LEBœUF Louis, Gottfried

Né le 8 avril 1823 à Saint-Sauveur-les-Bray (Seine-et-Marne). Instituteur révoqué. Socialiste sous la Seconde République.

Fils de Lebœuf Louis-Philippe et de Condaminet Geneviève, Hélène, tous deux jardiniers, il passa son enfance à Saint-Sauveur-les-Bray avec ses parents et son frère cadet Jean-Isidore, puis il fut élève de l’École normale d’instituteurs de Melun et instituteur à partir de 1842.
Il épousa, le 22 mai 1843, à Cerneux (Seine-et-Marne), Mulot Onésime-Amélie, fut instituteur à Cerneux puis à Cessoy-en-Montois (Seine-et-Marne). Révoqué par le comité supérieur de l’enseignement le 18 juin 1849, pour avoir colporté des écrits socialistes, dénaturé des affiches relatives aux élections qu’il était chargé de placarder, étant secrétaire de mairie, et pour avoir fait de la propagande socialiste (il était abonné à La République). Le conseil municipal plaida sa cause disant qu’il défendait « la République qui est le gouvernement actuel », et demanda l’annulation de sa révocation. Lebœuf implora en vain le sous-préfet. Le conseil municipal refusa de recevoir le nouvel instituteur et obligea le maire à démissionner (3 août 1849).
Lebœuf se réfugia alors à Provins où il essaya d’ouvrir une école avec un autre instituteur, Prévost. Pour se débarrasser de lui, on l’envoya au régiment pour y terminer son engagement décennal. À son retour, il obtint le certificat nécessaire et ouvrit l’institution Lebœuf et Prévost, rue Sainte-Croix à Provins.
En 1851, il était signalé comme socialiste ardent, abonné au journal Le Proscrit, en relations avec tous les socialistes de Provins et l’un des cinq membres du Comité de résistance de la ville. Il possédait des écrits socialistes qu’il prêtait aux adultes qui fréquentaient son cours d’adultes, ouvert depuis octobre 1850. Il était en correspondance avec Joigneaux. Le maire le soutenait et même le curé de la paroisse de Sainte-Croix où il était chantre. Il fut condamné, avec son associé, le 14 janvier 1852, par le tribunal de Provins, à 16 fr d’amende pour avoir tenu une école d’adultes sans autorisation, et même un pensionnat.
Il devint alors agent de la compagnie d’assurances l’Union en résidence à Provins.
En 1852, on le dénonça comme profitant de ses déplacements professionnels pour continuer sa propagande politique. Le sous-préfet le disait « rangé », honnête père de famille (il avait alors trois enfants) et se portait garant de sa soumission. En 1861, il était libraire rue Grande-du-Val et avait quatre enfants. En 1870 il était de nouveau assureur.
Le 6 août 1870, candidat aux élections municipales, il recueillit 532 voix, chiffre inférieur à la majorité absolue. Au second tour, il ne fut pas élu. Le 30 avril 1871, il eut 494 voix et fut élu au second tour avec 532 voix.
En 1872, il demeurait rue de la Gare. Il faisait partie du groupe le plus avancé du conseil municipal et, en opposition avec la majorité, offrit sa démission en novembre 1873. Il resta au conseil à la prière du maire. Le 23 avril 1874, il démissionna définitivement avec trois autres conseillers pour protester contre la loi du 25 mars.
En 1876, il demeurait rue Victor-Garnier.
En 1877, il fut nommé commissaire de surveillance administrative des chemins de fer de l’Est et résida en cette qualité à Gretz (Seine-et-Marne), Bar-sur-Aube (Aube), Nogent-sur-Marne (Seine) puis à Paris. Retraité en 1887, il fut un temps secrétaire de mairie à Montesson (Seine-et-Oise).
Il se retira ensuite à Saint-Sauveur où il résidait rue du Moulin. Il fut élu conseiller municipal de ce village en novembre 1894, maire le 3 juillet 1895, par 7 voix sur 9 au premier tour, succédant au baron Hue qui avait démissionné à cause des « taquineries que le conseil veut faire au curé ». Il offrit sa démission de maire le 6 novembre 1895 et la donna définitivement le 28 novembre 1895 pour mésentente avec la majorité du conseil. Réélu conseiller municipal le 3 mai 1896, il démissionna de nouveau le 30 octobre 1897, car il pensait être en désaccord avec la majorité de ses électeurs. Il fut encore nommé conseiller municipal en 1904 et 1908. Il ne figure plus au recensement de 1911.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article33532, notice LEBœUF Louis, Gottfried , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 7 février 2018.

ŒUVRES : Les Récits champenois et briards. — La Botanique du grand-père. — Les Curiosités du règne végétal. — Guide dans Provins (1885). — Précis d’histoire de Seine-et-Marne (1886). — Biquette et Jean Leloup. — Jeanne de Navarre. — Le Noueur d’aiguillettes (Nouvelles historiques). — Monographie de Montesson. — Une visite au château de Ferrières. Et plusieurs articles très intéressants sur l’instruction publique et l’archéologie.

SOURCES : Arch. Dép. Seine-et-Marne, Notes Lhuillier ; série 5 M ; 6 M 155 (6), séries 10 M et 11 M. — Dictionnaire biographique de Seine-et-Marne, Paris, Jouve, 1893.

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