DENTRAYGUES Émile, Jean, Philippe (pseudonymes : Danglade, Rigal, Swarm)

Né le 4 septembre 1836 à Brive (Corrèze) ; membre de la section toulousaine de l’Internationale.

Émile Dentraygues (on trouve aussi l’orthographe D’Entraygues) était le fils de Bertrand et de Thérèse Émilie Bardenat. Le peintre Bertrand Charles était son jeune frère. Il s’était marié, à Bordeaux, le 3 décembre 1870 avec Pauline Dardene ; le couple était sans enfant.

Dentraygues fit partie de la section toulousaine de l’Internationale qu’il représenta au Congrès de La Haye, en septembre 1872, sous le nom de Swarm (voir Serraillier). Émile Dentraygues vota l’exclusion de Bakounine et de J. Guillaume, les pleins pouvoirs au Conseil général et le transfert de son siège à New-York.

Employé des chemins de fer de l’Hérault, il habita Pézenas (Hérault) et fit la connaissance de Calas en janvier 1872, mais se brouilla peu après avec lui. Il quitta Pézenas le 26 juin 1872 et vint à Toulouse. Vers cette époque, il fut en relations avec Salvan de Béziers (Hérault).

Après son retour de La Haye, il devint suspect aux adhérents toulousains de l’Internationale. Le 21 octobre, il alla habiter Martres (Haute-Garonne) et entra comme géomètre dessinateur à la compagnie du canal d’irrigation de Saint-Martory (Haute-Garonne).

Arrêté le 22 décembre 1872 (le 26 d’après La Gazette des Tribunaux du 16 mars 1873), il fut condamné le 29 mars 1873, par le tribunal correctionnel de Toulouse, à deux ans de prison et 50 F d’amende, et interné à Eysses.

Dénoncé comme provocateur au cours du procès de mars 1873, Émile Dentraygues, le 30 mai suivant, assurait « son Excellence » Mac Mahon « de son repentir sincère » et lui rappelait les « renseignements sincères et certains [...] donnés sur l’apparition (sic) de l’Internationale » (Cf. Arch. Nat., BB 24/792). Le procureur général fit remarquer (rapport du 31 juillet) que la peine paraissait sévère si on la comparait à celles qui avait frappé ses complices, « mais que, en raison de l’accusation d’agent provocateur dont il a été l’objet de la part de ses codétenus, une grâce accordée presque au lendemain de la condamnation pourrait être mal interprétée ». La peine fut réduite de six mois le 10 juin 1874.

Libéré, Émile Dentraygues habita Bordeaux, 78 rue d’Arès ; il aurait offert aussitôt ses services à l’administration préfectorale « pour se venger de son ancien parti » (d’après une lettre du commissaire central de Bordeaux au préfet de la Gironde, 15 janvier 1875).
Il mourut à Villefranche-d’Aveyron (aujourd’hui Villefranche-de-Rouergue) le 26 octobre 1900, sous le patronyme D’Entraygues. Dans la dernière décennie de sa vie il était devenu "Commissaire spécial de police" (J.O. du 3 août 1898, p. 4823, lui accordant pension).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article3104, notice DENTRAYGUES Émile, Jean, Philippe (pseudonymes : Danglade, Rigal, Swarm), version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 2 octobre 2022.

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/792, n° 3987. — Arch. Dép. Gironde, série M, Police générale 1868-1875. — Gazette des Tribunaux, mars et juin 1873. — Procès de l’Internationale. Compte rendu des débats devant la chambre de police correctionnelle de Toulouse, Paris, Toulouse, 1873, 104 p. Bibl. Nat., Lb 57/4142. Le texte de la brochure est plus important et, dans ses parties rapportant les mêmes faits, légèrement différent de celui de la Gazette des Tribunaux. — La Première Internationale (J. Freymond), op. cit., t. II. — Diplôme d’Études supérieures, décembre 1965, Mlle Rouja : L’opinion toulousaine en face de la Première Internationale (Faculté des Lettres de l’Université de Toulouse). — Notes de Jean Pierre Bonnet.

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