CARTIGNY Jean-Baptiste, Sylvestre

Né en 1815 à Dorangt (Aisne) ; tisseur de châles ; insurgé de juin 1848 ; il participa en 1865 à la création d’une coopérative ouvrière d’approvisionnement puis fut l’un des fondateurs de l’Économie ouvrière basée sur les mêmes principes. Il milita en faveur de la constitution d’ un parti coopératiste.

Il fut arrêté en 1839 après l’affaire du 12 mai où il avait été blessé, mais fit l’objet d’un non-lieu. Il vint demeurer à Ménilmontant, en 1844, et entra comme tisseur de châles, en 1846, chez un fabricant de nouveautés de la rue Martel.
En 1848, la délégation au Luxembourg lui fut offerte par la corporation des ouvriers tisseurs en châles et tissus de nouveauté ; mais il la refusa. La commission électorale du Luxembourg le désigna parmi ses candidats. Ancien membre de sociétés secrètes, il était affilié au club Popincourt. Il obtint 33 000 suffrages.

Le 23 juin 1848, il se trouvait au milieu de la fusillade de la porte Saint-Denis, puis avec les insurgés qui commencèrent les barricades de la rue de Ménilmontant (XXe arr.). Le 24, en redingote, casquette d’été et fusil, il combattit à la barricade Saint-Maur, faubourg du Temple. Arrêté sur dénonciation, il fut trouvé en possession de portraits de Cabet et de Robespierre, de convocations de la Commission des récompenses nationales. Transporté, malgré les bons certificats de son patron, il rentra le 24 juillet, ce dernier ayant offert de le reprendre : grâce à l’influence qu’exerçait Cartigny sur le personnel de la fabrique, un traité avait pu être passé entre fabricants et ouvriers dans cette industrie, à la veille de l’insurrection.

Prudhomme de sa corporation de 1848 à 1852, il fit partie, le 1er novembre 1865, des 60 consommateurs, pour la plupart ouvriers, qui fondèrent l’Association coopérative d’approvisionnement et de consommation de Belleville-Paris, dont le siège social était, 5, boulevard de Belleville. Quelques semaines plus tard, (28 mars 1865), il était au nombre des dissidents qui allaient créer l’Économie ouvrière. Il en fut d’ailleurs, le premier président. Il demeurait alors, 6, rue du Retrait.
L’Économie ouvrière se proposait de « procurer à chacun de ses coopérateurs toutes denrées et marchandises à des prix directs de revient » La part de chacun d’eux dans le capital souscrit était de 40 francs, pouvant être versés par acomptes hebdomadaires d’au moins 25 centimes. Les bénéfices étaient répartis entre les sociétaires selon deux modalités différentes : une première proportion était établie sur le montant de la consommation, une seconde sur le montant de chacun dans le capital versé ; le reste, passé au fonds de réserve, devait être placé à la Caisse d’escompte des associations populaires et au Crédit au Travail. » Voir Béluze Jean-Pierre.

En 1867, Cartigny fut désigné comme président de la représentation des tisseurs parisiens à la Commission ouvrière du passage Raoul. Les autres membres de la délégation étaient Gaunin, Lelaire, Fournel, Drivon et Daillancourt. Avec Eugène Varlin, il y défendit la conception de la société coopérative qui était celle de l’Économie ouvrière. Il signa l’appel aux démocrates publié, en 1868, en faveur de la création d’un vaste parti coopératiste, par La Réforme, journal du progrès politique et social, organe de la Coopération.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article28178, notice CARTIGNY Jean-Baptiste, Sylvestre, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 6 août 2021.

SOURCES : Arch. Min. Guerre, A 8558. — Eugène Tartaret, Commission ouvrière de 1867. Recueil des procès-verbaux des assemblées générales des délégués et des membres des bureaux électoraux, Paris, Imp. Augros, 1868, X-320 p. — Jean Gaumont, Histoire générale de la Coopération en France, t. I. — Note de R. Skoutelsky.

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