CHARLOT Marie, Émilie [bonnetière]

Par Jean Belin

Née le 4 février 1870 à Dijon (Côte-d’Or), morte le 9 octobre 1917 à Dijon ; ouvrière bonnetière à Dijon ; syndicaliste CGT du textile de Côte-d’Or.

Fille de Edme Pierre François Charlot, couvreur, et de Marie Porteret, cuisinière, dernière d’une fratrie de six enfants, Marie Charlot fut embauchée après sa fin de sa scolarité, comme ouvrière bonnetière à la manufacture Grey, un établissement installé boulevard de Brosses à Dijon qui employait plusieurs centaines de salariés. Marie Charlot fut une des principales animatrices de la grève des bonnetières aux côtés d’Ernestine Diénon qui débuta le 22 mars 1898 dans son établissement. La grève fut décidée au cours d’une assemblée générale qui se tint à la Bourse du travail et rassembla les 150 grévistes, qui étaient toutes des femmes.

Les ouvrières protestèrent contre la baisse des salaires imposée par leur employeur et les conditions de travail. Elles travaillaient debout 13h par jour dans une atmosphère empuantie des vapeurs de la lumière du gaz et étaient payées à la « façon ». Elles revendiquèrent la diminution de la journée du travail, une pause d’une demi-heure pour le repas, de l’eau à discrétion, le retour à l’ancien tarif qui déterminait le montant des salaires. Marie Charlot était chargée de conduire une délégation auprès de leur patron. Ce dernier qui menaça de fermer la manufacture, céda devant la force du mouvement en acceptant toutes les revendications. La Bourse du travail et les syndicats ouvriers de Dijon avaient organisé la solidarité et le soutien financier aux bonnetières en lutte. À la suite de la grève, les ouvrières bonnetières de plusieurs établissements dijonnais constituèrent un syndicat CGT le 3 avril 1898 et Marie Charlot fut élue secrétaire adjointe, Ernestine Diénon, secrétaire générale et Antonine Millet, présidente. Le syndicat qui avait son siège à la Bourse du travail déclara 140 adhérentes.

Marie Charlot fut désignée, avec François Raymond et Urbain Petit par le Conseil Fédéral de la Bourse du travail de Dijon pour participer à la commission départementale du travail réglementant le travail des enfants et des femmes mise en place par le préfet de la Côte-d’Or en 1898. Elle fut licenciée de la manufacture Grey à la suite d’un nouveau conflit qui opposa les ouvrières bonnetières en grève à leur patron en décembre 1900. Elle retrouva un emploi de domestique à Dijon. Marie Charlot se maria le 20 décembre 1900 à Dijon avec Arsène Mauchaussé, vigneron. Elle était domiciliée au 2 rue Petitot à Dijon lors de son décès.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article239974, notice CHARLOT Marie, Émilie [bonnetière] par Jean Belin, version mise en ligne le 12 avril 2021, dernière modification le 10 octobre 2022.

Par Jean Belin

SOURCES : Arch. Dép. Côte-d’Or, état civil ; série 10 M, rapport de police sur les grèves des bonnetières. — Arch. mun. de Dijon, sous-série 7F. — Le Rappel des travailleurs, éditions de mars 1898 et décembre 1900. — La Bourse du travail de Dijon et le syndicalisme CGT en construction de 1890 à 1930, Jean Belin, édition de 2016.

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