LÉCRIT Roger, Philippe. Pseudonyme à Moscou : DUROC Paul

Par René Lemarquis, Claude Pennetier

Né le 12 septembre 1909 à Paris (XVe arr.), mort le 25 avril 2001 à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne). ; plombier-couvreur ; secrétaire du rayon des Jeunesses communistes d’Ivry-Vitry (Seine, Val-de-Marne) ; membre du bureau régional de la Région parisienne et du comité central des JC ; élève à l’ELI en 1934-1935.

Roger Lécrit était le fils d’un menuisier qui, victime pendant la guerre d’une commotion cérébrale, était depuis 1927 interné à l’hôpital de Saint-Maurice (Seine) avec pension. Sa mère, couturière et femme de ménage, était morte en 1926. Roger Lécrit fut adopté par la Nation le 25 février 1925. Il fréquenta l’école primaire jusqu’au certificat d’études puis, pendant une année, une école professionnelle de mécanique. Il commença à travailler en 1922, âgé de treize ans et demi, et fut apprenti tourneur jusqu’en mars 1923 dans une usine du XVe arrt. puis, suite à des problèmes de santé, il travailla comme jardinier, en 1924-1926, dans plusieurs villes de la région parisienne. En octobre 1926, devenu compagnon plombier couvreur il fut employé comme manœuvre dans la maçonnerie, le pavage, le chauffage central. Il effectua son service militaire comme 2e classe, à Strasbourg (Bas-Rhin) au 3e Hussards en 1930-1931 (mitrailleur de cavalerie). Ayant repris son travail, il était au chômage en janvier 1934 et fut alors désigné pour se rendre à Moscou à l’ÉLI.

Roger Lécrit qui avait adhéré aux Jeunesses communistes en août 1929 expliquait dans un texte manuscrit de 1934 comment et pourquoi il y était entré. C’est au début de 1927 qu’il s’était mis à lire l’Humanité dont la page ouvrière l’intéressait et qu’il commença à participer à diverses manifestations. Mais, « ayant hérité des tendances anarcho-syndicalistes encore vivaces chez les ouvriers du bâtiment » il critiquait le PC lors des discussions avec ses adhérents : « Ce qui me choquait le plus, c’était les luttes intérieures du parti, le virage des éléments malsains qui s’ensuivait, et comme après chaque charrette suivait une autre charrette, j’en déduisais qu’on en finirait jamais... je ne comprenais pas non plus pourquoi l’on nous demandait d’aller aux manifestations avec seulement nos poings pour lutter contre des matraques. » Il adhéra d’abord en janvier 1929 au SRI dont il fut secrétaire de la section d’Ivry (Seine) et attendit qu’on lui demande d’adhérer aux JC tout en participant aux tâches pratiques (tracts, affiches...). Enthousiasmé par la campagne du 1er août où il joua un rôle d’agent de liaison entre les groupes de militants communistes il se décida enfin à demander son adhésion. Après une attente de quelques jours il dut « remplir un bulletin massue dans lequel on me demandait si je connaissais la musique » et fut enfin affecté à la cellule Voisin. Il militait avec les communistes d’Issy-les-Moulineaux (Seine) puis avec les JC d’Ivry dès novembre 1931 après une interruption pendant les trois derniers mois de son service militaire.

Roger Lécrit, qui avait été simple adhérent de 1929 à janvier 1933, devint à cette dernière date secrétaire du rayon des JC d’Ivry-Vitry jusqu’en mars où il fut nommé membre du secrétariat de la région Sud-Parisien. En août 1933 il était membre du bureau de cellule d’Ivry et du bureau régional. Outre les conférences de cette région des JC il participa à la conférence de la RP du PC en 1930 et à celle de la région Paris-Sud en 1933. En février 1934 il entrait au Comité central des JC. Il avait suivi en juin 1933 une école régionale de quinze jours. La Région Paris-Sud l’avait jugé « Bon », mais la commission des cadres demanda des explications sur les trois mois d’interruption de fin 1931 et il dut s’expliquer dans une nouvelle autobiographie en mai 1933 : il s’agissait alors, dit-il, d’une coupure des liaisons avec l’organisation alsacienne du parti qu’il jugeait assez sévèrement pour son imprudence dans l’envoi du courrier et les rendez-vous non assurés. Assez démoralisé il « s’abrutit » se contentant de « manger, boire et dormir ». Ayant repris contact à son retour, il se remit à militer. La commission des cadres fut satisfaite, jugeant qu’il « avait fait une bonne impression quand nous l’avons interrogé au congrès des JC ». C’est d’ailleurs « en plein congrès qu’[il] fut obligé de faire » une nouvelle biographie les 4-5 février 1934 avant son départ pour l’ÉLI. Il arriva à Moscou le 17 mars 1934 et son inscription à l’ÉLI sous le nom de Paul Duroc. Une note du 25 mars 1935 d’une commission de l’IC demandait de préparer son départ pour la France qui devait avoir lieu au début du mois de mai.

À son retour Roger Lécrit reprit sa place à la direction des JC puisque, après une lettre de Raymond Guyot à la direction des JS, il fut désigné pour faire partie de la délégation de la JC chargée de mener des pourparlers unitaires entre les deux organisations. Cette délégation comprenait : Roger Lécrit, Léonce Granjon, Victor Michaut, Maurice Ancelle, Jean Chaumeil et Danielle Casanova. André Marty le critiqua dans un rapport remis au Bureau politique le 28 mai 1936 : « En ce qui concerne les jeunesses, il me semble que la direction actuelle est excellente, mais on ne peut dire autant des deux membres du CC de la JC (Lecrit et Tollet (voir André Tollet) dont l’action doit être sérieusement étudiée, en particulier durant toute la campagne électorale ils restèrent absolument en dehors du Parti et Lécrit émit même l’opinion au comité de rayon, lorsque nous avons réussi à le convoquer, que la Jeunesse est entièrement indépendante du PC. »

On ignore son activité politique après cette date.
Il se maria le 3 décembre 1938 à Paris (XVe arr.) avec Lucienne Gauch.
Un Paul Lécrit, qui habitait à Issy-les-Moulineaux, fut volontaire en Espagne républicaine où il fut tué le 25 septembre 1938. Y a-t-il parenté ?

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50071, notice LÉCRIT Roger, Philippe. Pseudonyme à Moscou : DUROC Paul par René Lemarquis, Claude Pennetier, version mise en ligne le 3 mai 2009, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par René Lemarquis, Claude Pennetier

SOURCES : RGASPI : 495.270.1022, autobiographie du 15 mai 1933, questionnaire de mars 1934 ; 517 1 1767. — Jacques Varin, Jeunes comme JC, Paris, Éditions sociales, 1975, p. 234. — État civil de Paris (XVe arr.).

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