MOCHÉ Alcide [père]

Par Gilles Pichavant

Né le 1er octobre 1852 à Fresnes-sur-Escaut (Nord), mort le 7 septembre 1902 à Sin-le-Noble, (Nord) ; Mineur ; Syndicaliste CGT, Délégué mineur ; socialiste ; conseiller municipal de Waziers (Nord).

Alcide naquit à Fresnes-sur-Escaut (Nord) le 1er octobre 1852. Il fut reconnu comme fils légitime, lors du mariage de ses parents, Armand Moché, ouvrier mineur, et Victorine Bessingue, le 7 février 1853 à Fresnes-sur-Escaut. Fils et petit-fils de mineur, Alcide devint mineur à son tour, puis délégué mineur.

Il participa à la fondation du syndicat des mineurs du Nord, et en devint secrétaire général dès avant 1891. En mai de cette année-là il fut licencié par la compagnie d’Aniche, pour s’être rendu au congrès international des mineurs, tenu à Paris. Il avait 25 ans de service. Conjointement avec les militants du syndicat du Pas-de-Calais, il anima la grande grève qui eut lieu en 1893 dans les mines de la région. Le lundi 18 septembre, la grève éclata dans le Pas-de-Calais et dès les premiers jours, on compta 43000 grévistes, c’est-à-dire la presque totalité des ouvriers inscrits sur les contrôles des Compagnies. Tout de suite, des incidents se produisirent. Des arrestations furent opérées. Le bassin fut occupé par les troupes. Jusqu’au début d’octobre la grève fut complète, mais peu à peu, les maigres ressources des grévistes s’épuisèrent et dans les derniers jours d’octobre, les ouvriers reprirent, les uns après les autres, le chemin de la fosse. Le 4 novembre, la grève pouvait être considérée comme terminée. Elle avait duré sept semaines. Dans le Nord comme dans le Pas-de- Calais, les Compagnies usèrent de représailles. On compta dans le bassin du Pas-de-Calais 648 congédies et dans le bassin du Nord, 741.

Le 5 août 1895, Clément Decout*, ouvrier mineur licencié à la suite des grèves de 1893, tira 4 balles à l’aide d’un revolver de 7mm, sur Vuillemin, le patron des patrons des compagnies minières, lors d’un immense banquet de 4500 convives organisé à Auberchicourt (Nord) à l’occasion de son jubilé patronal, opération de communication visant à démontrer le soutien des mineurs à leur patron. Puis Decout se fit exploser à l’aide d’une bombe artisanale, et mourut quelques minutes plus tard, atrocement brûlé. Le président du comité des houillères ne fut que légèrement blessé. On qualifia cet attentat de complot anarchiste, alors que ce n’était qu’une vengeance personnelle. Alcide Moché fut inquiété, car Clément Decout avait été syndiqué au syndicat des mineurs, et la presse conservatrice raconta qu’il était l’un de ses proches conseillers. On accusa Moché d’avoir pris la fuite vers la Belgique, alors qu’ils s’ était rendu à Fresnes-sur-Escaut, pour le mariage d’un cousin. Une perquisition eut lieu chez lui ainsi que chez son cousin. L’affaire fit grand bruit, puis se dégonfla.

Le 19 novembre 1901, il prit la parole dans une réunion tenue salle Benoit-Hauteim à Roost-Warendin, présidée par Eugène Lesne, assisté de Henri Wannequin* et Constant Taillez*. Il incita les participants à ne pas s’engager dans la grève déclenchée depuis quelques jours à Avion et à Hénin-Liétard, à attendre les décisions du Comité Fédéral, et se tenir prêts pour la Grève générale, si le gouvernement ne fait pas droit à leurs revendications qui étaient : l’obtention de 2 fr. de retraite par jour après 25 années de cotisation et sans condition d’âge ; l’instauration de la journée de 8 heures et contre les « longues coupes » (doubles journées) ; l’instauration d’un salaire minimum.

En 1889, 1893, et 1898, il fut candidat socialiste aux élections législatives dans la 1ère circonscription de Douai (Nord). Il obtint 3000, puis 4000, puis 5000 suffrages, mais ne fut pas élu. En 1896, il fut élu conseiller municipal de Waziers (Nord). En 1900, il conduisit pour les municipales de mai une liste du Parti Ouvrier Socialiste Révolutionnaire à Waziers, et fut réélu conseiller municipal au second tour avec 297 voix. Le 21 juillet 1901, il fut candidat du PSF aux élections cantonales dans le canton de Douai-Nord, et obtint plus de 1000 voix.

Il mourut le 7 septembre 1902 à Sin-le-Noble, (Nord) à l’âge de 50 ans. Le 9 septembre, le syndicat des mineurs, les groupements socialistes, et la Libre Pensée lui organisèrent des funérailles civiles grandioses, qui rassemblèrent six mille personnes. De nombreuses délégations, accompagnées de leurs bannières, vinrent de tous les coins du pays minier, du Nord et du Pas-de- Calais. Selon ses dernières volontés, la Marseillaise et l’Internationale furent jouées à la clôture de la cérémonie.

Alcide Moché s’était marié le 6 août 1877, à Waziers, (Nord), avec Angélique Clara Carliez. Ils eurent au moins 3 enfants : Alcide Moché (1875-1964), Alphonse Moché, (1877-1957), et Adelina Moché (1882-)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article190056, notice MOCHÉ Alcide [père] par Gilles Pichavant, version mise en ligne le 1er mars 2017, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Gilles Pichavant

SOURCES : Le Journal Officiel, 1er juin 1891, interpellation du député Basly à la Chambre des députés sur le fonctionnement des syndicats professionnels. — L’Égalité de Roubaix-Tourcoing, du 8 août 1895, du 15 mai 1896, du 7 mai 1900, du 22 novembre 1901, 10 septembre 1902 (nécrologie signée d’Émile Basly), et du 11 septembre 1902. — État civil.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable