DUMORA Raoul, François

Par Jean-Marie Guillon

Né le 20 janvier 1904 à Salles (Gironde), mort sous la torture le 8 novembre 1943 à Castillon-sur-Dordogne, auj. Castillon-la-Bataille (Gironde) ; instituteur ; Mouvements unis de la Résistance (MUR)-Armée secrète (AS).

Sainte-Foy-la-Grande, plaque aux morts de la Résistance

Fils de Jean Dumora, bûcheron, et de Jeanne Dubourg, cultivatrice, marié à Le Fleix (Dordogne) avec Nelly Jeanne Mariol le 17 septembre 1925, Raoul Dumora était instituteur de l’école d’Eynesse (Gironde). Il avait été révoqué en 1941 par les autorités de Vichy.
Entré dans la Résistance avec son épouse, il appartenait au secteur MUR-AS de Sainte-Foy-la-Grande, rattaché à l’organisation de Dordogne-Sud. Il fut dénoncé comme communiste par des militants d’extrême droite, collaborationnistes du Parti populaire français (PPF), à Maurice Berteau, l’un des agents civils de la 1e section de la 8e compagnie de la division Brandebourg. Ce détachement, commandé par le lieutenant Demetrio, était arrivé à Castillon-sur-Dordogne le 10 octobre 1943 pour démanteler la Résistance locale, ce qui était la vocation de la 8e compagnie, unité spéciale de la Wehrmacht, instruite dans les Pyrénées-Atlantiques pour infiltrer les organisations et filières clandestines. Les informations de Berteau venaient de deux de ses amis PPF résidant à Sainte-Foy-la Grande (Gironde).
Raoul Dumora et sa femme furent arrêtés et conduits dans les locaux de la Caisse d’épargne, qui se trouvaient à côté de l’hôtel des Voyageurs où le détachement était installé et lui servaient de lieu d’interrogatoire. Raoul Dumora mourut probablement sous la torture, ses pieds et peut-être ses mains étant liés, mais sa mort fut camouflée en suicide (procédé que la 8e compagnie utilisa dans d’autres lieux de sévices).
Son corps fut inhumé au cimetière de Libourne (Gironde) dans une sépulture anonyme et avec un bout de corde au cou. Il ne sera identifié que le 12 novembre 1945 par son épouse, revenue de déportation. Sa dépouille fut transférée par la suite au cimetière d’Arcachon (Gironde).
Homologué lieutenant FFI (Forces françaises de l’Intérieur), décoré de la Médaille de la Résistance à titre posthume le 29 novembre 1946, Raoul Dumora reçut aussi la mention de « Mort pour la France ». Son nom figure sur le monument aux morts de Sainte-Foy-la-Grande et sur celui d’Eynesse dont la plaque précise qu’il a été « assassiné par les Allemands et les Waffen-SS le 8 novembre 1943 ». Eynesse est aussi le village où fut inhumé Philippe Henriot, secrétaire d’État à l’Information et la Propagande en 1944, milicien, l’une des principales voix du collaborationnisme, exécuté par la Résistance le 28 juin 1944.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article231741, notice DUMORA Raoul, François par Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 3 septembre 2020, dernière modification le 6 mai 2021.

Par Jean-Marie Guillon

Sainte-Foy-la-Grande, plaque aux morts de la Résistance

SOURCES : Arch. justice militaire, tribunal militaire de Bordeaux 24 novembre 1953 (dossier Frahi, Bossy, Roglin, etc., rapports de police, tableau des arrestations et des meurtres dans la région de Bordeaux). ⎯ Arch. dép. Bouches-du-Rhône 62 W 451 (dossier Battifredo, interrogatoire Lamblin). ⎯ Arch. dép. Gard 3 U 7 218 (cour de justice de Nîmes, dossier Cot). ⎯ Site internet Mémoire des hommes SHD Caen AC 21 P 176834. ⎯ Jean-Marie Guillon et Guillaume Vieira, « La 8e compagnie de la Division Brandebourg. Une pièce essentielle et méconnue de la lutte contre la Résistance », Provence historique fascicule 252, avril-juin 2013, p. 195-212. ⎯ Olivier Pigoreau, Sanglante randonnée. Les Français de la division « Brandebourg » et des formations de chasse SS, Paris, Histoire & Collections, 2013, p. 62-63. ⎯ état civil.

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