BOUSQUET Élisa Jeannia dite Élise épouse REQUISTON

Par Daniel Grason

Née le 21 avril 1903 à Châteaudouble arrondissement de Draguignan (Var), morte à Ampus (Var) ; fille de salle ; résistante ; déportée.

Fille de Pierre Théophile Bousquet, cultivateur et de Caroline, Alexandrine Arthaud, Élisa Bousquet épousa Léonce Requiston, le couple eut deux enfants, âgés en 1944 de seize et vingt-deux ans. Elle divorça à une date inconnue, Elisa Bousquet adhéra en 1936 au Comité mondial des femmes (CMF), puis au Parti communiste en 1937. Par l’intermédiaire d’un militant qui a été fusillé à la suite de l’action rue Daguerre, elle accepta de militer dans l’organisation clandestine.
Elle exerça travailla jusqu’au 1er avril 1943, participa aux distributions de tracts, puis devint permanente, elle était appointée 2 000 francs par mois par l’Union des Femmes. Élisa Bousquet était répertoriée par les Renseignements généraux depuis le 19 août 1942 en raison de son activité politique. Du fait de sa liaison avec des FTP, elle était connue de la Police judiciaire depuis le 27 janvier 1944.
Elle était domiciliée au 25 rue Beaunier à Paris XIVe arrondissement, elle vivait en fait au 8 rue Sainte-Anastase à Paris et rue des Montgrevés à Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise, Yvelines).
Le 28 février 1944, la Brigade de Reims de la Sûreté nationale signalait par téléphone au commissaire Fernand David, commissaire de la BS1 que trois hommes, FTP de Troyes dans l’Aube étaient dans le train en direction de Paris. Ils devaient arriver à la gare de l’Est vers 11 heures 30.
Des inspecteurs de la BS1 se rendaient à la gare, prenaient contact avec des policiers de la Sureté nationale. Dès l’arrivée du train, les trois militants furent pris en filature. Ils se rendirent par le métro Porte de Clignancourt, montèrent dans l’autobus n° 68, ils descendirent à la Porte de Paris à Saint-Denis. Ils entrèrent à 14 heures dans le café situé à l’angle du boulevard Marcel Sembat et de la place Nicolas Leblanc. À 14 heures, quatre femmes entrèrent dans le débit de boisson, elles conversèrent avec les trois hommes une trentaine de minutes. Les policiers décidèrent de les interpeller, seul Jules Jacquesson et deux femmes dont Élisa Bousquet purent être appréhendés.
Les policiers perquisitionnèrent son logement de la rue Beaunier, ils saisissaient : 177 000 francs, les cartes intitulées « Les marraines des Francs-Tireurs » ; des tracts intitulés « Journal des marraines des Francs-Tireurs » et « Journal des marraines du détachement des FTP Marceau » ; des tracts intitulés « La Madelon des Francs-Tireurs » ; différents tracts ; huit feuilles dactylographiées ; une carte d’identité en blanc, revêtue du cachet de la mairie de Marolles-les-Braults dans la Sarthe et portant sa photographie ; une carte d’identité en blanc, avec la griffe de la même mairie portant la photographie de Cadot, qui était selon Élisa Bousquet, le responsable du ravitaillement ; une carte d’identité émanant du commissariat de Sèvres (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine) ; trois photographies d’identité ; quatre cartes grises de bicyclette en blanc, avec le cachet de la Préfecture de police ; deux cartes grises de bicyclette, avec le cachet de la Préfecture de police et établies au nom Jean Lambert et de Pierrette Lambert ; quatre carnets annotés ; trois feuillets dactylographiés relatant l’activité d’Élisa Bousquet ; six lettres des « Marraines des FTP » ; des listes de denrées alimentaires ; cinq papiers annotés, portant indications de personnes à exécuter ; l’engagement de location au nom de Bousquet Elisa, concernant sa chambre de la rue Sainte Anastase ; quatre quittances de loyer, de son domicile légal du 25 rue Beaunier ; cinq papiers où figuraient des adresses ; six papiers annotés qui portaient différentes indications ; un plan de la commune de Saint-Germain-en-Laye ; un papier annoté, avec l’adresse du docteur Grenet rue Le Nôtre à Sceaux ; un inventaire du mobilier d’un pavillon à Sucy-en-Brie, et une lettre de l’agence ; des denrées alimentaires : dix kilos de sucre, huit boîtes de lait condensé, deux kilos de miel, deux kilos de graisse, un litre d’huile, vingt kilos de haricots, un paquet de pain d’épice, un paquet de gaufrettes, deux paquets de pâtes Buitoni, quatre paquets de nouilles et un paquet de coquillette de 250 g, un paquet de farine, cinq kilos de nouilles et de vermicelle, sept paires de chaussettes et huit blousons. La perquisition de la chambre rue Anastase a été infructueuse. Quant au pavillon qu’elle avait loué à Sucy-en-Brie, il ne fut jamais utilisé.
Interrogée dans les locaux des Brigades spéciales à la Préfecture de police, les interrogateurs lui demandèrent de préciser son rôle dans les hébergements de FTP. Elle affirma qu’elle ignorait « totalement qu’il s’agissait de FTP. En raison de leur âge, j’ai pris ces jeunes gens comme des réfractaires. » Les trois jeunes hommes avaient été hébergés une nuit chez la tenancière d’un café, madame Cayral 77 rue de la Voie Verte. Cet établissement avait déjà fait l’objet d’un attentat le 25 septembre 1943 auquel participa Pierre Schotkosky FTP-MOI.
Élisa Bousquet a été interrogée, les policiers voulaient notamment connaître la provenance de la somme de cent-soixante-dix mille francs saisie. Elle répondit que l’argent provenait « de la vente de cartes d’alimentation ». Quant aux denrées alimentaires, elles devaient être réparties. Sur chaque document qui avait été saisi, elle fut questionnée plus particulièrement sur les contacts avec « Juliette », « Renée-Claude », « Simone », « Laurette », « Aline » et « Suzanne ».
Le 2 août 1944 elle était dans le convoi de vingt-quatre femmes qui partit de la gare de l’Est à destination de l’Allemagne. Toutes étaient étiquetées « NN » Nacht und Nebel (Nuit et Brouillard), ce qui signifiait condamnées à disparaître sans laisser de traces. Cette expression avait été empruntée par Hitler au livret de L’Or du Rhin de Richard Wagner.
Déportée sous son nom de jeune fille, elle a été emprisonnée à Lauban, une prison située à l’ouest de Breslau, avant sa comparution devant un tribunal militaire allemand. Jugée condamnée à une peine de prison, elle a été transférée au camp de concentration de Ravensbrück puis de Mauthausen (Autriche). Elle a été libérée par la Croix-Rouge internationale le 22 avril 1945.
Élisa Bousquet a été homologuée combattante des Forces françaises de l’intérieur (FFI), et Déportée internée résistance (DIR).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article238180, notice BOUSQUET Élisa Jeannia dite Élise épouse REQUISTON par Daniel Grason, version mise en ligne le 9 février 2021, dernière modification le 24 janvier 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. BA 1749 BA 1752, PCF carton 16 rapport hebdomadaire des Renseignements généraux du 19 juin 1944, transmis par Gérard Larue BS2 carton 39. – Bureau Résistance, Vincennes, GR 16 P 83842. – État civil numérisé AD du Var 7 E 41/42 année 1903 acte n° 2.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable