SAVIN Roger, Jean

Par Daniel Grason

Né le 23 février 1920 à Paris (XVe arr.), tué le 20 août 1944 à Paris (Xe arr.) ; apprenti, marin, manœuvre, gardien de la paix ; membre d’Honneur de la Police ; résistant ; F.F.I.

Fils de Jean Marie Savin, manoeuvre, et de Léonie Charconnet, ménagère, un couple originaire de Saône-et-Loire et de la Côte-d’Or, Roger Savin alla à l’école maternelle, puis primaire, il obtint le CEP à douze ans. Il garda un bon souvenir : « J’étais heureux et mes parents me récompensèrent en m’achetant une belle bicyclette » (autobiographie du 21 septembre 1942). Sa mère mourut deux ans plus tard, son père lui demanda de travailler, il entra chez un artisan comme apprenti électricien. Le travail manqua, il fut débauché, travailla pour la maison Vedovelli à Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine), en juin 1936 le personnel était mis à pied.
Il contracta le 1er juillet 1937 un engagement de cinq ans dans la Marine nationale au 2ème dépôt des équipages de la Flotte à Brest (Finistère). Il navigua sur la frégate « Provence ». Démobilisé le 21 mai 1942 avec le grade de quartier maître de 1ère classe, il comptait 48 mois de service en temps de Paix et 12 mois en temps de guerre. Roger Savin était décoré de la Croix de guerre 1939-1940 et de la Médaille du Combattant et de la Coloniale.
Le 22 juin 1942 il débuta comme manœuvre dans la métallurgie à la Société Alsacienne de constructions mécaniques (SACM) à Saint-Cloud (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine). Un camarade avec qui il était en relation avait son père commissaire de police, il décida de postuler un emploi de gardien de la paix auprès de la Préfecture de police. Le 16 septembre 1942 il était embauché, cinq jours plus tard dans son autobiographie, il fit part de ses motivations : « J’ai toujours eu l’esprit d’aventure un peu et comme gardien de la paix il y a des circonstances où il faut l’avoir. […] Comme j’ai l’intention de créer un foyer sans trop tarder, la place est tout ce qu’il y a d’intéressant pour celui qui est décidé à faire mieux ».
Après une année de formation, Roger Savin a été titularisé et affecté au commissariat de Vanves (Seine, Hauts-de-Seine). Il donna satisfaction à ses supérieurs, il souhaitait accéder à un grade supérieur. En 1943 il rejoignit les résistants d’Honneur de la Police d’obédience gaulliste. Il se maria avec Jacqueline Marie Touzeau le 5 juin 1943 à Paris (XVe arr.), où le couple vivait 11 rue Juge.
En 1944, il dépendait du secteur FFI de l’Ile-de-France, où ses services furent homologués à compter du 1er août 1944.
La Préfecture de police était assiégée par les allemands, des renforts en hommes, armes et munitions étaient demandés. Dans l’après-midi du 19 septembre 1944, un détachement de plusieurs gardiens de la paix du commissariat de Vanves dont Roger Savin se rendait sur place. Le 29 août son corps était déposé à 20 heures à l’Institut Médico-Légal, l’autopsie attesta qu’il avait été torturé, puis exécuté lors des combats ou à la caserne Prince Eugène place de la République où étaient stationnées des troupes allemandes.
Ses obsèques se déroulèrent le 1er septembre 1944 au cimetière de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine). Déclaré « Victime du devoir », Roger Savin fut cité à l’Ordre de la Nation (JO du 20 décembre 1944), décoré de la Légion d’Honneur (JO du 3 janvier 1945). Le ministère des Anciens combattants lui attribua la mention « Mort pour la France », et l’homologua F.F.I. Son nom figure sur le monument commémoratif place de l’Insurrection à Vanves, sur celle apposée dans la cour de la préfecture de police à la mémoire des agents tombés pendant les deux guerres mondiales et au Musée de la police 4 rue de la Montagne Sainte-Geneviève à Paris (Ve arr.).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article190918, notice SAVIN Roger, Jean par Daniel Grason, version mise en ligne le 10 avril 2017, dernière modification le 14 octobre 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. KC 32 (notes de Christian Chevandier), BA 1801, BA 1819, IML 1944, n° 1128. – SHD, Caen AC 21 P 151988. – Bureau Résistance Vincennes, GR 16 P 538117, GR 19 P 75/64 page 4 (avec le prénom Jacques). – Christian Chevandier, Été 44. L’insurrection des policiers de Paris, Éd. Vendémiaire, 2014. – « Au cœur de la Préfecture de Police de la Résistance à la Libération », Sous la dir. de Luc Rudolph, Directeur honoraire des services actifs, Éd. LBM, 2009. – Site internet GenWeb. — État civil.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable