons invoquées par les dirigeants fédéraux pour justifier cette décision furent sa mauvaise santé qui la rendait, selon la section de montée des cadres, « très influençable par la pression de l’adversaire ». Dès lors, après avoir progressivement pris ses distances, elle quitta le PCF en 1972. Elle resta, un certain temps, adhérente de France-URSS, du Mouvement de la Paix, du Secours populaire, et surtout du Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et pour le Paix.

Dans le cadre de l’amicale laïque, elle donna pendant une année des cours d’orthographe pour des adultes préparant le certificat d’études primaires.

Candidate à des élections municipales sur une liste d’union comme membre du PCF, puis sur une liste de gauche dissidente, elle participa à des actions avec les écologistes contre les centrales nucléaires et appuya la campagne de René Dumont pour les élections présidentielles en 1974. Après 1991, elle sympathisa avec le Parti des Travailleurs devenu Parti ouvrier indépendant et était abonnée à Informations ouvrières. Elle s’engagea fortement en 1991 au sein du Comité contre la guerre du Golfe. Elle vota pour Gérard Schivardi aux élections présidentielles de 2007, “non“ aux référendums sur les traités européens et “blanc“ ou “nul“ pour les autres élections. Elle participa pendant plusieurs années aux actions des Restos du Cœur.

Elle figurait sur la liste des psychologues scolaires qui, avec leur syndicat, en 1991, saisirent le Conseil d’État pour revendiquer, action commencée bien avant cette année, un statut des psychologues scolaires qui, selon eux, ne s’apparentaient nullement aux instituteurs spécialisés.

Retraitée, elle habitait Trèbes (Aude).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article179443, notice TRAMAILLE Lucienne, Albertine, Irma par Jacques Girault, version mise en ligne le 22 mars 2016, dernière modification le 27 octobre 2022.

Par Jacques Girault

Photographie d'identité.
Photographie d’identité.

SOURCES : Archives du comité national du PCF. — Sites Internet.

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