LAMARQUE Jean, Albert, Maurice

Par Christian Henrisey

Né le 28 avril 1882 à Bordeaux (Gironde), mort le 27 mai 1952 à Paris (XVe arr.) ; commis des PTT ; animateur des grèves postales de 1909 à Paris, secrétaire du Syndicat national des agents des PTT en 1925-1927.

L’Humanité, 9 mai 1909

Fils d’un charron et d’une lingère, Lamarque entra aux PTT en mars 1902. Surnuméraire à Bordeaux, puis à Pontoise, il y fut nommé commis en décembre 1902. Réformé pour cause de « myopie grave », il échappa de ce fait à la mobilisation durant la guerre.
Nommé au bureau central télégraphique, rue de Grenelle à Paris en août 1905, il y resta jusqu’à sa révocation le 13 mai 1909 par le gouvernement Clemenceau. Il semble n’avoir réintégré les PTT qu’en septembre 1912, où à la suite d’un concours interne, il fut nommé rédacteur à la Direction départementale des postes à Dijon. Ainsi, lors de son mariage, en mars 1911 à Paris, avec une postière originaire du Tarn, il se déclarait « administrateur de société ». En décembre 1918, il était nommé à la Direction départementales des postes à Albi. En 1922, il revint à Paris pour exercer des fonctions à l’Administration centrale du Ministère des PTT. Rédacteur à la Direction de l’exploitation postale, il fut promu sous-chef de bureau en 1927. En 1932, il était sous-chef de bureau à la Direction des bâtiments quand, sur proposition d’Henri Queuille, il fut fait chevalier de la Légion d’honneur.
Il prit sa retraite en 1943 comme inspecteur général des PTT honoraire. En janvier 1952, il fut promu officier de la Légion d’honneur. Sa décoration lui fut remise par Jean Baylot, alors Préfet de la Seine, avec lequel il avait dirigé dans les années 1920 le Syndicat national des agents. Il mourut peu de mois après cette distinction. Le parcours administratif de Lamarque traduit une ascension méritocratique assez commune au sein de l’Administration des PTT jusqu’à la fin du XXe siècle.

Pourtant cette « carrière » débuta sous le signe de la révolte. Syndicaliste révolutionnaire, Lamarque fut en 1907, avec Le Gléo, à l’origine d’une formation révolutionnaire minoritaire au sein de l’Association générale (AG) des agents PTT : « Les Putois ». Il devint secrétaire du groupe du central télégraphique et y organisa une série de conférences d’éducation syndicale ; ayant mené de puissantes actions revendicatives dès février 1909, il fut un des principaux organisateurs de la grève de mars. Il fut, en particulier, membre de la délégation inter catégorielle des grévistes qui fut reçue par Clemenceau et le ministre Barthou le 22 mars 1909. Il fut révoqué en mai en raison de l’action qu’il avait menée en province, à la demande de l’association pour y faire pénétrer les idées syndicales dans le milieu des fonctionnaires. Il fut délégué du groupe Paris-Central aux congrès de l’AG de 1908 et de 1909. Il était membre du Parti socialiste SFIO. En juillet 1909, il fut condamné en justice, avec les autres membres fondateurs, pour avoir constitué un éphémère syndicat des agents des PTT.
À la suite de sa nomination à direction départementale des Postes de Dijon, le militant socialiste fut élu en juillet 1915 secrétaire de la fédération SFIO de la Côte-d’Or — à la faveur de la guerre et de l’amenuisement des cadres, semble-t-il, car il n’en représenta pas l’orientation majoritaire fixée par Barabant.
En décembre 1915, délégué au congrès socialiste à Paris, il se montra hostile à une nouvelle réunion internationale du type Zimmerwald ; il l’estima prématurée tout en admettant qu’elle pourrait servir à convaincre les milieux socialistes des pays neutres du bon droit de la France. Aussi, approuva-t-il l’attitude du Conseil national SFIO du 9 avril 1916 fixant de multiples conditions à la reprise des relations internationales. Il se rangeait donc dans la minorité de la fédération, favorable à la défense nationale et hostile à Henri Barabant.
Il quitta le département avant la fin des hostilités pour le Tarn.
Dirigeant du syndicat CGT des PTT d’Albi (Tarn), Lamarque fut révoqué lors des grèves du début de l’année 1920 puis réintégré vers mars. Selon la préfecture, « son intelligence, sa facilité de parole et le ton de persuasion qu’il emploie, en font un entraîneur d’hommes dangereux ». Il habitait Marsac-sur-Tarn où sa femme était receveuse des postes.
Rédacteur aux PTT, Lamarque fut élu secrétaire adjoint du syndicat national CGT des agents des PTT lors du VIIe congrès (Toulouse, 10-13 juin 1925) et du VIIIe (Paris, 3-6 mai 1926). Voir Jean Baylot, Combes, Collet Marcel et Desplanques.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article234528, notice LAMARQUE Jean, Albert, Maurice par Christian Henrisey, version mise en ligne le 23 novembre 2020, dernière modification le 23 novembre 2020.

Par Christian Henrisey

Le Matin, 17 mars 1909
L’Humanité, 9 mai 1909

SOURCES : état civil (Arch. Dép. Gironde, Archives de Paris, 15e arrondissement) ; registre des matricules militaires ; dossier individuel dans la base Léonore des Archives nationales — Arch. PPo., M 2920. Renseignements fournis par M. Lévêque. — Arch. Nat. F7/13020, rapport du 7 juillet 1920 Arch. Nat. F7/13807 et F7/13808. — Compte rendu des VIIe et VIIIe congrès du syndicat national des agents des PTT. --- Bulletin officiel de l’AG des agents des PTT, 1908-1909. — L’Humanité, mars-juillet 1909. — La Bataille des PTT, n° 100, octobre 1929. — Le Rappel socialiste, 1915-1916.

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