MILPIED Maurice

Par Jean Guiffan, François Prigent, Yannick Drouet, Bernard Geay

Né le 19 octobre 1932 à Coësmes (Ille-et-Vilaine) ; ouvrier chaudronnier puis dessinateur industriel chez Dubigeon ; responsable départemental de la CFTC métallurgie puis responsable de l’UD-CFDT de Loire-Atlantique ; militant UGS ; dirigeant fédéral du PSU (1960-1963 et 1965-1967), secrétaire fédéral adjoint (1967-1970) puis secrétaire fédéral du PSU (1970-1974), membre de la CPN du PSU (1965-1969), dirigeant fédéral du PS de Loire-Atlantique (1975-1988) ; conseiller municipal PS de Nantes (Loire-Atlantique) (1977-1983).

Maurice Milpied
Maurice Milpied

Né à Coësmes, petite commune située à l’extrême sud du département de l’Ille-et-Vilaine, Maurice Milpied était le second enfant de Maurice Milpied et de Renée Moussu. Son père travaillait comme employé en comptabilité à Coësmes, site rattaché aux Ardoisières de Trélazé, et sa mère, sténo-dactylographe de formation, était alors femme au foyer. Tous les deux étaient issus d’un milieu populaire : une famille de petits agriculteurs de Varades en Loire-Atlantique pour Maurice Milpied père, une famille ouvrière angevine pour Renée Moussu.

Elevé dans ce foyer très catholique, Maurice Milpied fut scolarisé en école privée à Saumur (Maine-et-Loire), où ses parents étaient arrivés juste avant la guerre. À partir de 1943, date du décès de sa mère, il changea souvent d’école et termina son enseignement primaire à Offranville (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) où son père était devenu adjoint d’économat dans une école professionnelle. Après l’obtention de son certificat d’études primaires en 1946, Maurice Milpied passa trois années à l’école professionnelle, où il fit son apprentissage de chaudronnier et obtint le CAP.

En septembre 1949, Maurice Milpied entra dans la vie active comme ouvrier chaudronnier dans la construction navale, aux Chantiers de Bretagne à Nantes. Il y milita immédiatement, tout d’abord en adhérant à la section d’entreprise de la JOC puis, dans la foulée, en se syndiquant à la CFTC. Il devint rapidement délégué du personnel suppléant. Maurice Milpied découvrit alors ce qu’était le monde ouvrier et se forma au combat syndical, dans une entreprise où la CFTC devait faire sa place face à la CGT majoritaire.

En 1956, des problèmes de santé obligèrent Maurice Milpied à une reconversion professionnelle. Il quitta les Chantiers de Bretagne et entra au chantier naval Dubigeon comme dessinateur industriel. Le fait de se retrouver dans les bureaux ne remit pas en cause son engagement syndical, d’autant plus qu’à Dubigeon, la CFTC, dirigée par Marcel Guihéneuf, était majoritaire. Maurice Milpied fut ainsi élu délégué du personnel et membre du comité d’entreprise.

Mais l’action syndicale lui paraissant trop limitative, Maurice Milpied considérait nécessaire un autre type d’engagement, correspondant à sa volonté de transformer la société. Contacté par des militants issus de la même mouvance chrétienne, il adhéra en juillet 1958 à l’Union des Forces Démocratiques, tout juste constituée. L’UFD marquait la tentative d’un regroupement de la gauche non communiste et anti-gaulliste. Une liste, menée par le radical mendésiste Henri Forget, fut ainsi présentée en 1959 aux municipales de Nantes et obtint 3 088 voix mais n’eut aucun élu. On retrouvait à l’UFD des membres de l’UGS (Union de la Gauche socialiste), des minoritaires de la SFIO qui allaient créer le PSA (Parti socialiste autonome), des radicaux mendésistes, des syndicalistes et des intellectuels. Cette tentative échoua et déboucha sur la naissance du PSU, deux ans plus tard.

