TESSÉ Yvonne [née GUISTINO Yvonne, Jeanne, Germaine]

Par Renaud Poulain-Argiolas

Née le 20 août 1912 à Carry-le-Rouet (Bouches-du-Rhône), morte le 22 février 1991 à Martigues (Bouches-du-Rhône) ; sympathisante ou militante communiste ; résistante, membre des FTPF.

Mariée à Maurice Tessé, chef d’un groupe FTP de Martigues, Yvonne Guistino avait 3 enfants avec lui lorsqu’il fut licencié des raffineries de La Mède (commune de Châteauneuf-les-Martigues) pour ses idées politiques avant la guerre. Ils eurent plus tard un quatrième enfant. Leur famille vivait à Martigues au 4, quai de Rive Neuve, dans le quartier de Ferrières.
La répression dont son mari fit les frais les plongea dans la pauvreté. Il semble qu’elle l’accompagna dans absolument tout ce qu’il entreprit, partageant avec lui aussi bien la précarité matérielle que ses combats politiques jusqu’au sein de la Résistance. A défaut d’avoir la certitude qu’elle ait été communiste au sens strict, ses contacts réguliers avec des résistants du Front national et son engagement personnel laissent peu de doute au fait qu’elle fut bien plus que sympathisante.

Début 1943, alors que Maurice avait été interné au camp de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn) pour ses idées communistes, elle reçut une lettre du chef de camp lui annonçant qu’il s’était évadé quelques semaines plus tôt. Son mari vécut caché dans les environs de Martigues, à Saint-Pierre, dans un cabanon du quartier de la Gatasse. Leur situation familiale était devenue critique. Pendant l’internement de Maurice, ils avaient perdu une fille en bas âge. Pour pouvoir continuer à lui apporter des provisions et à nourrir les enfants, elle dut vendre progressivement leur mobilier. Il eut toutefois beaucoup de chance, car sa présence suscita essentiellement de la bienveillance de la part des habitants. Un gendarme, par exemple, prévenait Yvonne Tessé des perquisitions, tandis qu’Alex, un antifasciste allemand devenu leur ami, les informait des réactions de l’armée occupante.

C’est à Saint-Pierre que se constitua le premier foyer important de FTP martégal autour de Maurice Tessé et de la famille Arnaud. Yvonne Tessé en fit partie, sous le matricule 52.152, depuis les débuts du groupe en janvier 1943 jusqu’en août 1944, bien après les morts successives de son mari et de Marius Arnaud entre les mains des Allemands.
Le 13 octobre 1943, l’Italie déclara la guerre à l’Allemagne. A la fin du mois, les Italiens furent recensés pour être déportés en Allemagne pour y travailler. Certains furent cachés par la population, notamment chez la famille Arnaud et chez Mme Tessé dans le cabanon de la Gatasse, où elle les ravitailla jusqu’à la fin de la guerre.

Leur groupe de partisans s’élargit au-delà de la vingtaine de membres. Elle hérita une liste de son mari, répertoriant les noms des FTP, leurs pseudonymes, numéros de matricule, dates et lieux de naissance, professions et dates de recrutement. D’après les recherches de Jacky Rabatel, l’exactitude de ces données fut confirmée par des témoignages.
Outre les groupes de trois résistants reliés à Paul-Baptistin Lombard, celui d’une douzaine de membres mené par Maurice Tessé était le fer de lance de l’action armée. Autour d’eux, il y avait également des personnes de confiance, sollicitées pour distribuer des tracts, cacher des armes ou pour des coups de main ponctuels. Sortant du travail de propagande et de recrutement, leur groupe passa à l’action directe à partir du début de l’année 1944. En quelques mois, ils endommagèrent un nombre important de trains, de voies de chemin de fer et de dépôts.

En janvier 1946, suite à la mort de Maurice Tessé, le Tribunal civil d’Aix-en-Provence décida de l’adoption par la nation de deux enfants de Maurice et Yvonne Tessé : Liliane, Régine, Odette Tessé, née le 19 juillet 1935 à Martigues ; Renée, Christiane Tessé, née le 23 juillet 1937 à Martigues. Ils avaient également un film prénommé Guy.
Entre 1947 et 1948, pour rendre hommage à une grande figure de la Résistance et de l’histoire de la ville, la mairie de Martigues renomma le quai de Rive Neuve "quai Maurice Tessé".

Un Certificat d’appartenance aux FFI, fait par Commission départementale de la subdivision militaire des Bouches-du-Rhône le 15 octobre 1946, atteste qu’Yvonne Tessé servit dans les FFI de janvier 1943 au 31 août 1944.
Elle reçut une médaille commémorative de la Guerre 1939-45, comme le mentionne une attestation par lettre du comité départemental des Bouches-du-Rhône datée du 14 septembre 1948, signée par le Président de l’Association nationale des Anciens FTP-CFL-FFI (nom illisible) et du Commandant Callas, commandant militaire départemental des FTP.
Un diplôme des FTPF fut fait à son nom le 4 octobre 1946, en qualité de "FFI renseignement et aide". Il fut signé notamment par Charles Tillon et par Maurice Kriegel-Valrimont (parmi plusieurs noms de commissaires).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article233426, notice TESSÉ Yvonne [née GUISTINO Yvonne, Jeanne, Germaine] par Renaud Poulain-Argiolas, version mise en ligne le 16 novembre 2020, dernière modification le 19 novembre 2021.

Par Renaud Poulain-Argiolas

SOURCES : Jacky Rabatel, Une ville du Midi sous l’Occupation : Martigues, 1939-1945, Centre de Développement Artistique et Cuturel, 1986. — Cimetière de Canto-Perdrix, Martigues. — Données du site Filae. — Archives Argiolas.

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