CORDEBOIS Pierre

Par Paul Boulland, Claude Pennetier

Né le 18 décembre 1917 ; ajusteur ; secrétaire de la fédération communiste de la Nièvre.

Fils de cultivateurs que Pierre Cordebois qualifiait ses parents, en y associant son frère, de « radicaux ou petits socialistes ». Après avoir obtenu le certificat d’études primaires, il fréquenta une EPS où il apprit l’ajustage et le dessin industriel. Il quitta l’école en juillet 1934, avec un brevet d’enseignement industriel, pour travailler chez son père. En janvier 1935, il fut embauché par la Compagnie des avions Henriot à Bourges comme agent technique et il adhéra aussitôt à la CGT.

Sur le plan politique, il restait marqué par l’enseignement de ses professeurs « SFIO et francs-maçons » ; il était donc anticlérical et attaché à l’amélioration de la législation ouvrière (questionnaire autobiographique postérieur à la Libération). La guerre d’Espagne le fit évoluer. Dans son syndicat CGT, il vota contre la « non-intervention » et fit des heures supplémentaires bénévoles pour construire du matériel destiné aux républicains. Son départ au régiment, en novembre 1938, interrompit un processus de rapprochement avec les communistes, très présents dans son atelier. Il fit ses classes à Romorantin et travailla comme mécanicien aux pièces de rechange d’avions. Remobilisé le 15 mai 1940, il fut versé dans une compagnie d’aménagement des terrains de l’Air mais se sentit inutile jusqu’à l’ordre de retraite vers les Pyrénées. Ouvrier tourneur, désigné pour partir en Allemagne en novembre 1942, il se cacha et se consacra à l’agriculture. Après la Libération, il déclara : « Depuis fin 1938, j’ai toujours été d’opinion communiste. Au cours de l’occupation j’ai toujours été en contact avec le camarade [Chabret], ancien militant. Alors que celui-ci était parti aux FTP, suivant les instructions j’ai groupé quelques camarades aux milices patriotiques mais il ne fut jamais possible d’obtenir des armes. [...] à son retour en travaillant de concert nous avons organisé une cellule puis la section du Parti communiste de Chantenay. » La commission des cadres nota cependant : « S’est caché pendant l’occupation, n’a pas essayé de prendre contact avec les nombreux maquis de la région. »

Son adhésion formelle au Parti communiste date d’octobre 1944. Il suivit dès février 1945 une école centrale paysanne où il se fit remarquer par ses qualités d’expression et de rédaction et fut déclaré « apte à remplir une fonction régionale dans le travail paysan ». En fait, il venait de reprendre son métier d’ouvrier métallurgiste. Il fit à nouveau une école centrale de trois mois en février-mai 1946. L’évaluateur indiquait : « Modeste et même un peu renfermé, a, dans l’ensemble, fourni des réponses correctes. Travailleur, c’est un élément moyen, susceptible de développement. Très méthodique, me semble à sa place à l’organisation. Peut aussi s’occuper du travail d’éducation. » Le Parti communiste le présenta aux élections législatives de juin 1946 malgré certaines réticences liées à son adhésion récente. A Chantenay-Saint-Imbert, où il fut secrétaire de la section communiste, il participa à la délégation municipale mise en place en décembre 1944, puis fut élu conseiller municipal. En dépit des réserves du secrétariat du parti, réitérées à l’instigation d’André Marty et sans doute motivées par l’appréciation négative portées sur son parcours durant la guerre, Pierre Cordebois entra au secrétariat fédéral de la Nièvre en 1948, comme secrétaire à l’organisation, puis comme premier secrétaire de 1949 à 1950, puis à nouveau comme secrétaire à l’organisation.

Permanent de 1945 à 1950, Pierre Cordebois connut ensuite une période de chômage avant de retrouver un emploi dans la métallurgie. Au début de l’année 1953, il ne siégeait plus qu’au bureau de la fédération communiste. Toutefois, après le retrait de Paul Rochet, il regagna le secrétariat fédéral. Selon les appréciations de la fédération, il fut très actif pendant les grèves de l’été suivant : « A su au comité de grève entraîner avec sûreté et allant la lutte des métallos de la Nièvre. A permis, par sa confiance, d’entraîner 95 % des entreprises du département dans la lutte. » Roger Cordebois assuma la direction de la fédération dans des jugées conditions difficiles par la direction du parti. En 1955, il accepta la proposition de devenir à nouveau permanent du parti. Juliette Dubois notait alors : « sa femme que j’ai vue, est très compréhensive et parfaitement d’accord. Il propose d’être permanent après les vacances (juillet) afin de ne pas perdre le bénéfice de certains avantages financiers. Actuellement, il gagne 40 000 F par mois plus les allocations familiales. » Toutefois, cette proposition ne put se concrétiser et lorsqu’elle lui fut à nouveau faite, deux ans plus tard, il refusa. Henri Védrines* indiquait : « [Cordebois], qui travaille actuellement à Saint-Pierre-le-Moutier, a formellement refusé. Il a dit qu’il était prêt à accepter voici un an, mais qu’aujourd’hui, ce n’est plus possible. Il veut avant tout s’occuper de ses affaires personnelles. Dans ces conditions, je n’ai pas cru devoir insister pour qu’il change à nouveau d’avis. »

Roger Cordebois ne fut pas réélu au secrétariat fédéral en juin 1959 et fut ramené au comité fédéral. En mai 1961, lors de la conférence suivante, il ne fut pas reconduit, car la direction jugeait qu’il « n’avait pas tenu ses engagements » et « n’avait déployé aucune activité. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20605, notice CORDEBOIS Pierre par Paul Boulland, Claude Pennetier, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 15 octobre 2020.

Par Paul Boulland, Claude Pennetier

SOURCE : Arch. comité national du PCF.

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