BARRÈS Henri, Louis

Par André Balent

Né le 2 septembre 1901 à Plainpalais (canton de Genève, Suisse ; commune rattachée à Genève après votation en 1930), mort le 19 août 1944 à Pierrelatte (Drôme) [officiellement à Montélimar (Drôme)] ; architecte ; résistant de la Haute-Savoie : interné au camp du Vernet-d’Ariège (Ariège) ; embarqué le 3 juillet 1944 à Toulouse (Haute-Garonne) dans un convoi ferroviaire (connu comme le « train fantôme ») pour la déportation à Dachau (Allemagne)

Montélimar (Drôme), gare SNCF, plaque à la mémoire de déportés depuis Toulouse (Haute-Garonne) par le "train fantôme", tués ou mortellement blessés à Pierrelatte (Drôme) le 19 août 1944.

Architecte, Henri Barrès était marié et père de deux enfants. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il vivait avec sa famille près d’Annecy (Haute-Savoie). Alain Courtauly et Robert Serre (op. cit) indiquent de façon erronée qu’Henri Barrès était
« tchèque ».

Henri Barrès était en contact avec la Résistance locale. Arrêté, sans doute par la police ou la gendarmerie françaises, il fut interné au camp du Vernet-d’Ariège (Ariège) qui abritait des étrangers « indésirables ». Il s’y lia d’amitié avec l’antifasciste italien Francesco Nitti. Celui-ci le décrit (op. cit., 2004 [1945], p. 94) comme un « homme jeune et charmant », « cultivé », « au caractère doux et sérieux ». Henri Barrès fut transféré à Toulouse avec les autres détenus du Vernet-d’Ariège : le 9 juin 1944, ce camp français fut occupé par les Allemands et les derniers internés furent transportés par camions, le 30 juin 1944, à Toulouse. Le 3 juillet 1944, à Toulouse, ils furent embarqués, en compagnie de détenus dans le quartier allemand de la prison Saint-Michel de la « ville rose ». dans un convoi de déportés à destination de l’Allemagne qui fut connu sous le nom de « train fantôme ». Ce train eut parcours sinueux, chaotique et fort long. Dans le train, il y avait, entre autres, deux « anciens » de la 35e brigade des FTP-MOI très active à Toulouse et dans les environs, Jacob Insel et François Lafforgue. Parti de Toulouse ce convoi fut bloqué à Angoulême avant de revenir à Bordeaux d’y rester près d’un mois et de repartir le 9 août pour Toulouse pour contourner par le sud le Massif Central puis rejoindre Pierrelatte. Ce train subit plusieurs mitraillages alliés, qualifiés de « bombardements » dans les documents du Service historique de la Défense (SHD).

Ce fut peut-être à la suite de l’un de ces mitraillages qu’Henri Barrès fut mortellement atteint à Pierrelatte. Une incertitude demeure car, dans la confusion générée par le mitraillage, des prisonniers tentèrent une évasion. Son corps fut descendu sans vie, avec cinq autres, parfois gravement blessés et mourants, en gare de Montélimar. L’acte de décès fut dressé sur le registre de l’état civil de Montélimar. Il indique que les « passagers » tués le furent par les Allemands : « Mitraillés par les Allemands sans aucuns autres renseignements recueillis sur leurs identités » sur l’acte de décès collectifs de sept (barré) six décédés détenus [passagers du « train fantôme »]. Un autre passager suisse du train fantôme, également interné au camp du Vernet-d’Ariège, Maurice Pugin, fut également tué ou mortellement blessé à Pierrelatte, le 19 août 1944.

Henri Barrès fut déclaré « Mort pour la France ». Il y a deux dossiers non consultés à son nom au SHD (GR 16 P 34922, Vincennes, comme membre des FFI ; 21 P 309521, Caen, comme victime civile).

Le nom d’Henri Barrès figure sur la plaque commémorative scellée en gare de Montélimar, célébrant la mémoire des victimes du « train fantôme » tuées le 19 août 1944.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article243925, notice BARRÈS Henri, Louis par André Balent, version mise en ligne le 27 novembre 2021, dernière modification le 27 novembre 2021.

Par André Balent

Montélimar (Drôme), gare SNCF, plaque à la mémoire de déportés depuis Toulouse (Haute-Garonne) par le "train fantôme", tués ou mortellement blessés à Pierrelatte (Drôme) le 19 août 1944.

SOURCES : Francesco Nitti, Chevaux 8, hommes 70, Perpignan, Mare Nostrum, 2004, 107 p. [p. 94], réédition ; édition originale : Éditions Chantal, Toulouse, 1945 ; préface de Jean Cassou. — Alain Courtauly, Robert Serre, article sur le site du Musée de la Résistance en ligne consulté le 24 novembre 2021. — Sites MemorialGenWeb et Mémoire des hommes consultés le 21 novembre 2021.

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