DE LA GRANDIÈRE Roger, René, Marie [Pseudonyme dans les FLL-SAS : Roger Dalmas]

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Né le 14 octobre 1916 à Grez-Neuville (Maine-et-Loire), tué au combat le 20 juin 1944 à Guégon (Morbihan) ; FFL-SAS.

Roger de la Grandière
Roger de la Grandière
SOURCE  : Site FFL-SAS

Roger de la Grandière était le fils, premier jumeau, du vicomte Jacques Félix Marie de la Grandière, commandant au 277e Régiment d’infanterie, et de la vicomtesse Alberte Caroline Stéphanie de Dalmas, sans profession, domiciliés au château de la Grandière. Il appartenait à une fratrie de sept enfants.

Guéri d’une tuberculose contractée à 18 ans, Roger de la Grandière partit pour Tahiti où il fut mobilisé en septembre 1939. De retour en France, après avoir été affecté au 402e Régiment d’artillerie, il suivit les cours d’EOR (élèves-officiers de réserve). Démobilisé en juillet 1940, il chercha le moyen de gagner l’Angleterre pour poursuivre le combat. En janvier 1941 il fit partie d’un petit groupe, avec son ami Michel de Camaret, qui voulait rallier l’Afrique du nord depuis Marseille, puis la Grande-Bretagne. Arrivé à Oran en février 1944, il fut arrêté par les autorités de Vichy et placé en résidence surveillée avec d’autres camarades. Après une évasion qui les conduisit au Maroc, ils furent de nouveau interpellés, incarcérés, condamnés à un an de prison, et transférés en septembre 1941 à la prison d’Alger, puis en résidence surveillée à Bou Arfa au Sahara. Lors des interrogatoires Roger de la Grandière, violemment battu, eut la jambe cassée et la mâchoire fracturée.
En mai 1942, il réussit à s’évader avec des camarades, à rejoindre le Maroc puis Gibraltar, et enfin Londres où il s’engagea dans Les Forces françaises libres (FFL) en août 1942. D’abord affecté à l’État-major particulier du général de Gaulle, il fut promu en septembre 1942 au grade de sous-lieutenant, et fut chargé sous le pseudo de Roger Dalmas — nom de jeune fille de sa mère) — d’une mission de contre-espionnage par le Bureau central de renseignements et d’action (BCRA).
En janvier 1943, il fut affecté aux Forces aériennes françaises libres (FAFL), et fut breveté à Ringway le 15 mars 1943 avec les meilleures notes de sa promotion. Devenu instructeur des parachutistes français à Ringway, il détint le record français de cinquante sauts, puis fut affecté au 2e Régiment de chasseurs parachutistes (2e RCP) ou 4e SAS (Special air service) placé sous les ordres du commandant Pierre Bourgoin.

Parachuté avec son stick et quatre jeeps le 17 juin 1944 sur la base « Dingson » à Saint-Marcel (Morbihan), il participa à la défense du camp de Saint-Marcel attaqué en force par la Wehrmacht le 18 juin 1944. Après avoir livré combat durant toute la journée en infligeant de lourdes pertes aux troupes allemandes, parachutistes SAS et FFI-FTPF se replièrent en bon ordre et se dispersèrent. Après cette dispersion, la Feldgendarmerie, la Wehrmacht appuyée par de nombreux détachements de soldats russes, géorgiens et ukrainiens rassemblés dans les « unités de l’Est », les agents de l’Abwher (service de renseignements de la Wehrmacht) et du SD (Sicherheitsdienst-Service de sécurité de la SS), ainsi que les agents français de la FAT 354 (Front Aufklärung Truppe) et les miliciens bretons du Bezen Perrot, se lancèrent dans une traque implacable des parachutistes SAS, des FFI-FTPF, de leurs dépôts d’armes, et de tous ceux qui les hébergeaient et les ravitaillaient. Rafles, arrestations, tortures, et exécutions sans jugement de SAS et de résistants, incendies de fermes, pillages et massacres de civils se multiplièrent dans tout le département du Morbihan.

