GRYLEWICZ Anton

Par Pierre Broué

Né le 8 janvier 1885 à Berlin, mort le 2 août 1971 à Berlin-Ouest ; militant socialiste, communiste puis trotskyste.

Fils de menuisier, Anton Grylewicz apprit le métier de mécanicien et travailla avant son service militaire, de 1907 à 1909. Il adhéra au SPD en 1912. Mobilisé en 1914, il passa deux ans sur le front ouest et fut réformé à la suite d’une grave blessure. Il revint alors à Berlin, travaillant en usine comme serrurier-outilleur. Il fit partie du réseau des Revolutionäre Obleute (délégués révolutionnaires) des usines de Berlin, véritable direction clandestine du mouvement ouvrier berlinois pendant cette période. Il adhéra à l’USPD en 1917, fut responsable, en 1918, de l’organisation de ce parti à Berlin. Il joua, en tant qu’adjoint d’Eichhorn à la préfecture de Police de Berlin, un rôle important dans le « soulèvement de janvier » 1919. Vice-président puis président de 1 ’USPD du Grand-Berlin, il fut l’un des chefs de file des « indépendants de gauche », partisans de « Moscou » avant le congrès de Halle, délégué au congrès d’unification et de naissance du VKPD. Au début de l’automne 1923, il fut appelé à Moscou pour participer aux préparatifs techniques de l’insurrection allemande, prévue à cette date pour le mois d’octobre. Conseiller municipal de Berlin et Neukolln, député au Landtag de Prusse et au Reichstag, secrétaire d’organisation du Bezirk (rayon) de Berlin du VKPD, Grylewicz était l’un des chefs de file de la gauche allemande dirigée par Ruth Fischer et Maslow. Il fut chef du département d’organisation du Comité central et fut plusieurs fois emprisonné et condamné. H fut exclu du parti le 1er avril 1927, fut ensuite président de la fraction des communistes de gauche du Landtag et participa à la fondation du Leninbund en mars 1928.
En 1929, il entra en correspondance avec Trotsky et constitua à Berlin, avec Richard Neumann et Joko (Joseph Kohn), la minorité du Leninbund qui critiquait l’orientation de la direction Urbahns vers un nouveau parti et son analyse du conflit sino-russe. Exclu avec ses camarades, il participa à la création, par la fusion avec l’Opposition de Wedding, Landau et Schwalbach, de la Vereinigte Linke Opposition (VLO), section allemande de l’Opposition de gauche dont il fut désormais l’un des piliers. Il fut à Berlin le gérant du Biulleten Oppositsii, organe en exil de l’Opposition de gauche russe et l’éditeur des ouvrages de Trotsky. En 1933, il échappa de justesse aux SA, qui s’emparèrent de ses archives et réussit à gagner la Tchécoslovaquie. C’est là qu’il fut, en juillet 1937, arrêté et inculpé d’espionnage : il fut victime d’une provocation organisée parle GPU pour casser son action sur les procès de Moscou. Il bénéficia d’un non-lieu en novembre, mais fut expulsé. Il vint alors à Paris et réussit à gagner Cuba en 1941. Il y vécut jusqu’en 1955, gagnant sa vie comme menuisier. Il prit sa retraite à Berlin-Ouest où il rejoignit le SPD.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article216269, notice GRYLEWICZ Anton par Pierre Broué, version mise en ligne le 23 juin 2020, dernière modification le 27 février 2020.

Par Pierre Broué

SOURCES : S. Bahne, « Der Trotskysmus in Geschichte und Gegenwart w, in Vierteljahreshefte für Zeitgeschichte, 1.15, 1967. — P. Broué, « Procès manqué à Prague : l’affaire Grylewicz », in Cahiers Léon Trotsky, no. 3, 1979. — Ailes, Trotskisten, op. cit. — Zimmermann, Leninbund, op. cit. — Rœder et Strauss, op. cit. — Weber, Wandlung, op. cit.

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