KUSTURICA Siegfried Sigfrid

Par Hervé Lemesle

Né le 16 juin 1917 à Kustošija (près de Zagreb, Autriche-Hongrie, aujourd’hui Croatie) ou à Zeulenroda (Thuringe, Allemagne), mort en 1997 à Plauen (Thuringe, Allemagne) ; métallo ; volontaire en Espagne républicaine ; interné en France puis en Allemagne ; douanier en Allemagne de l’Est après 1945.

Né en Croatie ou en Allemagne d’un père croate employé de la Poste, Siegfried Kusturica avait la nationalité allemande par sa mère et passa son enfance à Zagreb. Après l’école élémentaire pendant laquelle il fut membre de la société de gymnastique patriotique Sokol [Le faucon] de 1928 à 1930, il fit un apprentissage de tourneur et devint ouvrier comme ses trois frères et deux sœurs. Il adhéra dès 1931 à la Ligue des syndicats ouvriers unifiés de Yougoslavie (URSSJ), dominée par les socialistes réformistes mais avec un poids croissant des communistes dans le cadre de la ligne de Front populaire adoptée par l’Internationale communiste (IC) en 1935.

Arrivé en Espagne le 5 janvier 1938, Siegfried Kusturica fut affecté comme soldat dans la 129e BI alors en formation en Aragon. Après un bref passage en Estrémadure, son unité subit la débandade pendant la grande offensive franquiste du printemps 1938 coupant la Catalogne du reste du territoire contrôlé par les républicains. Il parvint à passer dans cette région, alors que la majorité de ses camarades restèrent au Levant. Il intégra alors le bataillon « Divisionario » rattaché à la 45e division. Il prit part à la dernière grande offensive républicaine sur l’Ebre durant l’été jusqu’à la démobilisation des volontaires étrangers en octobre ; son bataillon essuya de lourdes pertes pendant cette tentative avortée de rompre l’isolement de la Catalogne. Regroupé dans le camp de Campdevanol dans le nord de la province de Gérone avec les autres démobilisés yougoslaves présents dans cette région, il était considéré comme un combattant discipliné, intelligent et actif politiquement, mais avec des « traits petit-bourgeois ». La commission d’évaluation du Parti communiste d’Espagne (PCE) estimait qu’il était un bon sympathisant du Parti, à aider pour sa formation politique et son admission éventuelle.

Blessé pendant la Retirada, Siegfried Kusturica fut interné à Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales), puis à Gurs (Basses-Pyrénées) et finalement au Vernet (Ariège). Sa présence dans ce dernier camp au régime plus sévère laisse à penser qu’il était considéré par les autorités françaises comme un « dur ». Il se porta sans doute volontaire pour aller travailler en Allemagne au printemps 1941, mais fut arrêté par la Gestapo et interné à Dessau (Saxe-Anhalt) en 1944-45. Après la Libération, il travailla comme douanier dans la zone d’occupation soviétique et resta en Allemagne de l’Est jusqu’à sa mort.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article230008, notice KUSTURICA Siegfried Sigfrid par Hervé Lemesle, version mise en ligne le 10 juillet 2020, dernière modification le 10 juillet 2020.

Par Hervé Lemesle

SOURCES : RGASPI (Moscou), 495.277, dossier personnel, appréciation du 12 novembre 1938 ; 545.6.1521 demande d’autorisation de rentrer en France du 10 décembre 1938 ; 545.6.1527 caractéristique n°579 du 5 mai 1941. — Spisak španskih boraca [Liste des combattants espagnols], Belgrade, Udruženje Španskih borci 1936-1939, septembre 2011, en ligne. — Werner Abel et Enrico Hilbert, « Sie werden nicht durchkommen ». Deutsche an der Seite der Spanischen Republik und der sozialen Revolution, vol.1, Lich-Hessen, Verlag Edition AV, 2015, p.295.

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