Dans la continuité de l’UFD, Maurice Milpied rejoignit donc le PSU dès sa création, en avril 1960. Ce nouveau parti, promoteur d’un socialisme démocratique, répondait à ses espoirs de changement politique et social et il y prit des responsabilités importantes. Adhérent de la section de Nantes, Maurice Milpied devint membre du bureau fédéral de la fédération de Loire-Atlantique, avant d’être élu au Comité politique national au congrès de Gennevilliers en juin 1965, mandat qu’il occupa jusqu’en mars 1969.

Dans les instances nationales du PSU, Maurice Milpied appartint au courant rocardien, se positionnant notamment, en 1967, contre l’association avec la FGDS de François Mitterrand. Il s’investît également beaucoup dans la commission « entreprises » du Comité politique national, jugeant prioritaires le militantisme au plus près des réalités du travail, l’action à la base.

Au niveau départemental, le nazairien Jean Aubry étant secrétaire fédéral du PSU de Loire-Atlantique, Maurice Milpied devint secrétaire fédéral adjoint à partir de juin 1967. En 1970, les fonctions furent inversées et Maurice Milpied fut secrétaire fédéral en titre jusqu’en 1974. La Loire-Atlantique était alors un bastion du PSU à l’échelle nationale, comptant environ 300 adhérents entre 1967 et 1974 et jusqu’à 350 adhérents en 1969, dans la foulée de mai 68.

Très rocardienne depuis le départ des poperenistes en 1967, comptant beaucoup de militants ouvriers d’origine chrétienne, la fédération de Loire-Atlantique apporta un soutien important aux luttes sociales, notamment celles des Paysans Travailleurs. Cette forte activité militante permit au PSU d’obtenir des résultats électoraux relativement bons en Loire-Atlantique, comme par exemple aux élections présidentielles de 1969, où Michel Rocard, avec 5,13% des suffrages exprimés, fit son meilleur score de l’hexagone et devança Gaston Defferre (4,48%).

De même, Maurice Milpied obtint des résultats tout à fait honorables lorsqu’il se présenta devant les électeurs du département comme candidat du PSU. Aux élections législatives de mars 1967, dans la première circonscription de Loire-Atlantique, il obtint 2 687 voix soit 4,2% des suffrages exprimés, avec comme suppléant Jean-Noël Barreau (professeur agrégé). Score qu’il améliora quinze mois plus tard, réunissant 3 895 voix soit 6,1% des suffrages exprimés aux législatives de juiné 1968, avec comme suppléante Maryvonne Ricot (étudiante). Et en mars 1970, avec 1 667 voix, il atteignit presque les 9% des suffrages exprimés lors des élections cantonales dans le deuxième canton de Nantes. En 1973, il fut de nouveau candidat aux cantonales et obtint 4,1 % des voix. La même année, il se présenta également aux législatives dans la 2° circonscription de Nantes, obtenant 4,16% des voix (à comparer aux 8,1% pour Jean Sallois, candidat du PSU en 1968).

Parallèlement, Maurice Milpied poursuivit son engagement syndical dans son entreprise, à la CFTC puis, à partir de 1964, à la CFDT. Toujours délégué du personnel, secrétaire adjoint de la section CFDT de Dubigeon, il siégea au conseil de l’Union départementale CFDT, au titre du syndicat des Mensuels de la métallurgie nantaise. Il s’impliqua fortement dans la lutte pour le maintien des emplois dans la construction navale, participant notamment, aux côtés de Marcel Guihéneuf, à la longue grève de l’automne 1977 chez Dubigeon-Normandie.

