EYRE DE LANUX Elizabeth [née EYRE Elizabeth]

Par Anne Mathieu

Née le 20 mars 1894 à Johnstown (États-Unis, Pennsylvanie), morte le 8 septembre 1996 à New-York (États-Unis) ; peintre, dessinatrice, illustratrice ; décoratrice ; collectionneuse d’art moderne ; collaboratrice à quelques périodiques français et reportrice éphémère en Espagne

Elizabeth Eyre était la fille aînée de Richard Derby Ere, avocat, et d’Elizabeth Krieger.
Elle obtint son diplôme de fin d’études en 1911. Elle s’inscrivit à l’Art Students League, à New York, dans lequel elle demeura jusqu’en 1915. A cette date, elle rejoignit l’atelier de l’artiste Catherine Denkman Wentworth. En 1917, elle exposa au 1er Salon de la Société des artistes indépendants.

En 1918, elle entra au Bureau de presse étrangère du Comité sur l’information publique. C’est là qu’elle fit la rencontre de l’écrivain et ancien secrétaire d’André Gide, Pierre Combret de Lanux (1885-1955), membre de la Haute Commission Française aux États-Unis, en charge de la liaison avec les alliés d’Europe centrale. Elle l’épousa le 9 octobre 1918. Ils s’installèrent à Paris fin décembre. Ils eurent une fille, laquelle, posant petite avec sa mère, fut immortalisée par Man Ray.

À Paris, nous informe Patrick de Lanux, Elizabeth Eyre de Lanux poursuivit ses études de peinture avec Maurice Denis à l’Académie Ranson et avec Paul Sérusier à l’Académie Colarossi ; elle étudia la gravure avec Démétrius Galanis. Elle fréquenta en 1920 l’atelier de Constantin Brancusi. Dès cette époque, elle commença à signer ses croquis « Eyre de Lanux ». En 1920, selon Louis-Géraud Castor et Willy Huybrechts, elle réalisa une illustration pour La Gazette du bon ton de Lucien Vogel.

Grâce à son époux, elle rencontra les intellectuels de la NRF, ainsi qu’Adrienne Monnier – avec laquelle elle se lia – et fréquenta le salon littéraire de Jeanne Mühlfeld. Elle fréquentait aussi certains surréalistes, et le peintre Juan Miró. Il semble que ce soit à la librairie d’Adrienne Monnier qu’Elizabeth Eyre ait rencontré Louis Aragon, vers 1919 ou 1920. Leur liaison, commencée en 1925, dura environ un an – et prit la place de celle qu’elle avait eue depuis quelques années avec Natalie Clifford Barney, et également Pierre Drieu la Rochelle.

Le 8 juin 1926 s’ouvrit sa première exposition individuelle, à la Galerie Aux Quatre Chemins. En 1929, elle illustra de gravures à l’eau-forte Le pauvre chemisier de Valéry Larbaud.

En 1930, elle exposa au Salon des Artistes décorateurs et à la première édition du Salon de l’Union des Artistes Modernes (UAM), avec Evelyn Wyld avec laquelle elle partageait un atelier depuis quelques années. En 1932, les deux femmes ouvrirent Décor, une galerie de mobilier à Cannes. Elles la fermèrent l’année d’après, du fait des conséquences de la crise de 1929 sur le marché de l’art. C’est en ce début des années Trente que les époux de Lanux commencèrent à se constituer une collection d’art moderne.

Elle se rendit dans l’Espagne en guerre. Le 29 juillet 1938, elle publia un reportage dans l’hebdomadaire de la CGT dirigé par Lucien Vogel, Messidor, « Avec ceux de l’Ebre ».

Après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, en 1940, Elizabeth Eyre de Lanux retourna à New York. Son époux l’y rejoignit en février 1940, et, durant toute la guerre, y dispensa des conférences sur la France libre. A New York, elle continua à nourrir son activité artistique, et exposa.

Elle revint à Paris en 1945 : elle fréquentait alors assidûment Pablo Picasso, Constantin Brancusi, Pablo Neruda, Robert Capa…

En mars 1948, lors d’un voyage à Rome, elle rencontra un jeune écrivain, Paolo Casagrande, avec lequel elle entama une liaison. Elle loua là-bas un atelier, et y réalisa de grandes fresques. Ils voyagèrent dans toute l’Italie, en Grèce et au Maroc. De leurs voyages naquit notamment, selon ses divers biographes, « La Place de La destruction », qu’Elizabeth Eyre de Lanux publia en 1955 dans La Nouvelle Revue Française. C’est cette année-là que son époux mourut. C’est aussi cette année-là que Brassaï la prit en photo au « Flore », en compagnie de Picasso.

En mars 1961, elle quitta Paris et s’installa à New York de façon définitive – tout en retournant souvent à Rome et en voyageant sous diverses latitudes. Sa dernière visite à Paris s’effectua en 1978.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article244843, notice EYRE DE LANUX Elizabeth [née EYRE Elizabeth] par Anne Mathieu, version mise en ligne le 3 mars 2022, dernière modification le 8 mars 2022.

Par Anne Mathieu

SOURCES : Anne Mathieu, Nous n’oublierons pas les poings levés – Reporters, éditorialistes et commentateurs antifascistes pendant la guerre d’Espagne, Syllepse, 2021. — Patrick de Lanux, « Elisabeth Eyre de Lanux, une amazone à Paris », En ligne, 10 mai 2018. — Béatrice Joyeux-Prunel, Les avant-gardes artistiques ; 1918-1945. Une histoire transnationale, Gallimard, 2017, pp. 417-462. —Cécile Rol, « La Société de sociologie de Paris : un continent méconnu (1895-1952) », Les Études Sociales, vol. 161-162, 2015, pp. 119-173. — Louis-Géraud Castor et Willy Huybrechts, Eyre de Lanux : une décoratrice américaine à Paris, Norma éditions, 2013. — Lionel Follet, « La dame des Buttes-Chaumont », La Nouvelle Revue française, juin 2002. — Gérard Bossuat, La France et la construction de l’unité européenne. De 1919 à nos jours, Armand Colin, 2012, pp. 59-78. — Data Bnf. — IDRef. — Journaux et articles de presse cités dans la notice.

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