Le 20 juin 1944, un groupe de parachutistes SAS aux ordres du sous-lieutenant Roger de la Grandière, qui se repliait en direction de Pontivy (Morbihan), fit une halte dans la ferme de la famille Mounier au village de Boccabois en Guégon (Morbihan). À court d’essence, contraints d’abandonner leurs jeeps, trempés, affamés, ils demandèrent à se restaurer et à prendre un peu de repos dans le grenier à foin. Un cultivateur de Boccabois, Constant Le Guennec, partit chercher du ravitaillement au bourg et téléphoner à un médecin de Josselin pour lui demander de venir soigner le sous-lieutenant Michel de Camaret, blessé. Les Allemands cantonnés à Josselin, renseignés sur la présence de parachutistes à Boccabois, prirent la direction du village où l’alerte fut donnée. Les SAS, qui étaient une douzaine, quittèrent précipitamment la ferme en laissant sur place des sacs et des vêtements, rapidement découverts par les Allemands qui pourchassèrent les SAS et entreprirent de les encercler. Roger de la Grandière ordonna à six parachutistes de se replier en emmenant Michel de Camaret, tandis qu’il faisait face avec les autres SAS. Blessé à la poitrine, il leur demanda de se replier eux aussi. Le sergent Jean Plouchard refusa de l’abandonner et tint la position avec son fusil-mitrailleur jusqu’à épuisement de ses munitions, avant de succomber à son tour. Joseph Mounier découvrit les deux corps le lendemain, criblés de balles.

Roger de la Grandière a obtenu la mention « Mort pour la France » et a été homologué FFL. Compagnon de la Libération par décret du 20 novembre 1944, il fut promu à titre posthume lieutenant, reçut la Croix de Guerre avec palmes, et fut élevé au grade de chevalier de la Légion d’honneur. La promotion 902 (9e et 10e Compagnies, décembre 1978 - mars 1979) des élèves officiers de réserve du 4e Bataillon de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr a choisi le lieutenant Roger de la Grandière comme parrain.

Dans le Morbihan, à Guégon, le nom de Roger de la Grandière est inscrit sur un menhir érigé sur le lieu du combat à La Ville-Guimard et associé à celui de Jean Plouchard sur le monument de Boccabois et sur le monument aux morts communal. Il est aussi inscrit sur le mémorial des parachutistes SAS de la France libre érigé à Plumelec.
Dans le Maine-et-Loire, à Grez-Neuville où un « chemin Roger de la Grandière » a été inauguré en octobre 2011, son nom est gravé sur le monument aux morts et sur une plaque commémorative apposée dans l’église.
En Saône-et-Loire, il figure sur le mémorial international des SAS à Sennecey-le-Grand.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article197829, notice DE LA GRANDIÈRE Roger, René, Marie [Pseudonyme dans les FLL-SAS : Roger Dalmas] par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson, version mise en ligne le 2 décembre 2017, dernière modification le 19 janvier 2022.

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Roger de la Grandière
Roger de la Grandière
SOURCE  : Site FFL-SAS
À La Ville-Guimard en Guégon
À La Ville-Guimard en Guégon
Sur le monument de Boccabois en Guégon
Sur le monument de Boccabois en Guégon
Sur le monument aux morts de Guégon
Sur le monument aux morts de Guégon
Sur le mémorial SAS de Plumelec
Sur le mémorial SAS de Plumelec
SOURCE  :
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson
Le mémorial international des SAS</br> à Sennecey-le-Grand
Le mémorial international des SAS
à Sennecey-le-Grand
SOURCE : Site 22sas12.over-blog.com

SOURCES : AVCC, Caen, AC 21 P 62 685. — SHD, Vincennes, RG 16 P 167199. — Roger Leroux, Le Morbihan en guerre 1939-1945, Joseph Floch imprimeur éditeur à Mayenne, 1978. — Joseph Jégo, 1939-1945 Rage Action Tourmente au Pays de Lanvaux, Imprimerie La Limitrophe, 1991. — René Le Guénic, Les Maquisards chez nous en 1944 et Morbihan, Mémorial de la Résistance (photo), Imprimerie Basse Bretagne, Quéven, 2013. — Site Internet de l’Ordre de la Libération. — Site Internet FFL-SAS (photo). — Mémorial GenWeb. — " Lieux mémoriels en Morbihan-Guégon " , dossier en ligne sur le site Internet Les Amis de la Résistance du Morbihan, ANACR-56. — État civil, Grez-Neuville (acte de naissance).

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