CHAPELLE Jan.

Par Willy Haagen

Anvers (Antwerpen, pr. et arr. Anvers), 17 août 1879 – Liverpool (Grande-Bretagne), 18 novembre 1942. Ouvrier métallurgiste, horloger, puis dirigeant d’un organe de presse socialiste, militant socialiste, dirigeant de la Socialistische jonge wacht, dirigeant d’une coopérative, dirigeant syndical, militant du Belgische werklieden partij.

Jan Chapelle est successivement chaudronnier, horloger. Il s’investit dans le mouvement ouvrier socialiste vers 1897-1898. Avec Piet Somers*, il prend la direction de la Socialistische jonge wacht (SJW – Jeune garde socialiste) qui est toutefois dissoute par manque d’argent. En 1899, il fonde à nouveau la SJW dont il prend la direction. Avec cette section, il diffuse des manifestes et des imprimés et organise des actions de propagande contre l’impôt du sang.

En 1900, Jan Chapelle est indirectement impliqué dans la fondation de la Fabriekarbeidersbond (Syndicat des ouvriers de fabrique) à Anvers. La même année, il mène une action de propagande pour l’obtention du suffrage universel. Durant l’une de ces actions, il est accusé d’outrage à l’encontre de députés catholiques revenant de Bruxelles en train. Ceci se passe probablement suite à la provocation et il est immédiatement libéré en première instance. Plus tard dans l’année, la Cour d’assises le condamne à sept mois de prison pour ces mêmes faits. C’est Henri De Man, étudiant à l’époque, qui le remplace comme secrétaire de la SJW.

Sorti de prison, Jan Chapelle retourne à la rédaction du journal De Werker, qu’il vend à Anvers. Le prix du journal augmente d’un centime ce qui lui permet de se rendre chaque jour à Gand afin de développer les informations anversoises jugées trop peu étoffées. Début 1907 voit la création à Anvers de l’imprimerie coopérative, Excelsior, ayant pour but d’éditer un journal socialiste propre lequel n’est finalement édité qu’à partir de 1914. Chapelle siège au conseil d’administration d’Excelsior.

Vers 1904, avec Jan Bartels, Jan Chapelle mène campagne afin de réunir tous les dockers en un syndicat neutre, en dehors du parti ouvrier. Finalement, le syndicat « Willen is kunnen » (Vouloir c’est pouvoir) est fondé à l’initiative d’Arthur Wieme qui en devient le président. La neutralité syndicale voulue en 1904 fait long feu face à l’indifférence des dockers anversois malgré la présidence de Jan Bartels. En 1906, le BWP (Belgische werklieden partij – Parti ouvrier belge) lance une campagne de propagande en vue d’établir l’unité. Jan Bartels s’y opposant, Jan Chapelle, soutenu par Arthur Wieme, le contrecarre. C’en est fini de la neutralité syndicale. Le syndicat des dockers adhère au BWP le 2 décembre 1906. Le 17 février 1907, Chapelle est élu président du syndicat et le 1er juin 1907, le premier numéro de De Dokwerker (Le docker) paraît, il en est le principal rédacteur.

Jan Chapelle contribue activement à l’action déployée par le syndicat de dockers. Après avoir organisé une enquête sur les revendications salariales, il décide, à partir du 16 juillet 1907, de lancer la grève non pas générale mais par catégorie professionnelle, afin que les ouvriers au travail soutiennent les grévistes grâce au paiement d’une cotisation. Cette grève se termine à la fin de septembre 1907 par un succès tout relatif pour le syndicat. Le patronat n’a pas cédé mais le mouvement est indicatif de la percée des syndicats socialistes dans le secteur portuaire d’Anvers. Bien que le syndicat perde des membres, Arthur Wieme et Chapelle, appuyés par le mouvement socialiste, prennent des décisions afin d’assurer sa survie en réorganisant la perception des cotisations et en fusionnant les sections de dockers trop faibles. En 1908, Jan Chapelle s’occupe des protestations des chômeurs dans la région d’Anvers. Sur la demande de l’échevin Strauss, les délégués du Partijgebonden-Secrétariat général ouvrier, dont Chapelle fait partie, souhaitent obtenir à un accord collectif concernant les chômeurs. G. Goetschalk* réagit violemment dans le journal De Volkstribuun (La tribune populaire), porte-parole des partisans de la neutralité syndicale, ce qui provoque à nouveau son expulsion du POB.
En 1908-1909, Chapelle mène une campagne de sensibilisation autour de la problématique des elevators (ascenseurs) installés sur les quais du port d’Anvers. Il résume ses observations dans une brochure dans laquelle il plaide pour l’exploitation du port « en régie » par l’administration communale. Début 1910, l’échevin socialiste, Alfred Cools*, défend ce point de vue au collège communal ; il obtient que les elevators soient importés graduellement afin de ne pas mettre en une fois des milliers de dockers au chômage.
En juillet 1911, un nouveau conflit éclate entre la compagnie maritime Red Starline et les dockers qui finissent par se mettre en grève. Un procès verbal est rédigé à l’encontre de Jan Chapelle. Inculpé d’« outrages et menaces qui tombent sous le coup de l’article 310 du Code pénal », il est arrêté le 14 juillet 1911, fait qui sera fortement contesté lors des réunions de grèves des dockers. Après sa libération, il est obligé de s’enfuir à l’étranger afin d’échapper à d’autres poursuites judiciaires.