Secrétaire fédéral du PSU, Maurice Milpied mena les négociations pour l’intégration du PSU dans le PS, lors des Assises du socialisme en 1974, en compagnie de Daniel Mathieu, Claude Evin, André Coutant. Ce ralliement se faisait au nom du réalisme politique. Comme il le précisa lui-même à l’époque « l’agitation, la lutte pour la lutte n’ont plus guère de sens dans la mesure où l’on doit proposer des solutions tant sur la prise du pouvoir d’état que sur la société que l’on désire bâtir et sur la pratique militante ». Avec l’arrivée de 270 militants du PSU plus ceux de la troisième composante (des syndicalistes et des militants d’associations familiales ou socio-culturelles), le Parti Socialiste devenait alors la première force politique de Loire-Atlantique avec plus de 2000 adhérents. Son assise militante et sociologique n’en était pas moins bouleversée.

Maurice Milpied conserva au Parti Socialiste la même fibre militante qui l’avait animé au PSU. Tout comme François Autain (maire PSU de Bouguenais dès 1971), il se situa dans le courant CERES en 1975. Adhérent de la section Nantes-Ouest, membre du bureau fédéral du PS de Loire-Atlantique dès janvier 1975, il prit en charge la commission fédérale « entreprises », réactiva avec Georges Berthier les groupes socialistes d’entreprise dans le département et devint en 1981 secrétaire fédéral aux relations avec les élus.

Maurice Milpied put surtout s’impliquer directement dans la vie de la cité en siégeant au conseil municipal à la suite de la victoire de la liste d’Union de la Gauche dirigée par le socialiste Alain Chenard en mars 1977. Conseiller municipal subdélégué pendant 6 ans, il s’occupa de la démocratie locale du secteur Nord de Nantes et représenta le maire à l’Office des Centres Sociaux, y assurant la fonction de trésorier. Il devint également, en 1978, président du SNAECSO, Syndicat National des Associations Employeurs de personnel au service des Centres Sociaux et Socioculturels. Ces différentes charges mettaient encore en évidence la volonté de Maurice Milpied d’ancrer son action dans la réalité sociale, de s’investir dans les quartiers, au plus près des populations.

En 1979, Maurice Milpied était le candidat du PS dans le canton de Nantes 5 mais il fut devancé de cinq voix au premier tour par le communiste Michel Moreau, adjoint au maire de Nantes, qui fut élu conseiller général. Quand s’achevèrent ses responsabilités municipales en 1983 (après la défaite de la gauche nantaise), il prit en charge le secrétariat fédéral à la vie associative, nouvellement créé et qui avait pour tâche de rapprocher les militants socialistes du secteur associatif. En 1986, il fut candidat en 16° position sur la liste PS aux élections régionale, conduite par Charles Gautier et qui obtint 12 élus. Il mit fin à son mandat fédéral en 1990, date de sa « retraite » politique, qui précéda de 2 ans sa retraite professionnelle.

Marié depuis 1953 avec Monique Jégou née en 1933, père de quatre enfants, Maurice Milpied vit à Nantes. Toujours adhérent au Parti Socialiste, il reste très actif, gardant des responsabilités importantes au sein du SNAECSO et étant très impliqué dans la Maison des Hommes et des Techniques de Nantes, association dont il a été le président en 2001 et 2002.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50223, notice MILPIED Maurice par Jean Guiffan, François Prigent, Yannick Drouet, Bernard Geay, version mise en ligne le 13 mai 2009, dernière modification le 19 septembre 2017.

Par Jean Guiffan, François Prigent, Yannick Drouet, Bernard Geay

Maurice Milpied
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SOURCES : Arch. Dép. Loire-Atlantique. – Arch. du CHT de Nantes. – Arch. Fédérales du PS de Loire-Atlantique – Ouest-France. — Articles de Jean Guiffan et François Prigent, in Tudi Kernalegenn, François Prigent, Gilles Richard, Jacqueline Sainclivier (dir.), Le PSU vu d’en bas. Réseaux sociaux, mouvement politique, laboratoire d’idées (années 50 - années 80) Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2009. – Notice biographique de Yannick Drouet (déposée au CHT de Nantes). – Entretiens avec Maurice Milpied, Claude Seyse, Alain Chenard, François Autain, Claude Evin et Charles Gautier.

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