COQUART Armand, Georges, Robert

Par Gilles Morin

Né le 4 août 1906 à Saint-Quentin (Aisne), mort le 14 avril 1994 à Lille (Nord) ; professeur ; militant socialiste du Nord, membre du comité directeur de la SFIO (1956-1958) ; adjoint au maire de Lille (1945-1947, 1955-1965), conseiller de l’Union française (1948-1958) ; conseiller de la République (13 janvier-24 février 1948), député.

[Assemblée nationale, Notices et portraits]

Fils d’un gérant de société, Armand Coquart fut surveillant d’internat non-bachelier au lycée Chanzy à Charleville (Ardennes) en 1925. Étudiant à la Faculté des lettres de Lille, après avoir été admissible à l’École normale supérieure, boursier de licence puis d’agrégation (1926-1929), il fut reçu à l’agrégation de lettres en 1929 et nommé professeur aux lycées de Tourcoing (Nord) puis Faidherbe de Lille (1926-1929) avant d’être nommé à Paris aux lycées Condorcet (1935-1941). Il préparait parallèlement une thèse de doctorat sur Polybe et poursuivait des études de russe à l’École des langues orientales dont il fut diplômé en 1936. Il devint ainsi spécialiste de langue et de littérature russes. Réformé, il n’avait pas accompli de service militaire.

Armand Coquart, déclaré "étudiant" à l’état civil, s’était marié le 7 janvier 1929 à Lille avec Angèle Synquintyn (voir Angèle Coquart), déclarée aussi "étudiante", future agrégée de lettres nommée en 1935 au lycée Molière à Paris, qui devint directrice des lycées de jeunes filles de Lons-le-Saulnier (Jura) en 1938, de Saint-Étienne (Loire), puis d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) en octobre 1940, avant d’être nommée directrice du lycée Fénelon à Lille à partir d’octobre 1944. Le couple eut trois enfants puis divorça en 1956.

Sa situation administrative était difficile. En 1940-1941, dans sa demande de mutation, Armand Coquart indiquait qu’il s’occupait seul de ses enfants. Il obtint un poste au lycée Mignet à Aix où il enseigna d’octobre 1941 à décembre. Puis son épouse fut nommée à Lille. Pour justifier sa demande de réintégration dans le cadre parisien, il écrivait, le 3 novembre 1944 : « je viens de terminer ma thèse principale en vue du doctorat, mention langue et littérature russes » (qu’il devait soutenir à Paris en 1946). Il ne voulait pas, comme en 1941, être rétrogradé d’une classe en quittant le cadre parisien. Nommé quelques semaines sur la chaire libérée par Robert Verdier au lycée Louis-le-Grand à Paris, il accepta un poste de russe à Lille, poste créé qu’il espérait pouvoir coordonner avec la chaire d’études slaves de la faculté de Lille et poste provincial où il conservait les avantages d’un poste parisien. Il était chargé jusqu’en novembre 1947 de l’enseignement de Russe dans les deux lycées de Lille où il avait de faibles effectifs. Il dut se soigner au sanatorium d’Assy (juin 1948-mars 1949).

Dans le même temps, sa carrière politique commençait. Depuis janvier 1928, Coquart adhérait au Parti socialiste SFIO dans la section de Lille. Il appartenait à la commission administrative de la fédération du Nord. En 1934, il rejoignit le groupe « Révolution constructive » animé notamment par Georges Lefranc. De 1945 à 1947, il fut adjoint au maire de Lille, chargé des finances, réélu conseiller municipal de la ville le 19 octobre 1947. Il retrouva le poste de premier adjoint au maire en 1955 et occupait toujours cette délégation en 1965.

Candidat aux élections à la première Assemblée constituante en octobre 1945, placé en 8e position sur une liste socialiste comprenant 9 candidats, il était en 3e position un an plus tard aux élections au Conseil de la République le 8 décembre 1946. Le Parti socialiste SFIO remportant deux des cinq sièges, il se trouva en position de remplaçant et fut appelé à siéger après le décès d’Ernest Couteaux, survenu le 29 novembre 1947. Coquart fut proclamé membre du Conseil de la République le 13 janvier 1948 mais, ayant été élu représentant de la métropole à l’Assemblée de l’Union française le 24 février suivant, il préféra conserver son mandat dans cette assemblée et se désista, pour le Conseil de la République, en faveur du suivant de ses colistiers. Il fut donc conseiller de l’Union française jusqu’en décembre 1958, ayant été réélu le 10 juillet 1952 par le groupe socialiste, et fut vice-président de la commission des relations extérieures en 1948, de la commission du règlement en 1948, de la commission de la politique générale en 1954 et membre de la commission des affaires culturelles en 1958. Il fut, sans succès, candidat aux élections au conseil général, dans le canton de Lille-Nord-Est, en 1955, 1961 et 1967.

Au sein de la fédération socialiste SFIO du Nord, Armand Coquart fut membre de la commission exécutive en 1947-1959 puis en 1966. Il participa à de nombreuses réunions nationales et intervint sur le programme du parti au Congrès national extraordinaire le 29 mars 1946, critiquant la thèse de Guy Mollet et de ses amis sur « le redressement du parti ». Candidat au comité directeur du Parti socialiste SFIO au congrès de mai 1950, il y fut élu en 1956-1958 et adopta des positions proches de celles de la minorité Édouard Depreux-Daniel Mayer pour la motion de laquelle il appela à voter au congrès de septembre 1958, sans toutefois les suivre au Parti socialiste autonome. Cette prise de position le marginalisa dans la fédération du Nord, habituée à la discipline.

Après la fin de son mandat à l’Assemblée de l’Union française, Armand Coquart demanda en vain à être détaché au Centre national de télé-enseignement. Nommé professeur de lettres et de russe à l’annexe d’Haubourdin du lycée Faidherbe de Lille en janvier 1959, il obtint des congés de maladie jusqu’à sa retraite en septembre 1960.

Armand Coquart se remaria à Paris (VIIeme arr.) le 1er juin 1957 avec Camille Ossieur.

Il se confond probablement avec Armand Coquard, né en 1906 à Saint-Quentin, signalé par la police comme militant communiste de Douai-Dorignies (Nord) en 1924 (Arch. Nat. F7/13090).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20574, notice COQUART Armand, Georges, Robert par Gilles Morin, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 15 juin 2020.

Par Gilles Morin

[Assemblée nationale, Notices et portraits]

SOURCES : Arch. Nat., AJ/16/8942, F/1cII/451, 313, 305, F17 27691 (dépouillé par Jacques Girault), F7/13090. — Rapports des congrès de la SFIO, 1944-1967. --- Rapports de congrès fédéraux du Nord, 1945-1967. — Bulletin intérieur de la SFIO n° 50. — Dictionnaire des Parlementaires français, 1940-1958, t. 3, La Documentation française. — Notes de Jacques Girault.

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