Pendant la Première guerre mondiale, Jan Chapelle séjourne en Angleterre. En 1915, il y est nommé propagandiste par la Workers union (Union des travailleurs). Il est actif notamment dans le nord de l’Angleterre et en Écosse.

Après l’Armistice, Jan Chapelle revient en Belgique et est nommé secrétaire de la Zeemansbond (Ligue des pêcheurs) socialiste. Il est membre du bureau journaliser et exécutif de l’Union belge des ouvriers du transport (UBOT). Le 23 avril 1919, il représente l’UBOT lors du congrès international à Amsterdam. Il siège au Conseil du travail de la marine belge. Il s’occupe également de l’extension de la section d’Ostende de l’UBOT. En 1920, il participe à la première conférence maritime ouvrière internationale au Bureau international du travail (BIT) à Genève. Il est également membre de la caisse de secours et de prévoyance pour les marins naviguant sous pavillon belge, au Conseil du travail de la marine marchande de Belgique. À partir du 29 janvier 1935, il y est le délégué de l’UBOT à la section des marins. Il siège à la commission paritaire de la marine marchande et est membre de diverses commissions gouvernementales.

Sur le plan politique, Jan Chapelle succède en 1910 à Edouard Preumont comme secrétaire du BWP d’Anvers en 1910. Il occupe cette fonction peu de temps car le 15 octobre 1910, Willem Eekeleers le remplace dans cette fonction. Lors des élections communales de 1907 et 1911, Chapelle défend l’alliance du BWP avec les libéraux. À partir de 1923, Jan Chapelle est délégué des ouvriers du transport au bureau national du Parti ouvrier belge (POB).

Au début de la Seconde Guerre mondiale, Jan Chapelle se rend à Londres où il arrive le 26 juin 1940. Il y fait fonction de secrétaire général de la Ligue belge des pêcheurs de la section de Glasgow. À Liverpool, il fonde un Zeemanshome (Home pour pêcheurs). Après sa mort, c’est Alfons Daems* qui lui succède. Jan Chapelle fait également fonction de commissaire de la société coopérative socialiste, Armement ostendais.

Après sa mort en novembre 1942, les cendres de Jan Chapelle sont ramenées en Belgique en 1949 par l’UBOT.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article220436, notice CHAPELLE Jan. par Willy Haagen, version mise en ligne le 14 novembre 2019, dernière modification le 16 décembre 2021.

Par Willy Haagen

SOURCES : EEKELEERS W., Een belgische vakbond in Engeland, Antwerpen, 1919 – VAN LAAR A., De geschiedenis van de socialistische beweging te Antwerpen, Antwerpen, 1925 –SMETS D., RENS J., Historique du centre syndical belge à Londres 1941-1944, Bruxelles, 1976 – Voor allen, 13 februari 1949 – VAN ISACKER K., Meesters en huurlingen. De staking van 1907 aan de haven van Antwerpen, Antwerpen, 1962 – VAN ISACKER K., De antwerpse dokwerker 1830-1940, Antwerpen, 1963 – DE WEERDT D., GELDOLF W., Camille Huysmans geschriften en dokumenten, I : C. Huysmans in Brussel, Antwerpen-Amsterdam, 1974 – BALTHAZAR H., GOTOVITCH J., Camille Huysmans geschriften en dokumenten, VIII, C. Huysmans in Londen, Anvers, Amsterdam, 1978 – DE MULDER B., PEIREN W., « Chapelle Jan », dans Site Web : odis.be.

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